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22/08/2017

Bruissements (75)

 

 

Barcelone : alors que l’EI recule partout en Irak et en Syrie, voyant s’évaporer son rêve de califat, il trouve toujours de jeunes imbéciles pour faire son sale boulot en Europe. On se demande jusqu’à quand des gens à peine sortis de l’adolescence accepteront de mourir pour une vision aussi étriquée et obscurantiste du monde. Mais, après tout, c’est le propre de tous les esprits fanatisés. On a vu encore, le week-end dernier, ce que leurs convictions ont causé à Barcelone et à Cambrils. Et leur inexpérience aussi, puisque deux d’entre eux sont morts en maniant les explosifs qu’ils destinaient à la capitale de la Catalogne. Une sorte de justice immanente. C’est évidemment plus facile de prendre une voiture et de foncer sur la foule qui se promène sur les Ramblas à la fin de la journée. Beaucoup plus ignoble, aussi. Au total quinze personnes, de différentes nationalités, ont ainsi perdu la vie et une centaine d’autres ont été blessées. Quant aux terroristes, ils ont finalement tous été abattus ou arrêtés par la police. Reste que devant un tel carnage, on ne peut qu’éprouver le sentiment d’un immense gâchis. C’est d’autant plus absurde que toutes ces morts, d’un côté comme de l’autre, ne changeront rien à la marche du monde moderne.

 

Trump : mais la tactique de la voiture-bélier n’est plus le triste privilège des terroristes islamistes : elle fait aussi des émules chez des malades mentaux (comme à Sept-Sorts) et les militants d’extrême-droite, comme à Charlottesville (Virginie, USA) voici maintenant deux semaines. Cette violence émanant de suprématistes blancs avait de quoi déranger Donald Trump, puisqu’il leur doit en partie son élection à la Maison Blanche. Du coup, le président américain s’est empêtré dans des déclarations contradictoires, là où l’on attendait une ferme condamnation de ces groupuscules fascistes. Il a ainsi fâché ses soutiens républicains, tout comme Wall Street et les grands groupes industriels qui se sont un peu plus éloignés de lui. Rien à dire : Donald est nettement meilleur quand il s’agit d’en remontrer à un dictateur mégalomane comme Kim Jong Un.

 

Macron : Est-ce parce qu’il est supporteur de l’OM qu’Emmanuel Macron trouve du charme à Marseille au point de venir y passer ses vacances d’été ? Il est vrai qu’il n’est pas descendu dans un hôtel de la Canebière, mais dans une somptueuse villa du Roucas Blanc mise à sa disposition par le préfet. De là à penser que sa présence, dans les hauteurs de la ville, ferait hésiter les photographes…C’est ainsi qu’il a porté plainte contre un qui troublait son repos, avec les mesures de rétorsion qui s’ensuivent dans ce cas précis. Certes, les paparazzis exercent une activité souvent très agaçante pour qui a acquis un brin de célébrité en ce monde. Mais quand on est chef de l’état, il faut savoir faire preuve d’un peu de magnanimité vis-à-vis d’une profession qu’il n’a pas toujours détestée. Ne serait-il pas, lui aussi, en train  de devenir parano ?   

Médias : avant c’étaient les journalistes qui faisaient de leur profession un marchepied pour « entrer » en politique. Aujourd’hui, c’est plutôt le mouvement inverse avec des hommes et des femmes politiques qui, mis sur la touche, exportent leur sens de la communication vers les  télés et les radios. Cela a commencé avec l’ineffable Roselyne Bachelot sur D8 – 20 000 euros par mois pour débiter des âneries, c’est encore mieux qu’un poste de ministre – et ça a continué avec Jean-Louis Debré, Jeannette Bougrab, Daniel Cohn-Bendit et maintenant Henri Guaino. Après sa défaite aux législatives, celui fut « la plume » de Nicolas Sarkozy va pouvoir déverser son amertume sur les ondes de Sud-Radio, tous les matins pendant cinq minutes. Une sorte de thérapie radiophonique? Mais personne n’est obligé de l’écouter religieusement.

