Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/11/2016

Le glas ou le tocsin

 

Ça y est, la médiocratie est en marche ! Pas seulement aux USA, mais en Europe avec les populismes qui gagnent du terrain. On le savait déjà. La honte de choc que représente Trump souligne d’autant nos lâchetés. En la matière, — mais qui ne le sait pas ? — la France n’est pas plus épargnée. Aux dernières nouvelles, le Front National est ouvertement appuyé par 35% de nos concitoyens… Et encore, sans compter les mutiques au nombre incalculable gagnés aux thèses de Marine, qui n’en pensent pas moins… Médiocratie alliée au populisme, c’est la cata ! Sous quelle forme se propage-t-elle ? Anti-immigration, xénophobie, homophobie, racisme, haine des élites politiques (qui, il est vrai, sont loin d’être brillantes…), nationalisme, protectionnisme… j’en passe.

Mais pour autant, le populisme n’est plus rampant. Il plastronne et dirige la Hongrie, est influent en Suisse, gagne le Royaume-Uni, se déploie en Norvège, fait une percée au Danemark, s’installe aux Pays Bas, sous forme de lois portées par des partis légaux et reconnus (comme le parti nazi en 1933). En France, il semble que le terrain soit prêt pour faciliter l’ascension du FN. Les politiques qui se présentent ou se présenteront ont déjà fait faillite. La mésaventure advenue aux Clinton, qui ont usé littéralement les électeurs américains à cause de leurs frasques, tant financières que sexuelles, pourrait bien arriver à nos « élites » qui, déchirées, se dévorant entre elles, gauche et droite confondues, ne voient pas arriver l’ombre triomphante du populisme. Que faut-il faire ? Sonner le glas ou sonner le tocsin ? Je préfère le tocsin. Mais la France du haut peut-elle encore l’entendre ?

 

                                Yves CARCHON

 

11/11/2016

L’ouragan Trump

                          

 

 Le choc a été rude pour beaucoup de Français, aussi, lorsqu’ils ont appris, mercredi matin, que les grands électeurs américains accordaient une avance confortable à Donald Trump sur sa rivale Hillary Clinton. Quoi ! Les médias et les sondages, qui la donnaient bon gré mal gré gagnante, s’étaient donc trompés. Quoi ! Un homme d’affaires politiquement inexpérimenté, outrancier, antipathique, aussi caricatural et caricaturé que Trump,  avait pu rallier à lui  une majorité de suffrages dans la première démocratie du monde. Non, nous ne rêvions pas et la candidate démocrate, une heure plus tard, reconnaissait publiquement sa défaite – malgré 250 000 voix de plus au décompte des scrutins. Peu après, le presque quarante-cinquième président des Etats-Unis d’Amérique prononçait un discours de remerciement dont le ton et l’unanimisme tranchaient sur la violence de ses propos de campagne. Les messages de félicitations commençaient à affluer du monde entier : on retiendra celui, rapide et enthousiaste, de Marine Le Pen qui voit sans doute dans la victoire de Trump un augure favorable pour sa prochaine campagne présidentielle. En revanche, celui du Quai d’Orsay – tout comme celui d’Angela Merkel – était beaucoup plus circonspect ; car on se méfie, en Europe, de l’isolationnisme affiché de Trump. Au Mexique, c’était un vent de panique qui soufflait à l’annonce de cette victoire inattendue, personne n’ayant oublié ici les diatribes de Trump sur les Mexicains et sa volonté de faire ériger un mur entre les deux pays.

