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09/12/2014

Le Président, le chien et le grand argentier

 

 

Ces derniers jours, j’ai lu qu’on avait constaté que notre Président vivait sans chien à l’Elysée. Bizarre. On ajoutait qu’un chien l’humaniserait peut-être... Tous ses prédécesseurs en ont eu un, voire deux : Mitterrand, Giscard, Chirac, Sarkozy...Pourquoi pas lui ? Cette question, qui peut paraître saugrenue, ne l’est pas tant que ça. Je m’explique. La compagnie d’un chien vous donne à réfléchir : il faut chaque jour s’en occuper : le nourrir,  le sortir, le soigner, le caresser de temps en temps, lui parler, parfois l’interpeller quand on est face à une épineuse question même si l’on sait qu’il ne sera pour nous d’aucun secours... C’est justement ce qu’attendent des milliers de Français, notamment ceux qui mangent aux Restos du cœur : être nourris — ou avoir un travail pour manger, sortir et prendre l’air loin du marasme ambiant, se sentir épaulés, écoutés, soignés dans de bonnes conditions. Ils sont même prêts à être sollicités sur des sujets économiques, sociaux ou culturels, même s’ils savent qu’on ne tiendra pas compte de leurs réponses. Au moins, avec un chien, le Président pourra-t-il rétablir le lien perdu avec le peuple. Je suggère donc qu’on lui offre à Noël un canin. Mais pas un qui dévore les meubles de l’Elysée, ni un qui morde le premier patron venu, non : un chien savant, économiste qui, sans en avoir l’air, inspire enfin François Hollande...

 

                              Yves CARCHON

 

 

    

13:48 Publié dans numéro 13 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : chien, elysée, marasme, noël

05/12/2014

Bruissements (44)

 

 

 

UMP : ce ne fut pas un raz-de-marée – comme en 2004 -, mais une large victoire tout de même. Avec 64,5% des suffrages exprimés par les adhérents votants, Nicolas Sarkozy a été (ré)élu à la tête de l’UMP, samedi 29 novembre. Il devance de beaucoup Bruno Lemaire (29,18%) et surtout Hervé Mariton (6,32%). Comme on se méfie, depuis l’épisode Copé, des magouilles à l’UMP, les votes étaient entièrement informatisés. Ce qui devait entrainer un bug le jour même du scrutin. Sarkozy revient ainsi à un poste de premier plan dans la vie politique française et se prépare à des primaires incontournables en 2016.  Reste à savoir ce qu’il va faire pour rassembler autour de lui ceux qui ont de bonnes raisons de le rejeter. Va-t’il, d’autre part, changer le nom même de son parti, comme il l’envisageait avant son élection? De toutes les manières, nous savons depuis longtemps que c’est encore la meilleure façon pour que rien ne change vraiment. De la poudre aux yeux, on vous dit…

Florange : Hollande et Florange, c’est maintenant une vieille histoire mais pas vraiment une histoire d’amour. Lundi 24 novembre, le président a pu mesurer sa côte d’impopularité sur l’ex-site métallurgique mosellan. Un rassemblement de la CGT l’attendait pour le huer et il a dû ainsi passer par la porte de derrière. Les cégétistes n’étaient pas les seuls à voir d’un mauvais œil la venue du chef de l’état. Une partie des salariés d’Ecomouve  - merci madame Royal - et quelques paysans du coin étaient également de cette contre-fête, lui rappelant, eux aussi, des engagements non tenus. En contre partie, Hollande  a fait valoir qu’il avait évité le licenciement des 632 employés d’Arcelor-Mittal et que la ré-industrialisation de la Lorraine était en bonne voie, avec notamment la création d’une plate-forme publique de recherche à Uckange (commune, néanmoins, gagnée par le FN en mars dernier). Le satisfecit présidentiel a trouvé, comme on s’en doute, un fidèle relais avec Edouard Martin,  l’ex-syndicaliste CFDT devenu depuis député PS européen. En voilà au moins un pour qui le changement aura été profitable.

Pape : pendant ce temps-là, le pape François exhortait à Strasbourg les représentants du parlement européen à retrouver les valeurs humanistes de son histoire, ne fut-ce que pour secouer un peu le joug actuel de l’économie. Le scandale des immigrés africains venant mourir en masse aux portes de l’Europe était, bien sûr, dans sa ligne de mire. Un discours certes généreux mais qui ne tranche guère avec ceux de ses immédiats prédécesseurs sur ces questions. S’il y a une différence avec eux, elle est plutôt à chercher dans le champ de l’éthique sexuelle. Encore faut-il que les prélats de la curie romaine lui permettent d’aller jusqu’au bout de ses réformes morales. Car, au Vatican, on n’aime guère le changement.

 

Patrons : s’il y a une manifestation qui reflète bien l’air du temps, c’était celle des patrons de PME devant Bercy, lundi 1er décembre. Plusieurs centaines d’entre eux étaient venus clamer leur ras-le-bol d’une fiscalité jugée écrasante, réclamant davantage d’assouplissements au ministre de l’économie. On croit rêver. Car jamais, même sous des gouvernements de droite, l’état n’a jamais été aussi favorable aux entreprises. Jamais le discours du MEDEF n’a été aussi médiatisé. Jamais l’opinion publique n’a été aussi remodelée en vue d’accepter toutes les exigences patronales. Mais comme, dans tous les secteurs où l’on commence à lâcher du lest, ce n’est bien sûr jamais assez. D’où ce genre de mascarade. Car, évidemment, c’est pour leurs employés que les patrons travaillent, c’est à eux qu’ils pensent en premier à la fin du mois. Dans ces conditions, ceux-ci n’ont plus qu’à fermer leurs gueules et à se laisser bien sagement guider : quand on a la chance d’avoir du travail… On songe aux Charlots et à leur réjouissant « Merci patron ». Progressivement, la société française change son fusil d’épaule, épouse une autre vision de l’histoire.  

