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05/12/2014

Bruissements (44)

 

 

 

UMP : ce ne fut pas un raz-de-marée – comme en 2004 -, mais une large victoire tout de même. Avec 64,5% des suffrages exprimés par les adhérents votants, Nicolas Sarkozy a été (ré)élu à la tête de l’UMP, samedi 29 novembre. Il devance de beaucoup Bruno Lemaire (29,18%) et surtout Hervé Mariton (6,32%). Comme on se méfie, depuis l’épisode Copé, des magouilles à l’UMP, les votes étaient entièrement informatisés. Ce qui devait entrainer un bug le jour même du scrutin. Sarkozy revient ainsi à un poste de premier plan dans la vie politique française et se prépare à des primaires incontournables en 2016.  Reste à savoir ce qu’il va faire pour rassembler autour de lui ceux qui ont de bonnes raisons de le rejeter. Va-t’il, d’autre part, changer le nom même de son parti, comme il l’envisageait avant son élection? De toutes les manières, nous savons depuis longtemps que c’est encore la meilleure façon pour que rien ne change vraiment. De la poudre aux yeux, on vous dit…

Florange : Hollande et Florange, c’est maintenant une vieille histoire mais pas vraiment une histoire d’amour. Lundi 24 novembre, le président a pu mesurer sa côte d’impopularité sur l’ex-site métallurgique mosellan. Un rassemblement de la CGT l’attendait pour le huer et il a dû ainsi passer par la porte de derrière. Les cégétistes n’étaient pas les seuls à voir d’un mauvais œil la venue du chef de l’état. Une partie des salariés d’Ecomouve  - merci madame Royal - et quelques paysans du coin étaient également de cette contre-fête, lui rappelant, eux aussi, des engagements non tenus. En contre partie, Hollande  a fait valoir qu’il avait évité le licenciement des 632 employés d’Arcelor-Mittal et que la ré-industrialisation de la Lorraine était en bonne voie, avec notamment la création d’une plate-forme publique de recherche à Uckange (commune, néanmoins, gagnée par le FN en mars dernier). Le satisfecit présidentiel a trouvé, comme on s’en doute, un fidèle relais avec Edouard Martin,  l’ex-syndicaliste CFDT devenu depuis député PS européen. En voilà au moins un pour qui le changement aura été profitable.

Pape : pendant ce temps-là, le pape François exhortait à Strasbourg les représentants du parlement européen à retrouver les valeurs humanistes de son histoire, ne fut-ce que pour secouer un peu le joug actuel de l’économie. Le scandale des immigrés africains venant mourir en masse aux portes de l’Europe était, bien sûr, dans sa ligne de mire. Un discours certes généreux mais qui ne tranche guère avec ceux de ses immédiats prédécesseurs sur ces questions. S’il y a une différence avec eux, elle est plutôt à chercher dans le champ de l’éthique sexuelle. Encore faut-il que les prélats de la curie romaine lui permettent d’aller jusqu’au bout de ses réformes morales. Car, au Vatican, on n’aime guère le changement.

 

Patrons : s’il y a une manifestation qui reflète bien l’air du temps, c’était celle des patrons de PME devant Bercy, lundi 1er décembre. Plusieurs centaines d’entre eux étaient venus clamer leur ras-le-bol d’une fiscalité jugée écrasante, réclamant davantage d’assouplissements au ministre de l’économie. On croit rêver. Car jamais, même sous des gouvernements de droite, l’état n’a jamais été aussi favorable aux entreprises. Jamais le discours du MEDEF n’a été aussi médiatisé. Jamais l’opinion publique n’a été aussi remodelée en vue d’accepter toutes les exigences patronales. Mais comme, dans tous les secteurs où l’on commence à lâcher du lest, ce n’est bien sûr jamais assez. D’où ce genre de mascarade. Car, évidemment, c’est pour leurs employés que les patrons travaillent, c’est à eux qu’ils pensent en premier à la fin du mois. Dans ces conditions, ceux-ci n’ont plus qu’à fermer leurs gueules et à se laisser bien sagement guider : quand on a la chance d’avoir du travail… On songe aux Charlots et à leur réjouissant « Merci patron ». Progressivement, la société française change son fusil d’épaule, épouse une autre vision de l’histoire.  

