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11/05/2018

La dictature de la minorité



 

A l’occasion du premier anniversaire de l’élection d’Emmanuel Macron (ah, ce goût pour les commémorations stupides !), on entend se développer en boucle un refrain selon lequel le Président respecte le programme pour lequel il a été élu. 

Il n’est pas inutile de rappeler que, si l’actuel titulaire de l’Elysée a bien été constitutionnellement élu, ce n’est pas son programme que les citoyens ont avalisé. Au premier tour, qui caractérise justement le soutien à un programme, Emmanuel Macron a obtenu à peine plus de 18% des inscrits. Le deuxième tour exprimait surtout le refus du Front national, non un appui à un projet et, même dans ce contexte, l’heureux élu n’a pas atteint 44% des inscrits. Prétendre qu’un tel résultat engageait un programme n’est qu’une triste plaisanterie.

Il revient à l’esprit, à l’occasion de ces déclarations, une thèse très à la mode dans les milieux philosophico politiques depuis des décennies. Tocqueville aidant, on nous met en garde quant à une présumée « dictature de la majorité ». Certes, la nécessité de contrepouvoirs ne fait aucun doute, et notre Constitution en manque cruellement, mais l’idée d’une « dictature de la majorité » est plus que douteuse. Imagine-t-on qu’une dictature de la minorité soit préférable ? Et n’est-ce pas le danger qui nous guette ? Car il n’est pas acceptable qu’un pouvoir aussi absolu que celui du Président de la République procède d’une légitimité électorale aussi faible. 

La question des institutions est depuis longtemps au cœur de la crise politique et sociale. Elle devient encore plus dramatique lorsqu’un pouvoir aussi faible veut imposer des mesures fort minoritaires, renforcer le pouvoir présidentiel, aussi bien sur le territoire national en écrasant les collectivités locales que dans une vision européenne bien éloignée de la volonté du peuple. 

Cette situation engendre des tentatives tout aussi minoritaires, certaines prônant la violence, d’autres contestant les principes mêmes de la souveraineté populaire, du citoyen et de son droit au vote, attaquant l’essence même du suffrage universel. Rien de malheureusement plus logique, ces tentatives condamnables trouvant naissance dans la forme de dictature engendrée par le système.

Une telle situation nous mène à des affrontements graves et des phénomènes de violence de plus en plus manifestes. La solution se trouve dans le retour aux principes fondamentaux de la démocratie, à partir des citoyens, dans les communes comme dans les quartiers. Ce travail permettra la redéfinition d’un contrat social, fondement nécessaire à l’équilibre national comme à la réaffirmation de saines relations internationales. Tel est le sens du processus menant à l’élection d’une Constituante en France qui, loin des solutions clefs en mains de tous les pouvoirs autoproclamés, est la seule solution pacifique, démocratique et rassembleuse aux défis du moment que nous traversons.

 

André Bellon

17/02/2017

      Anti-système

                               

 

 Quel est le point commun entre Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon (outre qu’ils sont tous quatre candidats à l’élection présidentielle) ? Ils ont tous quelque chose à reprocher au système politique actuel et, de fait, ils ne cessent de le vilipender. Ils sont donc tous anti-système, même si on ne se sait pas trop ce que ça signifie pour chacun. Passe encore pour Jean-Luc Mélenchon, même s’il est député européen et qu’il a, par le passé, exercé des fonctions ministérielles. Passe aussi pour Marine Le Pen, même si elle est aussi députée européenne et qu’elle est la fille d’un leader politique français, aussi contesté soit-il : c’est quand même à lui qu’elle doit son ascension fulgurante au FN. C’est plus douteux pour l’extravagant Emmanuel Macron, ex-banquier chez Rothschild, ex-ministre de l’économie et qui, à défaut d’un programme cohérent, s’affiche volontiers comme un rebelle au dessus des partis. Quant à l’ex-premier ministre François Fillon (qui, décidément, ose tout cette année), c’est quasiment risible quand on l’entend parler de « complot institutionnel » contre lui.

Plus qu’un effet de mode, ces exercices de récusation et d’anathèmes relèvent, évidemment, d’une stratégie bien rodée. Car ces candidats ont pris le pouls de l’époque et orientent leur campagne dans le sens du vent. Ces derniers temps, force est de constater qu’il est franchement défavorable aux élites en place. Le populisme, un peu partout, se porte bien, comme l’a confirmé l’élection – décoiffante – de Donald Trump aux USA. Il s’agit donc, pour ces politiciens plus ou moins confirmés, d’adopter le profil de l’outsider et d’espérer ainsi bénéficier de la sympathie populaire qui va au petit Poucet  face à l’ogre, à David contre Goliath. A l’examen, c’est différent car, quelle que soit la place qu’ils occupent sur l’échiquier politique, ils sont tous des produits du système qu’ils ont contribué à perpétuer et qu’ils contestent maintenant. Il n’y a pas, en France, l’équivalent d’un Beppe Grillo en Italie – même si cet humoriste est bel et bien devenu un politicien redoutable à présent. Quant à nos quatre cavaliers de l’Apocalypse, ils représentent tous un courant majoritaire de longue date ; la nouveauté c’est qu’il  cherche à se présenter comme minoritaire face à un supposé sérail, par nature hostile aux nouveaux prétendants. Bel exercice d’illusionnisme politique, comme les renards d’hier et d’aujourd’hui en sont toujours capables lorsqu’ il s’agit de s’introduire dans le poulailler. Reste que la poudre aux yeux est maintenant bien éventée. Il faut espérer qu’à l’heure du choix, les français s’en souviendront et qu’ils voteront davantage avec leur raison que leurs émotions.  

Jacques Lucchesi