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18/09/2013

Cette belle idée de laïcité

 

             

 

 

 Elle a fait son chemin jusqu’à nous depuis les Lumières et la Révolution. Désormais chacun serait libre de croire ou non en un Dieu Transcendant, d’épouser ou de renier une religion sans que l’état intervienne dans ce choix. Elle a connu bien des turbulences au XIX eme siècle jusqu’à son inscription par et dans la loi en décembre 1905. Depuis, la laïcité est devenue l’un des piliers de notre république. Elle demeure une spécificité française : d’autres grandes démocraties en Europe, comme l’Angleterre ou l’Allemagne, conservent un clergé d’état. Si le début du XXeme siècle vît une laïcité catégorique et militante, ôtant aux églises toute subvention, elle est devenue, un siècle plus tard, plus souple et plus intégratrice. L’état intervient à nouveau dans le financement des cultes et d’autres religions, comme l’Islam et le Bouddhisme, sont venus concurrencer les cultes chrétiens et israélite qui étaient les premières cibles de la loi de 1905. En retour, la république exige le respect de la neutralité religieuse dans l’espace public et y refuse le prosélytisme. Or, nous savons depuis longtemps qu’il n’en est rien, que ces transgressions répétées à ce principe fondamental sont de plus en plus mal supportées par une majorité de Français. L’école, lieu d’enseignement des savoirs universaux, est particulièrement touchée par ces attitudes provocatrices. C’est pour cela que Vincent Peillon, actuel ministre de l’éducation, a cru bon, en cette rentrée scolaire, d’édicter une charte de la laïcité en quinze points. Elle s’adresse  au public scolaire – mais aussi à ses enseignants – et doit être affichée dans tous les établissements. Celle-ci a déjà été beaucoup critiquée et l’on peut se demander la pertinence d’une pareille mesure gouvernementale : des textes de loi existent depuis longtemps, qui sanctionnent théoriquement ces multiples manquements à l’ordre laïque. Mais voilà, il est des principes  - ou des règlements – qu’il faut rappeler avec insistance pour qu’ils deviennent effectifs dans la société. Ce fut le cas, en 1992, avec la loi Evin interdisant de fumer dans les lieux publics et qui dût être renforcée, en 2007, par une nouvelle loi. C’est aussi le cas pour cette question, autrement plus capitale, de la laïcité avec cette nouvelle charte. Afin que la laïcité rime toujours avec la liberté. La liberté la plus essentielle : celle de penser.

 

 

                            Bruno DA CAPO                                      

13/09/2012

La morale selon Peillon

 

               

 

 

 Si l’école n’était que ce lieu d’apprentissage des savoirs fondamentaux, ce serait déjà beaucoup pour occuper, tant les élèves que les enseignants. Mais elle est aussi – ou surtout ? – ce creuset institutionnel où l’on prépare nos enfants à la vie en société. Tâche immense, capitale, décisive pour le renouvellement d’une nation et peut-être l’amélioration du niveau et des conditions de vie de ses membres. La vie moderne implique, bien sûr, la maitrise de ces savoirs basiques (sans eux rien ne serait possible), mais elle les excède de beaucoup et sa complexité est, à bien des égards, déroutante. Dans ces conditions, ménager une place pour la morale dans le programme scolaire, comme le propose Vincent Peillon, peut s’avérer pertinent : encore faut-il savoir de quelle morale on parle. Si cette morale n’était qu’un retour au vieux catéchisme républicain, avec ses poncifs sur le bien et le mal, son patriotisme bêlant et sa croyance en la supériorité de la civilisation occidentale, elle serait évidemment malvenue et inefficace. Mais si elle intègre les changements et la diversité culturelle qui caractérisent notre époque, si elle donne des moyens intellectuels pour se décider librement en face de situations qui peuvent surgir dans la vie quotidienne, si elle rappelle enfin le caractère consubstantiellement républicain de la laïcité et de la tolérance, alors elle peut constituer une discipline à part entière qui prouvera tôt ou tard sa nécessité. C’est, je crois, le parti-pris de Vincent Peillon et ses détracteurs – comme Luc Châtel – lui font dans ce cas  un mauvais procès. Non la morale n’est pas  réactionnaire en soi. Non la morale n’est pas de droite.  Elle est au dessus des oppositions partisanes. Sa vocation est l’universel. Dès lors, qu’un ministre de gauche cherche à la réhabiliter peut faire grincer bien des dents,  mais ce n’est pas, pour autant, un paradoxe. Dans un monde où le fric roi et la loi du plus fort franchissent – avec quelle facilité ! – les portes des écoles communales ; dans un monde où les tensions de tous ordres ruinent l’attention qu’exige l’étude, la morale s’impose d’elle-même comme un correctif à toutes ces dérives. Que l’impulsion vienne d’en haut signifie moins une volonté de formatage idéologique que la prise en compte, là aussi, d’un état de crise.  

 

 

                                              Bruno DA CAPO