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04/08/2017

Bruissements (74)

 

 

Moralisation : périodiquement le projet de moraliser la vie politique revient sur la table. Une affaire éclate ; le peuple crie « tous pourris ! » et le gouvernement promet des mesures d’assainissement. Mais le sujet est trop complexe, trop sensible, et on ne va pas jusqu’au fond des choses. Après l’affaire Fillon et le trouble qu’elle a jeté durant cette dernière campagne présidentielle, il fallait donner un coup de pied dans la fourmilière. Macron l’a donc fait via l’Assemblée Nationale. Après cinquante heures de débat et l’examen de quelques 800 amendements, celle-ci a donc accouché, vendredi dernier, d’un texte modifiant des habitudes de longue date. Ainsi, il ne sera plus permis à nos députés d’embaucher des membres de leur famille à des tâches complémentaires. La suppression de la réserve parlementaire, qui leur est généreusement allouée à hauteur de 130 000 euros par an, était également à l’ordre du jour. Si elle est finalement votée, leurs frais  devront être remboursés sur la base de justificatifs. En revanche, le nouveau texte leur permet encore d’exercer des fonctions de conseil parallèlement à leur mandat (si elles sont antérieures d’un an à celui-ci). Et si l’inéligibilité pour manquements graves  à la probité a été adoptée, elle ne leur fait pas obligation d’avoir un casier judiciaire vierge. On mesure là le caractère incomplet de cette réforme pourtant attendue par les Français. Paradoxalement, ces mesures adviennent  dans un contexte où le président  compte créer un statut pour la première dame. On ne saura jamais exactement ou commence la loi et où finit le népotisme.

 

Fronde : On ne croyait pas la chose possible – du moins pas si vite -, vu le caractère extrêmement ordonné de la République En Marche. Cette fois, la surprise est venue, non pas de députés, mais de simples adhérents de ce nouveau parti (qui en compte présentement 370 000). Une trentaine d’entre eux ont  contesté le manque de transparence et de démocratie interne dans les convocations de vote. Et ont constitué illico un collectif de combat,  « La démocratie en marche ». Le différend doit être porté devant les tribunaux, mais on se doute bien comment tout cela va finir.

 

Agression : l’omniprésence, dans l’actualité, de Macron et de la République En Marche a sans doute quelque chose d’agaçant. Mais de là à exprimer son ras-le-bol par la violence physique… C’est ce pas qu’a franchi, dimanche dernier à Bagneux, un sexagénaire excédé par une députée de ce parti et son manque de pédagogie. Un coup de poing au visage que l’auteur des faits, devant le tribunal qui le jugeait en comparution immédiate, a essayer de minimiser, prétextant « une bêtise ». Il n’en a pas moins écopé de six mois de prison dont un mois ferme. Certes, de tels gestes ne font pas honneur à la démocratie. Mais il n’est pas certain qu’il aurait pris autant s’il avait frappé une simple militante, comme il croyait le faire.

Dé-radicalisation : C’était l’unique centre de dé-radicalisation des djihadistes français. Il avait ouvert ses portes à Pontourny (Indre-et-Loire) en septembre 2016 et avait une capacité d’accueil de vingt-cinq places. Mais son pic de fréquentation n’aura pas dépassé les neuf pensionnaires et il était vide depuis février dernier. Aucun d’eux n’a d’ailleurs suivi jusqu’au bout ce programme de réinsertion : mais se sentaient-ils malades ? Aussi, devant l’échec manifeste de ce projet, le Ministère de l’Intérieur a donc décidé sa fermeture, tout en déclarant ne pas abandonner d’autres pistes alternatives à l’emprisonnement. On ne soigne pas les velléités de terrorisme comme on soigne l’addiction à l’alcool ou aux drogues.

