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07/09/2011

Poupée de cire, poupée de son




J’écoutais il y a peu la courte interview de  Carla Bruni Sarkozy nous parler de choses et d’autres d’une voix de flûte. Tout en l’écoutant, j’observais son fin visage lisse, net comme un visage de cire. Un visage presque asiatique. Ce qui conférait à ses propos un côté lointain et mystérieux, presque évanescent. Pourtant, elle alignait doucement avec la sérénité qu’on lui connaît truismes et banalités les plus navrantes. Il s’agissait là, apparemment, d’un plan Com commandité, joué (voire peut-être sur-joué) dans un lieu douillet, où tout ce qui filtrerait serait dit sur un ton mesuré, feutré, quasi-confidentiel censé nous inviter gentiment dans l’intimité de la dame. Et de quelle intimité s’agit-il ? Eh, c’est qu’elle est grosse de notre Président, Carla ! C’est qu’on n’en reste pas moins humain quand on habite l’Olympe ! N’est-ce pas l’événement (heureux) pour 2012 ! Tout en la regardant jouer de ses grands yeux, de son sourire glacé (mais comme peut l’être le sourire d’un magazine de mode), en la voyant montrer son front et ses pommettes qui captent la lumière comme un Vermeer, j’imaginais le pipelet Saint-Simon qui assistait jadis aux selles matinales du Roi et qui vécut fidèlement presque en direct toutes les grossesses de ses multiples favorites. Aujourd’hui, avec la télé, nous voilà pour tout dire sommés de devenir des Saint-Simon au petit pied, mais sans le style, sans la méticuleuse observation qui donne au grand mémorialiste le sel qui nous fait tant défaut ! Nous sommes comme lui contraints au voyeurisme et à l’affût (quoiqu’on en dise) du secret révélé. Secret story se joue aussi à l’Elysée, quand il ne se joue pas à Washington ! Avec le président qui sera bientôt père, nous sommes hélas souvent lancés dans un étrange jeu de rôles. Hier, il s’invitait à déjeuner avec les camionneurs ! Demain qui sait avec les échangistes ! Et quand ce n’est pas lui qui joue les premiers rôles, c’est son épouse qui, de poupée de cire, devient poupée de son le temps d’une interview. Ce qui est bien avec Carla, c’est qu’elle sait prendre la lumière. Et ça, quoiqu’on en ait, vaut tout les beaux discours !

Yves Carchon