Grenoble : où, ailleurs qu’à Grenoble, l’écologie a-t’elle un meilleur laboratoire en France ? La dernière mesure en date d’Eric Piolle, son maire, a soulevé pas mal d’interrogations. Pensez donc : remplacer tout simplement les panneaux publicitaires par des arbres. Au total ce sont ainsi 2051 mètres 2 d’affichage qui vont être libérés pour cette expérience inédite dans notre hexagone. Une initiative aussi salutaire que poétique dans le contexte social actuel mais qui fait jaser ses détracteurs. Selon eux, c’est de 600 000 euros de redevance annuelle dont se priverait ainsi la municipalité grenobloise. Faux, rétorquent les élus, car la publicité urbaine, concurrencée par Internet,  ne rapporterait plus que 150 000 euros par an. Une somme, tout de même, qu’il faudra bien compenser par d’autres voies. Jean-Claude Decaux peut quand même se consoler : ses abribus seront épargnés. Pour le moment…

USA : alors que l’affaire Michael Brown continue à embraser Ferguson, - surtout après le non-lieu rendu par la justice à l’encontre du policier blanc qui avait abattu le jeune homme -, une autre « bavure » endeuillait l’Amérique multi-raciale le 22 novembre dernier. Elle est peut-être encore plus grave car, cette fois-ci, c’est un garçon de 12 ans qui a été tué dans une aire de jeux par un « cop » un peu trop zélé de Cleveland (Missouri). Un gamin, lui aussi afro-américain, dont le crime fut de pointer son pistolet à billes vers les passants. Un gamin dont l’erreur fut surtout de continuer à jouer et ne pas lever les mains face aux deux  flics qui le lui ordonnaient. On reste effaré devant un tel acte – d’autant que les policiers savaient que l’arme de l’enfant était probablement factice. Au-delà des présupposés racistes, la faute est bien dans la culture des armes et de l’auto-défense qui colle à la mentalité américaine. Et qui fait de chacun un agresseur – ou une victime – en puissance.

 

                              Erik PANIZZA

28/11/2014

Le blues du militant

                    

 A quoi servent les militants ? On peut sincèrement se poser la question quand on voit la déliquescence de la vie politique française. Que d’idéaux déçus, trompés, bafoués ! Que de bonnes volontés ignorées ou bafouées ! Et pourtant, c’est peu dire que les partis ont besoin de cette base humaine sans laquelle leur organisation pyramidale s’effondrerait. Ils ont besoin de tous ces gens qui leur apportent de l’argent, des idées et une force bénévole de travail extrêmement appréciable pour faire tourner les rouages de la machine. Ils ont besoin d’eux pour justifier les subventions que l’état leur verse en proportion de leur importance – quitte à grossir le nombre des adhérents véritables. Mais les militants, qu’en retirent-ils en retour ? Pas grand-chose, assurément, même si le service et la fréquentation d’un « chef » peuvent valoriser des anonymes eux-mêmes en quête de reconnaissance. Fréquentation souvent trouble, où la foi en une cause est occultée par la fascination pour une figure charismatique qui prétend l’incarner à l’exclusion des autres ; où l’intérêt personnel n’est pas exclu, non plus.  

Il y a plus : le privilège fondamental de l’adhérent, à savoir le droit d’élire les cadres de son parti, n’est même plus garanti dans le contexte actuel. C’est ainsi que le PS a successivement « nommé » à sa tête Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. Quel mépris pour tous ceux qui en sont la cheville ouvrière ! Quelle confusion des pouvoirs entre l’exécutif et le parti ! Et, de toute évidence, ce n’est pas mieux à droite. Que l’on se remémore les décomptes de voix bidouillés qui permirent à Jean-François Copé de s’emparer de la présidence de l’UMP en novembre 2012. Ou un Nicolas Sarkozy faisant l’aumône auprès de ses admirateurs pour régler l’amende de 400 000 euros infligée – à titre personnel - par la Commission Nationale des Comptes pour le dépassement de ses frais de campagne.    

Dans ces conditions, comment s’étonner de l’hémorragie qui touche ces deux grands partis ? A Paris, les sections locales du PS ont enregistré, ces derniers mois, une chute de 15%. A Marseille, les défections atteignent les 50% - soit 2000 adhérents en moins sur les 4000 que comptait jusqu’ici la fédération des Bouches du Rhône. Du côté de l’UMP, ce sont seulement 84 000 adhérents qui ont renouvelé leur carte en 2013- alors que ce parti en dénombrait 280 000 un an auparavant. Certes, il faut compter avec les relances et la perspective, en cette fin d’année, de deux évènements politiques majeurs (l’élection d’un nouveau président pour l’UMP  et l’organisation d’états-généraux pour le PS). Mais il n’en reste pas moins que le malaise semble s’être  installé durablement chez les militants. Au temps léger de l’enthousiasme a succédé le temps sombre du doute et de l’interrogation. Monsieur est militant ? Comment peut-on être militant ?

 

 

               Bruno DA CAPO