Reste que le turbulent candidat républicain n’a pas usurpé sa victoire et qu’il va falloir compter avec lui pendant au moins les quatre prochaines années. Bien des  incertitudes demeurent sur ses choix en matière de politique étrangère et économique : va-t il remettre en question le traité de libre-échange entre l’Europe et les USA (Tafta) ou fermer le marché américain à la Chine ? Va-t’il poursuivre activement la lutte contre l’EI aux côté de la coalition internationale  ou se désengager du théâtre syrien ? Il y a aussi les accords sur la réduction des gaz à effet de serre issus de la COP 21 (Trump étant bien sûr climato-sceptique), même s’ils sont intouchables pendant au moins trois ans. Sur le versant intérieur, ce n’est pas plus rassurant, notamment pour l’Obama Care qui accorde une sécurité sociale à trente millions d’Américains défavorisés - et que Trump veut naturellement abroger. Certes, on ne gouverne pas seul et contre les institutions dans une démocratie. Force est pourtant de constater que les Républicains sont majoritaires tant au Congrès qu’au Sénat à l’issue de ces élections – ce qui laisse à Trump une grande liberté de manœuvre. Sa victoire, après le Brexit anglais, restera l’une des grandes surprises de cette année 2016.  La roue tourne assurément et les changements politiques sont nombreux depuis quelques années. Mais il n’est pas certain qu’ils aillent dans le sens du progrès.

 

Jacques LUCCHESI

04/11/2016

Que reste-t’il de Mitterrand ?

 

 

 

 

 Elle a commencé et se termine sous les mânes de François Mitterrand, cette année 2016. D’abord le 8 janvier, pour le vingtième anniversaire de sa mort. On se souvient sans doute que les ténors du parti socialiste, François Hollande en tête, sont allés en pèlerinage sur sa tombe à Jarnac (sa ville natale). Mercredi 26 octobre, au Louvre, c’est le centenaire de la naissance de son auguste prédécesseur que le locataire actuel de l’Elysée a commémoré dans un discours, certes élogieux, mais tout en nuances ; un discours dans lequel beaucoup ont cru entendre qu’il parlait surtout de lui-même et de ses présentes difficultés. Car, on le sait bien, un François peut en cacher un autre.

Entre temps, il y a eu de nombreuses biographies qui ont éclairci un peu plus le « mystère Mitterrand » et surtout, en septembre, la publication de sa correspondance intime avec Anne Pingeot par les soins de l’intéressée. On savait que le défunt président était un homme de culture, auteur de mémoires et d’essais, mais pas qu’il avait aussi une plume de poète. On le savait grand séducteur ; voici qu’on le découvre, dans ces quelques mille pages,  en amoureux éperdu d’une femme raffinée, de vingt-sept ans sa cadette, qui deviendra son épouse officieuse en même temps que la mère de sa fille Mazarine.

Le portrait semble complet et on peut se demander si, à l’avenir, il se trouvera un auteur pour y ajouter une nouvelle touche - ou simplement l’éclairer sous un jour nouveau. L’inventaire de ses deux septennats a été fait depuis longtemps et ses héritiers, même avec moins de panache, occupent encore le haut du pavé. Quant à l’homme politique, sa place dans l’histoire de notre pays est indiscutable, même si d’aucuns lui préfèrent, dans la famille socialiste, les figures de Jean Jaurès et de Léon Blum. L’espace public porte aussi sa trace puisque Mitterrand, dans sa fièvre bâtisseuse, aura pris soin de s’auto-célébrer avec des réalisations aussi considérables que  la Pyramide du Louvre et la nouvelle bibliothèque nationale (à qui il a légué son nom).

Une telle vie a forcément quelque chose à nous apprendre sur l’aventure humaine que chacun de nous essaie de perpétuer, même avec moins de brio. S’il y a une leçon à tirer de « l’étoile Mitterrand », elle est sans doute plus à chercher du côté de sa personnalité que de son œuvre politique. Secret, ambitieux, opportuniste, déterminé à la conquête du pouvoir, Mitterrand a fasciné son entourage, soulevant de grands espoirs, entrainant de grandes déceptions aussi. Sans doute avait-il l’art de synthétiser les nombreuses contradictions qui l’habitaient. Homme de toutes les volte-faces et de toutes les manipulations, il fut aussi celui des grandes amitiés contre vents et marées (comme avec René Bousquet). On ne gouverne pas sans une bonne dose de liberté vis-à-vis de l’opinion publique. Autant d’aspects plus ou moins troubles qui en font  un exemple pour tous ceux qui voient dans la politique le meilleur moyen, à l’ère démocratique, de changer de condition et de s’élever dans la hiérarchie sociale.

 

 

                   Jacques LUCCHESI