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28/07/2017

        Vous avez dit impopulaire…

   

                   

 La réduction du déficit public et la recherche conséquente d’économies sont un leitmotiv gouvernemental depuis maintenant trois quinquennats. Tâche ô combien délicate, qui exige beaucoup de doigté et de dosage, car il n’y a rien de plus impopulaire que l’austérité en France. Mais au bout du compte, ce sont toujours les catégories modestes qui sont impactées. Là on augmente – la CSG sur les retraites -, là on plafonne – les indemnités prud'homales – ou on baisse carrément – le montant des APL. Ce n’est pas rien de toucher, d’entrée de jeu,  aux aides au logement. Même Sarkozy n’avait pas osé le faire durant son mandat. Il faut croire que Macron, sur ce chapitre comme sur d’autres, est plus décomplexé que lui.

Car ce  nouveau coup de rabot  ne concerne pas moins de six millions et demi de foyers, parmi les plus pauvres de ce pays. Certains diront, bien sûr, que la pauvreté est une notion toute relative, qu’il vaut mieux être pauvre ici que riche là-bas. Et que cinq euros par mois, après tout, ce n’est pas grand-chose. Seulement - nous le savons maintenant – le gouvernement ne compte pas s’arrêter là pour faire passer les aides au logement sous la barre des vingt milliards annuels (elles représentent actuellement trente milliards de dépenses).

Quelle va être la prochaine étape dans cette entreprise en peaux de chagrin ? L’étude au cas par cas des patrimoines individuels pour justifier ou non le versement de ces aides pourtant nécessaires à l’équilibre quotidien des Français ? Car toucher aux APL, c’est non seulement affaiblir socialement ceux qui en bénéficient mais grignoter aussi ce droit fondamental qui garantit à chacun un logement décent dans ce pays.

Pour ceux – et il y en a – qui soutiennent cette mesure, les loyers sont trop élevés en France et c’est à cause des aides versées par l’état. Elles feraient  augmenter les prétentions financières des propriétaires. En les diminuant, le prix des loyers baissera lui aussi et les locataires ne seront pas perdants. C’est en somme la vieille loi du réajustement par le marché. Croit-on, cependant, que cette répercussion serait instantanée ? Il pourrait bien se passer de nombreux mois avant que la baisse ne devienne effective ; et ce seraient, bien sûr, les locataires pauvres qui supporteraient seuls  les frais durant cet intervalle.

Notez d’ailleurs qu’il n’y a pas que les APL qui vont bientôt diminuer; les riches aussi sont concernés par ces mesures réductrices. Il y a cependant peu de chances qu’ils s’en plaignent car l’ISF, lui aussi, va baisser à partir de 2019.Ou plutôt il ne prendra plus en compte que les avoirs immobiliers, devenant du même coup l’impôt sur la fortune immobilière. Un joli manque à gagner pour l’état qu’il devra  bien compenser par d’autres tours de passe-passe.

Autant de mesures clivantes qui ont tout pour être impopulaires et faire regretter d’avoir voté pour l’actuel locataire de l’Elysée par stratégie anti-FN. Elles pourraient bien, dès l’automne prochain, faire descendre dans la rue beaucoup de gens qui auraient préféré rester tranquillement au chaud chez eux.

 

Jacques LUCCHESI

       

14:54 Publié dans numéro 17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : apl, logement, déficit, isf

21/07/2017

          Des commémorations sous haute tension

 

 

S’il faut à tout nouveau chef d’état affirmer publiquement son pouvoir, Emmanuel Macron l’aura fait sans demi-mesure le week-end dernier. Il y eût tout d’abord cette invitation lancée à Donald Trump pour le défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées – invitation très décriée dans l’opposition. La raison officielle était l’entrée en guerre des Américains, aux côtés de la France et de l’Angleterre voici un siècle ; ce qui nous a au moins permis de comparer les différences entres les véhicules blindés d’hier et d’aujourd’hui. Quant à la raison officieuse, c’était peut-être de chercher à ramener « l’ours » Trump dans le giron des pays signataires de la COP 21 sur le réchauffement climatique. Peine perdue ? Sur le court terme certainement, mais c’était quand même bien joué. Au passage, on notera avec quelle fermeté Macron a recadré Pierre De Villiers, le chef d’état- major des armées, pour sa critique des restrictions du budget militaire : depuis, il a été poussé à la démission.

