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10/06/2011

Le tournis médiatique

 


 

Après les affaires DSK, Tron et Ferry, voilà qu’on nous ressert les toutes dernières péripéties de chez les Bettencourt ! De grâce, n’en jetez plus ! Où sommes-nous donc tombés ? Une affaire chasse l’autre et nous voilà sommés d’entrer en  empathie avec des personnages de série B ! Aujourd’hui plus qu’hier dans notre cher pays, chacun y va de son couplet, de sa fine analyse, de ses supputations savantes, voire lumineuses et évidentes : la France est devenue un Café du Commerce ouvert à toutes les élucubrations ! Pour exister (et surtout pour survivre) l’information en est-elle donc réduite à faire dans le people ? A quoi joue-t-elle : court-elle après les tous nouveaux réseaux de communication ? Est-elle soumise aux tyranniques diktats de l’Audimat ? A trop surenchérir, elle peut perdre son âme ! Pourtant, les sujets graves ne manquent pas. Ils sont légion : la crise économique mondiale et toutes ses retombées que l’on est loin de mesurer encore ; ce qui se passe en Grèce, au Portugal, en Italie... bientôt chez nous, peut-être ; la Lybie, la Syrie, l’affrontement israélo-palestinien, le Yémen... l’Afghanistan, où nous avons des troupes, avec son lot de soldats morts... Au fait, qu’y faisons-nous là-bas ? Motus et bouche cousue. Mieux vaut parler des présidentielles à venir, des candidats à la candidature ! Du Centre ! Des Verts joliehulotte ! Du claudiquant PS ! Ah que voilà de grands sujets ! Mais il est vrai que la cuisine électorale se moque bien des plats couchés sur le menu ! Ce tournis médiatique donne bien sûr le vertige. Pour s’en extraire et s’attaquer aux grands enjeux de la planète, j’invite chacun à réfléchir sur cet emballement. Et à croquer dans un concombre accompagné de deux olives !

 

                                          Yves CARCHON

 

07/06/2011

Cinéma : « la conquête » de Xavier Durringer




L’histoire est maintenant bien connue : celle d’un petit homme qui se voulait un grand destin. Celle d’un enfant des années 50, Français d’origine hongroise et militant politique de la première heure qui, à force de ténacité, est arrivé, au tournant des années 2000, à se faire élire à la présidence de notre beau pays.
Cette (résistible)  ascension de Nicolas S. est le sujet même de « La conquête », le film de Xavier Durringer présenté en ouverture du récent festival de Cannes. Servi par le scénario minutieux de Patrick Rotman, il y évoque dans le détail les progressives ambitions présidentielles du ministre Sarkozy à partir de 2002 et ses préparatifs forcenés à la campagne de 2007, à grands renfort de communicants et  de slogans creux comme cet inénarrable « Ensemble tout est possible ». Il y a aussi, en toile de fond, une histoire d’amour qui se décompose et qui laisse penser qu’elle est le moteur secret de toute cette histoire. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Xavier Durringer n’a pas lésiné sur les moyens, notamment pour recréer à l’identique des décors officiels. Son casting n’est pas moins soigné, chacun des comédiens campant son personnage avec un souci époustouflant du détail – à commencer par Denis Podalydès, Bernard Le Coq et Samuel Labarthe, respectivement dans les rôles de Nicolas Sarkozy, de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin. Par leurs répliques et leurs mimiques, ils donnent une saveur nouvelle à ces rivalités que personne n’a eu le temps d’oublier. Mais il se passe ce qu’il se passe lorsqu’on regarde ces tableaux en trompe-l’œil : la confusion momentanée entre l’art et le réel représenté. A trop vouloir coller à leurs personnages, ils glissent dans la caricature et nous font rire avec des agissements qui devraient logiquement nous inquiéter quand ils se déroulent au sommet de l’Etat. Est-ce qu’un montage d’archives, comme d’autres l’ont fait avant avec quelques grands dirigeants, eût été plus convaincant ? Rien n’est moins sûr. On peut se demander, in fine, pourquoi ce film sort maintenant, alors même que la plupart des protagonistes qui l’ont inspiré occupent encore le devant de la scène. Sous l’angle historique, il vient trop tôt, c’est certain. Mais si son intention est politique (comme tout porte à le croire), si son parti-pris est de montrer la cuisine peu ragoutante qui se mijote dans l’ombre de toute grande entreprise électorale, alors il vient à point pour aiguillonner la conscience des citoyens un an avant la prochaine présidentielle. Il parait que Nicolas Sarkozy n’a pas voulu voir son double à l’écran. Et, ma foi, il a eu raison.


                                                Bruno DA CAPO        

06/06/2011

La Porte du Soleil



Quelque chose se profile sur la grande place de la Puerta del Sol à Madrid. Un mouvement embryonnaire né d’un ras-le-bol social. Des groupes d’hommes et de femmes, jeunes pour la plupart, semblent redécouvrir les saines vertus de l’agora antique. Ce sont, pour la plupart, des citoyens et citoyennes victimes de la crise espagnole qui manifestent et interpellent le pouvoir politique en soulevant le voile sur la réalité sociale de leurs pays. Ils ne sont pas organisés, se rassemblent chaque jour, ne sont d’aucun parti, ni d’aucune obédience. Ils mettent en forme pour ainsi dire le pourquoi du malaise qui les ronge. On peut gager, comme au bon temps des Etats Généraux, qu’ils ouvriront bientôt ce qu’à l’époque on appela : cahiers de doléances. On peut penser aussi que ce malaise qui les pousse à agir n’est pas uniquement social. C’est le rapport entre pouvoir et citoyens qui pose problème. Cet exercice direct de la démocratie est à mon sens le meilleur. Nous ferions bien de nous en inspirer. Il y a deux jours, une affichette sur les murs toulousains, signée les Indignés, nous invitait à investir la place du Capitole à dix-neuf heures. Depuis, des rassemblements d’Indignés ont lieu à Paris, à Lisbonne, à Barcelone et à Athènes. Ce qui est sûr, en Espagne comme ailleurs, c’est que la représentation démocratique est mise en cause et que les peuples ne se reconnaissent plus dans les élites qui les dirigent. L’Europe et tous ses dirigeants, même s’ils sont élus, semblent coupés de la base. Mais l’Europe a bon dos. C’est bien dans notre pratique démocratique qu’il faut revoir les choses au risque de faire le lit des populismes qui gagnent du terrain. « Il faut vivre indigné » clamait Emile Zola. Stephan Essel et son petit ouvrage a repris la formule. Il semblerait qu’ils aient fait des petits. Tant mieux ! Comme on chantait dans Hair jadis : « Laissons, laissons/Entrer le soleil ! », la Porte du Soleil paraît toute indiquée pour lancer ce programme !

                                 

                                               Yves CARCHON