 

Suisse : cela ressemble à une (mauvaise) blague suisse. Elle démontre, si besoin était, que les préjugés raciaux ont la vie dure. Un hôtel des Alpes suisses a osé demander à ses clients juifs de prendre une douche avant d’aller piquer une tête dans la piscine. Evidemment, l’affaire s’est vite ébruitée et à provoqué des remous considérables dans l’opinion politique. L’état d’Israël a demandé des excuses officielles à la Suisse. Quant au centre Simon Wiesenthal, il  réclame la fermeture de l’hôtel et des sanctions contre sa directrice. Commentaire dépité de celle-ci : « si on avait su, on aurait exigé la douche pour tous les clients. » C’est ce qu’on appelle en rajouter une couche. Et la sienne est déjà bien épaisse.

 

Erik PANIZZA

11/08/2017

            LA VIE AU FUTUR SIMPLE

                         
Ce matin, avec les sept jeunes érythréens et soudanais qui sont venus au cours de français, comme d’habitude depuis huit mois, nous faisons un exercice autour du futur, celui qui paraît-il est simple.
Ils ont commencé par se présenter, parce qu’il y avait de nouveaux profs. Ensuite la prof la plus aguerrie a mis en place avec leur aide l’emploi du temps de la semaine.
On a bien ri par moments, parce qu’ils aiment rire et nous aussi.
Il y aura demain un nouvel atelier, un atelier poésie. Ils demandent : « C’est quoi, la poésie ? » et on reste secs. Je parlerais bien de beauté, celle qu’on fait avec les mots pour partager tout ce qu’on vit, le bien et le moins bien, et même le pas bien du tout.
Mais dans le « contexte », comme disent ceux qui paraît-il savent, « je ne me sens pas en capacité de... » je veux dire que je ne peux pas leur parler comme ça tout de suite de poésie, vu ce qu’ils vivent depuis huit mois, et depuis bien plus longtemps en fait.
J’aimerais bien pourtant, parce que j’y crois encore un peu à la poésie. Et à les regarder vivre, je pense qu’eux aussi – à leur façon à eux.
Alors on allume l’ordinateur et on tend un drap et on parle du futur, ce qui est drôlement optimiste, parce que je ne suis pas sûr qu’ils en aient un, ni nous non plus. En tout cas notre futur à tous ne sera sûrement pas simple.
Au contraire, dans la vidéo, le futur a l’air simple, quoique...
Le type arrive en pyjama, et sans débander, d’entrée, il déclare : « Je suis trop gros, à partir de l’an prochain je ne mangerai plus au restaurant le midi, comme ça je maigrirai. » C’est dans le futur, parce qu’au présent, même s’il la repousse deux ou trois fois, il finit par la bouffer, la brioche. Et puis c’est pire d’aller au restaurant le soir...
Il faut dire que sa copine ne l’aide pas à être en capacité de maigrir, elle pousse tout le temps la brioche vers lui, sans doute pour se déculpabiliser d’en avoir déjà mangé plus de la moitié.
Comme il est mal réveillé et trop occupé par sa brioche, elle lui dit comme ça : « Si tu me fais mon café, je t’aimerai pour toujours ! »
À mon avis, c’est pour de rire. On me l’a déjà fait, ce coup-là. En fait, c’est pas du futur, c’est du conditionnel. Ça dure jusqu’au prochain café.
Bon, d’accord, cette histoire de gros qui mangent trop, c’est plus des problèmes d’occidentaux que des problèmes d’Érythrée ou de Soudan, ou d’un peu partout ailleurs, là où on a faim. D’ailleurs il n’est pas gros, le type.
N’empêche, comme on est tous bon public, on a bien rigolé. C’est toujours drôle de voir des gens qui s’inventent des problèmes qui n’existent pas.
Et puis Fred est arrivée.
Elle avait l’air grave, ce qui était logique, parce que c’était grave.
Il y avait un vrai problème.
Du coup, on n’a plus rigolé du tout.
On a essayé de sourire, eux ils ont réussi, ils doivent avoir l’habitude que ça soit grave, à force...
De toute façon, il ne leur reste que ça, le sourire.
C’est pour ça que j’aimerais qu’ils restent avec nous.
Le sourire, c’est justement ce qui nous manque.