Dimanche matin, bis répétita. Cette fois, c’était le premier ministre israélien, le non moins contesté Benjamin Netanyahu, qui était l’invité d’honneur des commémorations de la rafle du Vel d’hiv, en juillet 1942. On ne reviendra pas sur ce tragique épisode de notre histoire ni sur le mea culpa prononcé par Jacques Chirac en 1995 vis-à-vis des juifs français. Car c’était plutôt la présence ici du leader de la droite israélienne la plus dure qui faisait débat. Beaucoup, y compris en Israël, ne le tiennent pas pour un interlocuteur respectable – du moins sous l’angle démocratique – depuis qu’il a ordonné la re-colonisation des territoires palestiniens de Gaza et du Sinaï. Pas Emmanuel Macron qui a décidé manifestement de lever le frein moral empêchant le rapprochement avec les chefs d’état les plus discutables de la planète. Qui sera le prochain de ses invités à l’Elysée ? Recep Tayyip Erdogan, le dictateur—président turc, voire Bachar Al Assad, pour peu qu’il s’engage une nouvelle fois à ne plus gazer le peuple syrien ? A ce stade de confusion générale des valeurs, il n’y a plus grand-chose qui pourrait encore nous étonner.

 

Jacques LUCCHESI    

13/07/2017

    Les bonnes intentions de la sécurité routière

   

 

Parmi les changements de barème et autres taxations qui arrivent opportunément chaque été, il y a, depuis le 1er juillet, plusieurs mesures concernant la conduite routière et ses nombreuses infractions. En France, comme on le sait sans doute, la mortalité sur les routes est repartie à la hausse depuis trois années consécutives. Elle atteint les 3700 tués annuels et la volonté des pouvoirs publics de la ramener autour de 2000 décès est mise à rude épreuve. A l’alcool, traditionnelle cause d’accident au volant, s’ajoutent désormais d’autres addictions, d’autres négligences, qui sont de plus en plus dans le collimateur de l’état. D’où sa volonté de frapper un peu plus les contrevenants au porte-monnaie :    

Stop à la gourmandise et aux casse-croûtes express. Manger en conduisant sera passible désormais d’une amende de 35 euros. Fumer – cet autre pêché de bouche – sera encore plus réprimé, puisque c’est une amende de 68 euros qui  sanctionne la conduite à une main, surtout s’il y a un enfant à bord. Les amateurs de vins et de pastis ne sont pas oubliés par le législateur ; d’autant que le taux d’alcool toléré (par litre de sang)  est ramené de 0,5 gramme à 0,2 gramme. Pas plus de deux verres avant de conduire ou 135 euros d’amende.

Haro, également, sur la coquetterie : se maquiller en roulant peut coûter maintenant 35 euros.  Pensez-y, mesdames, quand vous prendrez la voiture pour aller à un rendez-vous. Quant à l’écoute musicale en voiture, dérangeante voire stressante au-delà d’un certain volume, elle sera sanctionnée à hauteur de 75 euros.

Téléphoner en conduisant, même avec un kit mains libres, vaut toujours 135 euros d’amende et un retrait de trois points sur le permis.

Mais ce sont les amateurs de jeux en ligne et les épistoliers numériques qui remportent le gros lot: consulter un écran ou rédiger un message en conduisant vaut désormais 1500 euros d’amende et trois points en moins sur le permis pour ceux et celles qui s’y adonnent un peu trop machinalement.

Tout cela, n’en déplaise aux automobilistes, va dans le bons sens. Car lorsqu’il s’agit de la sécurité physique de soi et des autres, on ne doit pas être laxiste. Et les actions susnommées affaiblissent toutes, à des degrés divers, la lucidité nécessaire à une sûre conduite. Mais la question est de savoir comment ces amendes vont pouvoir s’appliquer. Car il n’est pas facile de prendre sur le fait un conducteur délictueux. Qui peut d’ailleurs le faire, hormis les gendarmes et les policiers ? Quant au particulier lambda qui se sentirait des velléités de justicier, sa parole n’a aucun poids s’il n’est pas un agent assermenté.

J’en ai fait l’amère expérience, voici quelques années, en voulant porter plainte contre un conducteur qui m’avait ostensiblement grillé la priorité sur un passage piéton. (Le montant de l’amende est, là aussi, de 135 euros). Mais c’est parole contre parole et, dans ce système-là, vous êtes à peu près certain de n’obtenir jamais gain de cause. C’est ainsi qu’on encourage les chauffards dans leur incivisme criminel. Quand on sait, à Marseille, le nombre impressionnant d’automobilistes qui ignorent allègrement les passages protégés, on mesure la fortune que perd chaque jour la municipalité.

Car en l’absence de radars et de caméras, le flagrant-délit est quasiment improuvable. Ainsi ces amendes, nouvelles ou anciennes, ont de fortes chances de ne jamais trouver leurs destinataires et d’enrayer ainsi la désinvolture routière. C’est ce que l’on appelle communément un coup d’épée dans l’eau.

 

Jacques LUCCHESI