Grenoble : où, ailleurs qu’à Grenoble, l’écologie a-t’elle un meilleur laboratoire en France ? La dernière mesure en date d’Eric Piolle, son maire, a soulevé pas mal d’interrogations. Pensez donc : remplacer tout simplement les panneaux publicitaires par des arbres. Au total ce sont ainsi 2051 mètres 2 d’affichage qui vont être libérés pour cette expérience inédite dans notre hexagone. Une initiative aussi salutaire que poétique dans le contexte social actuel mais qui fait jaser ses détracteurs. Selon eux, c’est de 600 000 euros de redevance annuelle dont se priverait ainsi la municipalité grenobloise. Faux, rétorquent les élus, car la publicité urbaine, concurrencée par Internet,  ne rapporterait plus que 150 000 euros par an. Une somme, tout de même, qu’il faudra bien compenser par d’autres voies. Jean-Claude Decaux peut quand même se consoler : ses abribus seront épargnés. Pour le moment…

USA : alors que l’affaire Michael Brown continue à embraser Ferguson, - surtout après le non-lieu rendu par la justice à l’encontre du policier blanc qui avait abattu le jeune homme -, une autre « bavure » endeuillait l’Amérique multi-raciale le 22 novembre dernier. Elle est peut-être encore plus grave car, cette fois-ci, c’est un garçon de 12 ans qui a été tué dans une aire de jeux par un « cop » un peu trop zélé de Cleveland (Missouri). Un gamin, lui aussi afro-américain, dont le crime fut de pointer son pistolet à billes vers les passants. Un gamin dont l’erreur fut surtout de continuer à jouer et ne pas lever les mains face aux deux  flics qui le lui ordonnaient. On reste effaré devant un tel acte – d’autant que les policiers savaient que l’arme de l’enfant était probablement factice. Au-delà des présupposés racistes, la faute est bien dans la culture des armes et de l’auto-défense qui colle à la mentalité américaine. Et qui fait de chacun un agresseur – ou une victime – en puissance.

 

                              Erik PANIZZA

27/12/2013

Itinéraire d’un syndicaliste gâté

 

              

 

 

 Son nom sonne comme une marque d’appareils électro-ménagers. C’est pourtant dans les aciéries qu’il a fait la première partie de sa carrière. Assurément Edouard Martin, 50 ans,  a une gueule – et même une belle gueule. C’est aussi un fort en gueule, comme il l’a prouvé maintes fois devant les caméras de télévision (qui aiment bien son image). La combinaison de ces deux caractéristiques lui a valu de devenir le porte-parole officiel des métallos de Florange, subsumant sous son syndicat – la CFDT – la voix de tous les autres. Au fil des ans, on l’a vu sur (presque) tous les plateaux de télé, répétant son sempiternel discours de protestation, tellement prévisible qu’il en devenait agaçant. Oui, ce type-là en voulait, on le sentait bien. Et plus d’un a parié qu’il ne resterait pas toute sa vie métallo. En tant que prolongement – ou perversion – de l’activité syndicaliste, la politique devait forcément le tenter, surtout sur son aile gauche. Mais nul ne pensait alors qu’il cèderait si vite aux sirènes du PS,  lui qui l’avait pourtant vertement critiqué lors de la liquidation des hauts fourneaux de Florange. C’est donc sous les couleurs du parti présidentiel qu’Edouard Martin va, dans quelques mois, faire ses premières armes face aux électeurs français.  Pas pour briguer un poste de conseiller municipal mais directement dans la cour des grands, en tant que tête de liste pour la députation européenne. Dans sa circonscription du Grand Est, il aura face à lui deux poids lourds de l’opposition, l’UMP Nadine Morano et le FN Florian Philippot. Gageons qu’avec de tels adversaires, sa candidature risque de nous valoir quelques réparties bien vachardes, voire de franches engueulades. Peu importe, au demeurant. Car ce qui nous interroge présentement, c’est ce cheminement, de plus en plus fréquent, des représentants de la société civile vers la politique. C’est aussi le problème de la notoriété acquise çà et là et de ses répercussions dans cette société ; l’un de ses privilèges – ou de ses injustices – étant de permettre aux heureux élus de brûler allègrement les étapes dans la course au pouvoir. Oui, la lutte des classes a cédé le pas à la lutte des places et Edouard Martin en est le meilleur exemple en date. Son destin politique, c’est à la télévision qu’il le doit. Confirmera-t’il l’essai ? Saura-t’il convaincre les électeurs avec des idées rapportées et réchauffées pour la circonstance ? L’avenir nous le dira assez vite. Quoiqu’il en soit, il va lui falloir faire rapidement ses preuves. Car la politique n’est pas seulement qu’une affaire d’image.

 

 

                        Bruno DA CAPO

17:17 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cfdt, florange, ps, grand est