 

Incendies: chaque été, hélas, les incendies font l’actualité, particulièrement en PACA. Avec eux c’est la vie la plus concrète, tant celle des hommes que celle de la nature, qui est menacée. Ceux qui ont ravagé, la semaine dernière, plus de 7200 hectares dans le Var, démontrent encore une fois la responsabilité humaine en amont, que la cause soit volontaire ou non. Ils soulignent aussi les failles dans le dispositif de protection, en particulier le manque et l’obsolescence des canadairs engagés dans cette lutte. Mais le pire est à venir, si l’on en croit les experts qui nous expliquent que le réchauffement climatique accentue une sécheresse qui profite aux départs de feux. Quand on vous dit que tout est lié…

 

Erik PANIZZA

05/12/2013

La pénalisation du pénis

 

                  

 

 

Ah ! Elles ont fini par la faire adopter à l’Assemblée Nationale, leur loi scélérate et liberticide ! Elles, c'est-à-dire les associations féministes dont Maud Olivier et Najat Vallaud-Belkacem sont actuellement les porte-paroles les plus notoires. Malgré une courageuse pétition sur « Causeur », malgré une kyrielle d’opinions avisées s’inscrivant en faux contre ce projet, malgré son rejet par une majorité de Français, elles l’ont imposée à notre pays, notre culture, notre société, pourtant aux antipodes d’un tel puritanisme. La moralisation par la force publique: belle leçon d’anti-démocratie ! Au motif de combattre la prostitution et de redonner de la dignité aux personnes prostituées, elles se sont assises sur la responsabilité individuelle de chacun et ont créé une nouvelle catégorie de délinquants : leurs clients. Elles ont transformé arbitrairement un rapport sexuel entre adultes consentants en un acte de violence faite aux femmes dans leur ensemble. Car pour ces nouvelles pourfendeuses du vice, un homme est toujours un violeur, un violent, un dominant et un exploiteur en puissance des femmes, fut-il un déclassé à mille lieues du pouvoir dont elles bénéficient aujourd’hui. Quelle stupidité ! Quel refus obstiné de voir et d’entendre la vérité dans la bouche même de tous ceux et celles qui sont concernés par cette loi partisane ! Et cependant, qui peut gober de pareilles couleuvres ? Qui, ayant deux sous de raison, ne peut comprendre qu’à travers le candidat à un spasme tarifié, c’est chaque représentant du sexe masculin qui est suspecté et incriminé. Voilà leur véritable motivation derrière leur discours progressiste et humaniste; voilà le travail de division sociale qu’elles ont mis en œuvre et qui les rend si fières, ces braves petites guerrières. Les hommes, hélas, on ne les a que trop peu entendus sur ce sujet pourtant bien plus grave qu’il ne parait. Il est vrai qu’il est plus facile et moins humiliant d’aller défiler contre – ou pour – le mariage pour tous que de défendre publiquement une activité qui a toujours été plus ou moins clandestine. Clients ou pas, ils ont une nouvelle fois brillé par leur silence, ne comprenant pas que l’enjeu était autrement plus important que de pouvoir tirer tranquillement sa crampe entre deux portes. L’enjeu, c’est la préservation du droit fondamental des individus à disposer librement de leurs corps. Et c’est ce droit que cette loi, aussi absurde qu’injuste, menace à présent. Oui, peu à peu, à pas feutrés, nous nous rapprochons de la société infernale « imaginée » par Orwell dans « 1984 ».

Il y a plus. Car cette loi on ne peut plus répressive émane, paradoxalement, d’un gouvernement de gauche. Venant de la droite, elle aurait été tout aussi critiquable mais presque dans une logique séculaire de bien-pensance. Venant de la gauche, par tradition libératrice des mœurs, elle est à proprement parler intolérable. D’autant plus, qu’à l’évidence, ses premières victimes ne seront pas des riches qui peuvent recourir discrètement à des escort-girls par le Net. Ce seront des pauvres, veufs, chômeurs, handicapés et autres solitaires qui composent essentiellement la clientèle des prostituées de rue, à 30, 40 ou 50 euros la passe. Ce sont ceux-là que les flics, quand ils n’auront rien de plus sérieux à faire, pourront prendre en flagrant délit dans les rues et les axes routiers de nos villes. Imagine-t’on ce que peut représenter une amende de 1500 euros quand on doit vivre, chaque mois, avec seulement les deux tiers, voire la moitié,  de cette somme ? Bonjour l’angoisse ! Eh bien ce traitement de choc, ils le devront à un pouvoir qui aurait dû logiquement les défendre et améliorer leur condition. Un pouvoir qui a vidé de sa substance le beau mot de « socialisme ».

 

                                          Erik PANIZZA

 

 

Pour compléter cet article, on pourra lire le pamphlet argumenté de Jacques Lucchesi, « Féminisme et prostitution », publié dans son recueil d’essais, « La fabrique de la féminité » (chez Edilivre)