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28/11/2014

Le blues du militant

                    

 A quoi servent les militants ? On peut sincèrement se poser la question quand on voit la déliquescence de la vie politique française. Que d’idéaux déçus, trompés, bafoués ! Que de bonnes volontés ignorées ou bafouées ! Et pourtant, c’est peu dire que les partis ont besoin de cette base humaine sans laquelle leur organisation pyramidale s’effondrerait. Ils ont besoin de tous ces gens qui leur apportent de l’argent, des idées et une force bénévole de travail extrêmement appréciable pour faire tourner les rouages de la machine. Ils ont besoin d’eux pour justifier les subventions que l’état leur verse en proportion de leur importance – quitte à grossir le nombre des adhérents véritables. Mais les militants, qu’en retirent-ils en retour ? Pas grand-chose, assurément, même si le service et la fréquentation d’un « chef » peuvent valoriser des anonymes eux-mêmes en quête de reconnaissance. Fréquentation souvent trouble, où la foi en une cause est occultée par la fascination pour une figure charismatique qui prétend l’incarner à l’exclusion des autres ; où l’intérêt personnel n’est pas exclu, non plus.  

Il y a plus : le privilège fondamental de l’adhérent, à savoir le droit d’élire les cadres de son parti, n’est même plus garanti dans le contexte actuel. C’est ainsi que le PS a successivement « nommé » à sa tête Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. Quel mépris pour tous ceux qui en sont la cheville ouvrière ! Quelle confusion des pouvoirs entre l’exécutif et le parti ! Et, de toute évidence, ce n’est pas mieux à droite. Que l’on se remémore les décomptes de voix bidouillés qui permirent à Jean-François Copé de s’emparer de la présidence de l’UMP en novembre 2012. Ou un Nicolas Sarkozy faisant l’aumône auprès de ses admirateurs pour régler l’amende de 400 000 euros infligée – à titre personnel - par la Commission Nationale des Comptes pour le dépassement de ses frais de campagne.    

Dans ces conditions, comment s’étonner de l’hémorragie qui touche ces deux grands partis ? A Paris, les sections locales du PS ont enregistré, ces derniers mois, une chute de 15%. A Marseille, les défections atteignent les 50% - soit 2000 adhérents en moins sur les 4000 que comptait jusqu’ici la fédération des Bouches du Rhône. Du côté de l’UMP, ce sont seulement 84 000 adhérents qui ont renouvelé leur carte en 2013- alors que ce parti en dénombrait 280 000 un an auparavant. Certes, il faut compter avec les relances et la perspective, en cette fin d’année, de deux évènements politiques majeurs (l’élection d’un nouveau président pour l’UMP  et l’organisation d’états-généraux pour le PS). Mais il n’en reste pas moins que le malaise semble s’être  installé durablement chez les militants. Au temps léger de l’enthousiasme a succédé le temps sombre du doute et de l’interrogation. Monsieur est militant ? Comment peut-on être militant ?

 

 

               Bruno DA CAPO

06/06/2011

La Porte du Soleil



Quelque chose se profile sur la grande place de la Puerta del Sol à Madrid. Un mouvement embryonnaire né d’un ras-le-bol social. Des groupes d’hommes et de femmes, jeunes pour la plupart, semblent redécouvrir les saines vertus de l’agora antique. Ce sont, pour la plupart, des citoyens et citoyennes victimes de la crise espagnole qui manifestent et interpellent le pouvoir politique en soulevant le voile sur la réalité sociale de leurs pays. Ils ne sont pas organisés, se rassemblent chaque jour, ne sont d’aucun parti, ni d’aucune obédience. Ils mettent en forme pour ainsi dire le pourquoi du malaise qui les ronge. On peut gager, comme au bon temps des Etats Généraux, qu’ils ouvriront bientôt ce qu’à l’époque on appela : cahiers de doléances. On peut penser aussi que ce malaise qui les pousse à agir n’est pas uniquement social. C’est le rapport entre pouvoir et citoyens qui pose problème. Cet exercice direct de la démocratie est à mon sens le meilleur. Nous ferions bien de nous en inspirer. Il y a deux jours, une affichette sur les murs toulousains, signée les Indignés, nous invitait à investir la place du Capitole à dix-neuf heures. Depuis, des rassemblements d’Indignés ont lieu à Paris, à Lisbonne, à Barcelone et à Athènes. Ce qui est sûr, en Espagne comme ailleurs, c’est que la représentation démocratique est mise en cause et que les peuples ne se reconnaissent plus dans les élites qui les dirigent. L’Europe et tous ses dirigeants, même s’ils sont élus, semblent coupés de la base. Mais l’Europe a bon dos. C’est bien dans notre pratique démocratique qu’il faut revoir les choses au risque de faire le lit des populismes qui gagnent du terrain. « Il faut vivre indigné » clamait Emile Zola. Stephan Essel et son petit ouvrage a repris la formule. Il semblerait qu’ils aient fait des petits. Tant mieux ! Comme on chantait dans Hair jadis : « Laissons, laissons/Entrer le soleil ! », la Porte du Soleil paraît toute indiquée pour lancer ce programme !

                                 

                                               Yves CARCHON