 

 

Alain SAGAULT

04/08/2017

Bruissements (74)

 

 

Moralisation : périodiquement le projet de moraliser la vie politique revient sur la table. Une affaire éclate ; le peuple crie « tous pourris ! » et le gouvernement promet des mesures d’assainissement. Mais le sujet est trop complexe, trop sensible, et on ne va pas jusqu’au fond des choses. Après l’affaire Fillon et le trouble qu’elle a jeté durant cette dernière campagne présidentielle, il fallait donner un coup de pied dans la fourmilière. Macron l’a donc fait via l’Assemblée Nationale. Après cinquante heures de débat et l’examen de quelques 800 amendements, celle-ci a donc accouché, vendredi dernier, d’un texte modifiant des habitudes de longue date. Ainsi, il ne sera plus permis à nos députés d’embaucher des membres de leur famille à des tâches complémentaires. La suppression de la réserve parlementaire, qui leur est généreusement allouée à hauteur de 130 000 euros par an, était également à l’ordre du jour. Si elle est finalement votée, leurs frais  devront être remboursés sur la base de justificatifs. En revanche, le nouveau texte leur permet encore d’exercer des fonctions de conseil parallèlement à leur mandat (si elles sont antérieures d’un an à celui-ci). Et si l’inéligibilité pour manquements graves  à la probité a été adoptée, elle ne leur fait pas obligation d’avoir un casier judiciaire vierge. On mesure là le caractère incomplet de cette réforme pourtant attendue par les Français. Paradoxalement, ces mesures adviennent  dans un contexte où le président  compte créer un statut pour la première dame. On ne saura jamais exactement ou commence la loi et où finit le népotisme.

 

Fronde : On ne croyait pas la chose possible – du moins pas si vite -, vu le caractère extrêmement ordonné de la République En Marche. Cette fois, la surprise est venue, non pas de députés, mais de simples adhérents de ce nouveau parti (qui en compte présentement 370 000). Une trentaine d’entre eux ont  contesté le manque de transparence et de démocratie interne dans les convocations de vote. Et ont constitué illico un collectif de combat,  « La démocratie en marche ». Le différend doit être porté devant les tribunaux, mais on se doute bien comment tout cela va finir.

 

Agression : l’omniprésence, dans l’actualité, de Macron et de la République En Marche a sans doute quelque chose d’agaçant. Mais de là à exprimer son ras-le-bol par la violence physique… C’est ce pas qu’a franchi, dimanche dernier à Bagneux, un sexagénaire excédé par une députée de ce parti et son manque de pédagogie. Un coup de poing au visage que l’auteur des faits, devant le tribunal qui le jugeait en comparution immédiate, a essayer de minimiser, prétextant « une bêtise ». Il n’en a pas moins écopé de six mois de prison dont un mois ferme. Certes, de tels gestes ne font pas honneur à la démocratie. Mais il n’est pas certain qu’il aurait pris autant s’il avait frappé une simple militante, comme il croyait le faire.

Dé-radicalisation : C’était l’unique centre de dé-radicalisation des djihadistes français. Il avait ouvert ses portes à Pontourny (Indre-et-Loire) en septembre 2016 et avait une capacité d’accueil de vingt-cinq places. Mais son pic de fréquentation n’aura pas dépassé les neuf pensionnaires et il était vide depuis février dernier. Aucun d’eux n’a d’ailleurs suivi jusqu’au bout ce programme de réinsertion : mais se sentaient-ils malades ? Aussi, devant l’échec manifeste de ce projet, le Ministère de l’Intérieur a donc décidé sa fermeture, tout en déclarant ne pas abandonner d’autres pistes alternatives à l’emprisonnement. On ne soigne pas les velléités de terrorisme comme on soigne l’addiction à l’alcool ou aux drogues.

 

Incendies: chaque été, hélas, les incendies font l’actualité, particulièrement en PACA. Avec eux c’est la vie la plus concrète, tant celle des hommes que celle de la nature, qui est menacée. Ceux qui ont ravagé, la semaine dernière, plus de 7200 hectares dans le Var, démontrent encore une fois la responsabilité humaine en amont, que la cause soit volontaire ou non. Ils soulignent aussi les failles dans le dispositif de protection, en particulier le manque et l’obsolescence des canadairs engagés dans cette lutte. Mais le pire est à venir, si l’on en croit les experts qui nous expliquent que le réchauffement climatique accentue une sécheresse qui profite aux départs de feux. Quand on vous dit que tout est lié…

 

Erik PANIZZA