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20/01/2017

  La gifle

                                  

 

Quelle est l’information la plus marquante de la semaine ? La décision de Therésa May d’accélérer le processus du Brexit en Angleterre ? L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ou les grâces pénales massivement accordées par Barack Obama avant son départ? Point du tout ! C’est la GIFLE. Non pas le film de Claude Pinoteau avec Isabelle Adjani et Lino Ventura mais sa version plus moderne, avec Manuel Valls dans le rôle principal.

Alors qu’il était en déplacement à Lamballe (Côtes d’Armor), l’ex-premier ministre et candidat aux primaires de la gauche a eu la désagréable surprise d’être giflé par un jeune homme tapi dans la maigre assistance qui suivait sa visite. Un geste prémédité puisque l’agresseur lui avait serré la main cinq secondes auparavant. Une gifle ou plutôt une chiquenaude que l’élève boxeur qu’est Manuel Valls n’a pas vu venir – et pour cause – puisqu’il était déjà passé à un autre badaud. Aussitôt son garde du corps a empoigné  l’assaillant à la gorge et l’a plaqué sans ménagement sur le sol – ce qui a dû certainement être plus douloureux pour lui que pour sa « victime ». On sait à présent que c’est un jeune militant  - 18 ans – d’une formation identitaire bretonne, actif sur les réseaux sociaux.

Bon, comme agression politique, on a quand même vu mieux et surtout beaucoup plus drôle. Comme l’enfarinement de François Hollande durant sa campagne de 2012, ou les attentats pâtissiers de Noël Godin à l’encontre de  Bill Gates et de Bernard-Henri Lévy. Mieux vaut, à tout prendre, une petite gifle qu’une grosse tarte à la crème dans la figure. Mais Manuel Valls (qui n’a jamais brillé par son humour) a décidé de porter plainte : non pas pour lui, a-t-il précisé, mais parce qu’il est contre la violence en politique. On le comprend. Jugé en comparution immédiate, l’audacieux Nolan – c’est le prénom du gifleur – a écopé de trois mois de prison avec sursis et d’une peine de 105 heures de travaux d’intérêt collectif. La justice aurait-elle été aussi rapide et inflexible s’il avait giflé monsieur Dupont ? Rien n’est moins certain.

 

                         Jacques LUCCHESI  

03/07/2015

La spirale terroriste

                       

 

 

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que la langue de Manuel Valls fourche souvent lorsqu’il commente les drames qui secouent notre monde. Samedi dernier, en réaction aux attentats terroristes à Sousse et à Grenoble, le premier ministre a parlé « d’une guerre de civilisation », sans qu’on sache exactement s’il accordait ce dernier mot au pluriel ou au singulier. La question n’est pas anodine et plus d’un cacique socialiste est monté au créneau pour le lui rappeler. Car s’il y a présentement un combat de la civilisation contre la barbarie nihiliste  - quelles que soient les raisons dont elle se pare -, on ne saurait rationnellement parler d’une guerre des civilisations, par référence au traité de Samuel Huntington – que, d’ailleurs, très peu de politiques ont lu dans le détail. Reste qu’il y a quand même des causes objectives à cet affolement du langage. Car depuis plusieurs décennies, le monde n’avait pas connu une telle succession de massacres et d’attentats. Même le terrorisme d’inspiration révolutionnaire, extrêmement actif dans les années 70, ciblait mieux ses attaques, réclamait des rançons, versait le sang avec plus de parcimonie. Alors qu’avec Daech et ses affidés, toute forme de négociation est suspendue. La mort et la destruction, pour peu qu’elles soient filmées, semblent être leurs seules propositions face à l’ensemble des nations libres. Et là comme ailleurs, il s’agit de faire du chiffre. Les 37 tués de Sousse en sont la terrible évidence.   

Au delà des effets d’annonce et des déclarations martiales de nos dirigeants, la question est bien de savoir s’ils vont enfin tirer les conséquences juridiques qu’impose une telle menace. Par exemple la déchéance de nationalité pour les français qui vont rejoindre les rangs de l’état islamique et le rétablissement de tribunaux d’exception pour ceux reconnus coupables de crimes contre l’humanité. Aux grands maux, pas de grands mots, mais surtout de grands moyens. 

 

                       Bruno DA CAPO

20/01/2015

Les tables de la république laïque

 

 

Cette marche silencieuse du dimanche 11 Janvier 2015 marquera les mémoires. Sursaut républicain d’un peuple qu’on nous disait défait, soumis, n’ayant plus foi en lui. Des profondeurs du génie national a jailli le franc refus de la barbarie islamiste. Après l’effroi, garder notre sang-froid doit être le mot d’ordre. Après le temps de l’émotion, ô combien légitime, voici venu celui de l’analyse. Ainsi, certains déjà posent les questions qui grattent : était-on assez protégé ? Et où étaient les « failles » dont a parlé Manuel Valls ? Comment a-t-on laissé passer entre les mailles du filet de dangereux individus déjà connus des différents services de surveillance du territoire ? Ne sachant si les individus en question avaient déjà commis d'autres assassinats ! D’autres remarques nous interpellent. On sait que tout le monde en France n’était pas Charlie, que des attaques de mosquées, de synagogues ont ponctué les jours qui ont suivi le drame national. On sait aussi que dans les réseaux dits sociaux ont émergé des propos scélérats et racistes, quand ils n’étaient pas pro-terroristes. Autre remarque : même si l’on doit rester uni et éviter tout amalgame, on doit bien reconnaître que de petits Français éduqués et instruits par notre école républicaine sont devenus des terroristes. Que dire de cette institution censée former des citoyens libres et égaux ? Il semble bien qu’elle n’ait pas fait le job, comme nous tous d’ailleurs, devrait-on aussitôt ajouter. Aujourd’hui sonnent les trompettes de la sécurité. Il n’y a certes pas de liberté sans la sécurité, mais cette même liberté ne peut survivre sans la laïcité. Si l’on s’y tient, chacun pourra vivre librement tout en respectant l’autre. Pas besoin de citer Voltaire, encore qu’il a tout lieu d’en éclairer encore plus d’un ! Non : revenons aux tables de la république laïque. Enseignons-les pour les appliquer fermement de partout sur le sol français.

 

 

                                     Yves CARCHON