18/02/2015
Le casse-tête ukraino-russe
Comme tous les Russes, Poutine est un jouer d’échecs. A moins qu’il n’ait un faible pour le poker, mais pas le strip-poker, car ce serait se dévoiler imprudemment... Il n’en demeure pas moins qu’il a deux cartes dans son jeu : l’une militaire et l’autre diplomatique. Angela et François ont moins d’atouts en mains. Ils veulent garder la main grâce à leur seule carte dont ils disposent : la carte diplomatique. Est-ce suffisant ? Non, proclament les Américains, convaincus que Poutine ne connaît qu’un langage : celui des armes. Donc en armant l’Ukraine, ils pensent contrer Poutine. La Chancelière et notre Président — petits télégraphistes, aurait-on dit en d’autres temps — s’accrochent à cette idée que la seule voie demeure diplomatique. Quoiqu’on attende un cessez-le-feu promis pour samedi 14 février à minuit, les combattants pro-Russes gagnent du terrain. Sur place, personne ne croit qu’on en restera là (on en a désormais la preuve, ndlr). Autrement dit, il semblerait que notre diplomatie bicéphale ait pris du plomb dans l’aile. Doit-on embraser la région pour autant ? Le doute ne peut manquer de marquer nos esprits quand on connaît combien toutes nos interventions en Irak, en Lybie, en Syrie, sans parler de l’Afghanistan, ont semé troubles, crimes, désordres et anarchie après notre passage. Que faire ? En matière de casse-tête, on pourrait s’inspirer des Chinois mais on serait mal inspirés : eux-mêmes en sont à une sévère épuration toute intérieure, ce qui se traduira bientôt par un durcissement inéluctable vers l’international... Certes un casse-tête dit bien se qu’il veut dire. Reste à savoir si les têtes qu’on casse sont bien pleines ou bien faites !
Yves CARCHON
14:29 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poutine, strip-poker, ukraine, diplomatie
16/02/2015
Tombeau pour Kayla Jean Mueller
La jeune Américaine Kayla Jean Mueller, enlevée par le groupe Etat islamique, a été tuée, selon ce même groupe, par un raid de la coalition dans le nord de la Syrie. Ayant reçu confirmation des services de la Maison Blanche, on imagine ses parents abattus.Mais ce n'est pas au cours d'un raid qu'elle serait morte mais sous les coups de ses bourreaux. Pendant sa détention qui remontait à 2013, les parents de Kayla avaient contacté directement l'Etat islamique, lui envoyant un message privé pour sa libération et demandant une réponse à eux seuls adressée. Dans leur réponse, les ravisseurs ont eu l'intolérable cynisme de souligner que Kayla serait traitée en « invitée ». Au fait, qui était Kayla Jean ? Une jeune femme qui eut le tort d'être « dévouée au peuple syrien ». Une jeune militante ayant consacré sa jeune mais déjà dense carrière à aider « ceux dans le besoin à travers le monde. » Etait-ce donc un délit ? Il semblerait que pour certains c'était un crime à réprimer. Dès décembre 2012, cette courageuse jeune femme avait rejoint la frontière syro-turque. Pour quelle sombre mission ? Pour combattre l'Etat islamique ? Qu'on se détrompe : Kayla voulait aider « les déplacés fuyant la guerre en Syrie ». Comme on le voit, l'humanitaire était le moteur de sa vie. Aujourd'hui, saluons sa mémoire. Kayla Jean Muller avait une mission auprès des malheureux du monde entier. Elle a été assassinée par cet Etat qui se dit tel et qui n'est autre qu'un repaire d'assassins. Contre ces égorgeurs, notre gouvernement doit être aux premiers postes. C'est un devoir. Plus : un impératif urgent. Il faut sauver d'autres Kayla tombées entre les griffes des Islamistes !
Yves CARCHON
14:59 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kayla, syrie, humanitaire, égorgeurs
13/02/2015
Du complot
Dans la fièvre médiatique qui a suivi les attentats du 7 janvier dernier, les théories du complot sont reparties à la hausse. Qu’est-ce qu’un complot à l’ère post-moderne ? Un évènement monté de toutes pièces, voire sa simple mise en scène, et destiné à tromper l’opinion. Mais surtout une action attribuée par d’obscurs agents de l’état à des individus jugés dangereux (quoiqu’innocents des faits reprochés), pour qu’ils en endossent la responsabilité aux yeux de l’opinion publique. En d’autres termes, on est dans une variante de la vieille théorie du bouc-émissaire, ceci à toute fin de purgation politique et sociale.
C’est un fait avéré que de plus en plus de gens doutent de la réalité. Ils mettent en cause un système informatif jugé manipulateur, qui cache bien plus que ce qu’il ne montre du monde. On sait quels discours paranoïaques avaient suivi les attentats du 11 septembre 2001, à New-York. Quoique revendiqués aussitôt par Al Qaïda, c’était, pour tous ces nouveaux sceptiques, la CIA qui était derrière. C’est à peine si certains acceptaient la disparition tangible des deux Twins Towers du paysage new-yorkais. Quant au nombre de morts causés par ces attentats, il n’a jamais cessé d’être contesté : belle forme de révisionnisme appliqué à l’histoire immédiate. Le même phénomène de dénégation s’est passé récemment en France, relayé et amplifié par un web encore plus prépondérant. Non, les terroristes français ne seraient pas les vrais responsables du massacre des journalistes de Charlie Hebdo. Les services secrets français les auraient utilisés en sous main pour accroître l’islamophobie en France. Et qu’importe la version officielle des faits ! Qu’importe, même, les nombreux morts laissés sur le carreau! Rien ne peut faire changer d’avis celui qui s’est enfermé dans un système d’interprétation du monde qui lui convient à peu de frais. On a vu ainsi, dans des reportages télévisés, des adolescents qui déclaraient ouvertement que la vérité, désormais, étaient portée par Internet, par opposition à la télévision rangée du côté du mensonge. Cette vision simpliste mérite pourtant qu’on s’y arrête. S’il y a un peu de vrai dans cette opinion, cela tient à la connaissance des mécanismes de sélection qui caractérisent les images télévisuelles. Celles-ci sont évidemment partisanes mais pas dénuées de vérité pour autant. En revanche, il n’y a rien de tel sur Internet où les commentaires et les images, complètement libres, arrivent en cascade. C’est ce qui fait sa force et sa faiblesse à la fois, car elle oblige les internautes à redoubler de sens critique vis-à-vis de ce qui leur est donné à voir et à lire. La vraie valeur d’Internet ne réside pas dans son coefficient supplémentaire de vérité par rapport à la télévision, mais bien dans une liberté d’expression maximalisée. La véritable opposition est ici entre la liberté et la censure. Cette liberté d’expression nous a depuis longtemps séduits et nous y restons profondément attachés. Mais nous en mesurons aussi le marasme et les dérives qu’elle induit. Et il se trouve maintenant que, pour protéger la première, il faut de plus en plus accepter la seconde.
Bruno Da CAPO
15:36 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : complot, sceptiques, internet, attentats