03/02/2015
Etranger
C’est étrange, je ne me suis jamais senti étranger à Marseille et pourtant.
On a beau dire, on a beau faire, il s’en trouve toujours un pour vous le rappeler. C’est comme ça et pas autrement.
Il y a ce type qui, dès qu’il m’aperçoit, voit en moi un « couscous ». Allez donc savoir pourquoi ? Est-ce que c’est écrit sur mon front? Est-ce ma corpulence ou ma réputation de grand mangeur? Je préfèrerais dire homme de goût. Ben ça et les couleurs, vous voyez ce que je veux dire…
Je ne sais pas. J’ai beau me triturer les méninges… Et puis ce sport, ça creuse et je commence à avoir faim.
Dis Rachid, et si on allait… Ah j’ai oublié, je ne me suis pas présenté. Donc il disait si on allait se manger un bon couscous. Tu dois en connaître des endroits bons et pas chers, hein.
Eh bien non j’en connais pas. Pas plus que toi.
J’ai un ami transalpin, tout ce qu’il y a de plus italien. Un rital, comme ils disent. Même que, lui aussi, il n’aime pas ce vocable. Puis il se dit qu’avec le temps on s’y fait, lui qui ne savait même pas que Capri c’était une ile. Depuis, il faut vous dire il aime beaucoup moins Hervé VILARD.
Mais de la pastasciutta, ou un autre plat de ce genre, personne ne lui a proposé d’aller se manger une pizza napolitaine. Alors où est la différence ?
C’est comme pour notre ami catalan. Sa mère, un vrai cordon bleu, il n’est pas question pour elle de paëlla. Quand elle vous fait un plat, c’est une recette de famille, donc ça ne sort pas de la maison. Et c’est alors une bonne, que dis-je, une vraie bouillabaisse, ou alors une soupe au pistou. Rien qu’à en parler j’en salive déjà.
Il faut vous dire que nous vivons dans une cité cosmopolite et la diversité, ça nous connaît.
Et cet autre, de parents portugais, “Porthos”. Même que, lui aussi, il n’aime pas beaucoup ça et il vous le dit. Alors, pas question de lui parler de morue.
Sauf peut être lorsque nous sommes invités chez Paco et que sa maman nous a concocté un Aïoli qui sent fort et vous prend aux narines bien avant de franchir le seuil.
Allez savoir pourquoi les goûts culinaires sont rattachés aux origines des personnes.
D’ailleurs, et c’est le mot qui convient, toute cette cuisine riche et variée, tout ces plats venus d’ailleurs sont un enrichissement. Mais avec tout ça, moi j’ai un creux et je ferai mieux d’aller manger plutôt que de vous retenir avec mon bavardage.
Ah ! J’oubliais : « bon appétit ». C’est quand même étrange, non ?
Rachid
13:14 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : étranger, couscous, capri, pastaciutta
30/01/2015
Leçon démocratique
Après la victoire politique de Syriza en Grèce, c’est un nouvel élan que va connaître l’Europe. Il était temps ! Les bons économistes européens ne savaient plus comment sortir de l’impasse. Avec la nouvelle donne de cette génération de jeunes politiques grecs (mais qu’on retrouve aussi ailleurs), voilà venue enfin l’heure de penser en dehors des schémas, dogmes et tabous économiques connus, de retrouver la liberté de redonner sa place au politique face à l’économie. On sait déjà que tout ne sera pas facile pour ce nouveau gouvernement, lui le premier qui connaît les difficultés de la Grèce. Les Grecs le savent aussi, mais leur message est clair : reprendre les rênes de leur vie que l’Europe leur avait dérobées. Tant mieux ! Saluons ce courage de dire non, tout en sachant que ce non-là n’ouvrira pas un lit de roses. La poursuite de la politique d’austérité nous menait droit vers un éclatement de cette Europe qu’on avait tant choyée, qui reste une force économique face aux géants américain, chinois, indien. Fasse que la leçon grecque nous donne envie de dépasser nos peurs et nos frilosités ! Les peuples européens, à l’image de la Grèce, doivent prendre leur destin à bras-le-corps. Ils en ont les moyens et notre histoire démocratique nous y invite. Merci donc à la Grèce, berceau de la démocratie !
Yves CARCHON
14:10 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syriza, grecs, austérité, démocratie
27/01/2015
Les habits neufs du Président Hollande
Hollande sort-il grandi des tristes événements qui ont ensanglanté la France ? On pourrait le penser quand on le voit sourire et remonter dans les sondages. Il est vrai —et chacun en convient — qu’il a su se montrer à la hauteur de cette déflagration et qu’il a pris les décisions qui s’imposaient. On l’avait vu martial en chef de guerre au moment de l’intervention au Mali. Le voilà aujourd’hui Père de la Nation, tirant du coup tous les marrons du feu islamiste. Sous l’air bonhomme et simple qu’il adopte souvent, Hollande a l’instinct des grands fauves. Il sait ce qu’il faut faire dans les pires circonstances. Voilà qui nous rassure...Il n’en demeure pas moins que la situation économique reste la même en France et dans le monde, que la réduction du chômage et la relance économique exigent autant de nerf et de bravoure que face aux terroristes. Hollande devra bien sûr gérer la suite avec doigté et fermeté car notre société pourrait très vite basculer dans le ressentiment et dans le communautarisme. Il n’empêche : notre bon Président sort quasi neuf de ce choc, loin des sarcasmes qui l’ont maintes fois épinglé — à raison très souvent — et comme auréolé de gloire. Faut-il pour autant craindre qu’il s’endorme sur ses lauriers ? Non, car il n’était que de surprendre sa tête et celle d »Angela Merkel amicalement inclinée pour comprendre qu’après l’épreuve Allemagne et France ne se regarderont plus en chiens de faïence !
Yves CARCHON
16:04 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mali, chômage, terroristes, merkel