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04/05/2012

La mouche du coche et le renard

 


 

 

 

A ce qu’on dit et avec la délicatesse qu’on lui connaît bien, Sarkozy rêvait « d’exploser » Hollande. Mais il est tombé sur un bec : affûté, acéré, piquant ici et là, tout en gardant un calme presque olympien.  La mouche du coche a sorti toute sa panoplie de caïd de banlieue, traitant Hollande de « menteur » et de « petit calomniateur ». Du raffiné, comme on peut voir. Il a même glissé à la fin du débat le nom de DSK comme argument suprême, n’en ayant plus apparemment. Dommage pour lui ! A mon sens, c’est là qu’il a réellement perdu pied et donc perdu tout court. Manque de sang-froid, pugnacité de roquet mal élevé, comment croire qu’il aurait la carrure de futur président ? Car les limites de l’exercice étaient bien là pour lui : candidat, ses vieux démons de sale gosse reprenaient le dessus. Or, ce débat n’était pas tant de confronter les deux projets que de montrer qui, des deux débatteurs, avait réellement une stature présidentiable. Hollande, par sa présence calme et sa tenue, a su gagner en force et en autorité. Sa longue tirade sur le « si j’étais président » fut le moment de la rencontre. La nervosité de Sarkozy, son extrême tension finissaient par lasser. Cela dit, l’avalanche de chiffres m’a un peu saturé d’autant qu’on peut les faire parler comme on l’entend, ces chiffres ! Aux toutes dernières nouvelles on annonce un ralliement de Bayrou à Hollande, même s’il ne donne pas de consignes de vote. Sarkozy risque de manquer de voix FN puisque Marine – cette fois, c’est sûr - votera blanc. Il reste néanmoins 10% d’indécis, ce qui peut renverser la donne... On peut penser qu’Hollande l’emportera mais peut-être pas avec autant d’écart qu’on croit... Laissons les urnes parler et attendons dimanche soir 20 heures !


                                         Yves CARCHON

 

 

 

Inventaire avant le dernier acte

 

 

 

 

 

 

  Que retiendra-t’on, finalement, de ce long débat – 2H45 – si attendu de l’entre-deux tours ? Pas grand-chose, sinon une impression de statu-quo. Le ton entre les deux candidats est resté à peu près courtois, malgré une succession de dénégations et quelques glissements langagiers (comme Sarkozy traitant Hollande de « petit calomniateur »). Hollande a critiqué le bilan de Sarkozy qui a critiqué le programme de Hollande, comme c’était parfaitement prévisible. Aucun des deux n’a enfoncé l’autre, même si sur le strict plan de l’élocution, l’avantage allait quand même au président sortant – Hollande ayant une fâcheuse tendance à avaler les voyelles. En revanche, Sarkozy se répétait excessivement en fin de débat, allant jusqu’ à reprendre des phrases entières prononcées quelques jours avant dans d’autres émissions télévisées (comme sa tirade sur les maires). Non, pas de mot mémorable comme ce « vous êtes l’homme du passif » lancé par Mitterrand à Giscard en 1981 ou, plus près de nous en 2007, cette colère en direct de Ségolène Royal face au même Sarkozy à propos des handicapés. Rien de mémorable sauf, peut-être, cette litanie improvisée de Hollande – « moi président de la république » - qu’il répéta une dizaine de fois pour résumer son opposition radicale tant aux thèses qu’au style de son adversaire. Quant à la conclusion de Sarkozy, comme on pouvait s’y attendre, elle s’est transformée en un appel sans équivoque aux Français encore indécis et à tous ceux qui ont voté au premier pour le FN ou pour le Modem. Nous connaissons à présent tant le choix de Marine Le Pen que celui de François Bayrou. Mais rien ne dit que leurs électeurs respectifs les suivront scrupuleusement. Et il se pourrait bien, au soir du 6 mai, que l’écart entre le vainqueur et le vaincu soit beaucoup plus mince que celui annoncé par les plus récents sondages.

 

                             Bruno DA CAPO

02/05/2012

La contre-fête du travail

 

               

 

 

 Quoiqu’il soit revenu, au cours de ces derniers jours, sur son idée du « vrai travail », Nicolas Sarkozy n’en a pas moins organisé, hier, place du Trocadéro, cette grande réunion qui se démarquait sensiblement des traditionnels défilés syndicaux du 1er mai. Et de prier ceux-ci de « baisser le drapeau rouge  pour servir la France et les travailleurs ». Aucun des syndicats, de la CGT à la CFDT, n’a suivi, évidemment, cet appel insidieux qui se double, en outre, d’un parfait contre-sens historique. Car Jean-Luc Mélenchon avait beau jeu de le rappeler au président-candidat: « Le 1er mai est rouge depuis toujours ». Depuis toujours, c'est-à-dire depuis 1886, quand les syndicats et les ouvriers américains ont, les premiers, fait grève pour bénéficier de conditions plus décentes de travail. Une exigence légitime qui devait trouver rapidement un écho en France, mais aussi une forte résistance chez les dirigeants de la Troisième République. Ainsi, à Fourmiès, le 1er mai 1891, la troupe fera feu sur des manifestants pacifiques, tuant dix d’entre eux mais transformant aussi ce jour tragique en un symbole absolu des revendications populaires. Il faudra cependant attendre 1919 pour que la journée de 8 heures devienne effective en France et le 1er mai de l’année suivante pour que ce jour soit officiellement chômé. En 1941, Pétain tentera de le récupérer politiquement en proposant de le salarier. Une mesure qu’aucun gouvernement de l’après-guerre ne remettra plus en cause. 

Oui, c’est cela le 1er mai. Pas la fête de Jeanne d’Arc ni, non plus, celle du « vrai travail », c'est-à-dire ce travail servile et abêtissant que n’ont cessé de promouvoir, depuis cinq ans, Sarkozy et ses sbires  au nom de la productivité et du redressement national. Le 1er mai, c’est le rappel que le travail est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le travail. Le 1er mai, c’est moins la fête du travail que celle du loisir péniblement conquis sur celui-ci par la détermination et le courage des hommes. Cette tension vers une vie meilleure, cette volonté de progrès social continu, même avec les bémols qu’impose la conjoncture économique actuelle, un seul candidat la porte à présent dans cette élection présidentielle : François Hollande.

 

                           Bruno DA CAPO