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02/05/2012

La contre-fête du travail

 

               

 

 

 Quoiqu’il soit revenu, au cours de ces derniers jours, sur son idée du « vrai travail », Nicolas Sarkozy n’en a pas moins organisé, hier, place du Trocadéro, cette grande réunion qui se démarquait sensiblement des traditionnels défilés syndicaux du 1er mai. Et de prier ceux-ci de « baisser le drapeau rouge  pour servir la France et les travailleurs ». Aucun des syndicats, de la CGT à la CFDT, n’a suivi, évidemment, cet appel insidieux qui se double, en outre, d’un parfait contre-sens historique. Car Jean-Luc Mélenchon avait beau jeu de le rappeler au président-candidat: « Le 1er mai est rouge depuis toujours ». Depuis toujours, c'est-à-dire depuis 1886, quand les syndicats et les ouvriers américains ont, les premiers, fait grève pour bénéficier de conditions plus décentes de travail. Une exigence légitime qui devait trouver rapidement un écho en France, mais aussi une forte résistance chez les dirigeants de la Troisième République. Ainsi, à Fourmiès, le 1er mai 1891, la troupe fera feu sur des manifestants pacifiques, tuant dix d’entre eux mais transformant aussi ce jour tragique en un symbole absolu des revendications populaires. Il faudra cependant attendre 1919 pour que la journée de 8 heures devienne effective en France et le 1er mai de l’année suivante pour que ce jour soit officiellement chômé. En 1941, Pétain tentera de le récupérer politiquement en proposant de le salarier. Une mesure qu’aucun gouvernement de l’après-guerre ne remettra plus en cause. 

Oui, c’est cela le 1er mai. Pas la fête de Jeanne d’Arc ni, non plus, celle du « vrai travail », c'est-à-dire ce travail servile et abêtissant que n’ont cessé de promouvoir, depuis cinq ans, Sarkozy et ses sbires  au nom de la productivité et du redressement national. Le 1er mai, c’est le rappel que le travail est fait pour l’homme et non pas l’homme pour le travail. Le 1er mai, c’est moins la fête du travail que celle du loisir péniblement conquis sur celui-ci par la détermination et le courage des hommes. Cette tension vers une vie meilleure, cette volonté de progrès social continu, même avec les bémols qu’impose la conjoncture économique actuelle, un seul candidat la porte à présent dans cette élection présidentielle : François Hollande.

 

                           Bruno DA CAPO