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17/01/2017

Persona non grata

 

 

 

La nouvelle n’a pas fait grand bruit, voici deux semaines. Pourtant, elle est hautement significative des accointances douteuses et des dérives qui gangrènent  la vie politique française à l’approche d’une élection capitale. Marine Le Pen est désormais tenue pour indésirable par le gouvernement (pro-occidental) de Kiev et, à ce titre là, interdite d’accès au territoire ukrainien. Motif : elle aurait publiquement estimé que la Crimée est une zone russe et que son annexion par Poutine, à l’issue d’un pseudo référendum en 2014, est somme toute légitime. Ce n’est pas la première fois que la patronne du FN est rejetée par un pays étranger : on se souvient encore avec quelle véhémence les québécois l’avaient accueillie, l’an dernier, à Montréal. Peu importe, me rétorquera-t’on : l’important c’est toujours d’être maître chez soi. Mais est-ce encore si sûr ? Car si Marine Le Pen est aussi ouvertement russophile, c’est parce qu’elle a un intérêt à l’être. Voici deux ans, elle a bénéficié, pour financer sa campagne, d’un prêt de neuf millions d’euros par la banque russe FRCB. Le problème c’est que, depuis, la banque en question a fait faillite et que son principal créancier se retrouve être, à présent, le maître du Kremlin. Mieux vaut, dans ce cas, ne pas trop l’irriter par des subtilités géopolitiques si elle veut espérer l’annulation de sa considérable dette. Voilà comment on se rend dépendant d’une puissance étrangère et qu’on l’introduit dans le jeu politique hexagonal. Un comble pour celle qui s’est faite la championne de l’indépendance nationale !

 

                            Bruno DA CAPO

                                            

16:05 Publié dans numéro 17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, le pen, dette, banque

13/07/2015

Pari gagné

 

Lors du dernier référendum, les Grecs ont donc refusé à 61% le plan d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque Centrale Européenne et le FMI à l’occasion de la réunion de l’Euro-groupe du 25 juin dernier. Ils n’ont pas pour autant rejeté l’Europe ni voulu sortir de l’euro. Ils ont dit non au plan d’austérité imposé par Merkel et d’autres pays européens qui disent ne plus vouloir « aider » la Grèce. Parmi eux les plus jeunes et tous ceux qui soutiennent Alexis Tsipras, dont il faut saluer ici le courage intrépide. D’aucuns en font un fieffé populiste. L’est-il parce qu’il demande au peuple grec l’appui dont il a tant besoin ? Son pari était certes risqué. Il l’a gagné et en sort renforcé. Mais la troïka - devenue entre temps « les Instances » - dans tout ça ? Voilà plus de trois ans que les Européens, de plan de sauvetage en plan de dernière chance, prodiguent des médications qui n’ont apparemment aucun effet sur la santé économique grecque. Pire même : il semble que les fameux remèdes soient devenus des poisons. Le bras de fer qui s’engage cette semaine est crucial, tant pour l’Europe que pour la Grèce. Au-delà des postures inflexibles, les Européens devront retrouver les grands principes qui ont présidé à l’Union dont celui, oublié, de solidarité. La dette grecque devra nécessairement être « restructurée » comme on dit quand on travaille au FMI (autrement dit, en termes clairs, allégée) et son remboursement étalé sur une période plus longue. Tsipras a déjà fait des signes lors d’un dernier discours : il veut présenter « des propositions de réformes concrètes et fiables », et avoir pour priorité « la réforme de l’Etat et la lutte contre les oligarchies ». Les responsables de la zone euro se sont donnés une semaine pour étudier ces nouvelles propositions. Si ce n’est pas un début de dialogue productif, ça y ressemble fort. On peut croire d’ores et déjà que chacun des acteurs en sortira grandi sans pour autant se sentir humilié ou roulé dans la farine. Mais il aura fallu quand même ce courageux appel au peuple pour faire plier les oligarques européens !

 

                                 Yves CARCHON

 

 

30/06/2015

Les Trissotins européens

 

La Grèce, mauvais élève de l’Europe ? Peut-être. J’avoue avoir toujours eu un faible pour les mauvais élèves. Pourquoi ? Parce que très souvent, ils sont les révélateurs d’un système qui ne marche plus très bien. Bien souvent, nos maîtres préfèrent s’occuper des bons élèves, délaissant les autres qui, eux, ont besoin d’être guidés. L’Europe, comme hélas l’Education chez nous, bat — on le sait depuis longtemps — de l’aile. La Grèce, certes, n’a pas toujours été à la hauteur mais l’Europe et ses maîtres es—économie n’ont rien fait pour intervenir quand il l’aurait fallu. Ils ont sciemment fermé les yeux, préférant mettre un mouchoir sur sa dette devenue aujourd’hui abyssale. Les Grecs devraient maintenant la rembourser illico, alors qu’on sait qu’une telle chose est impossible. On parle de « restructurer » la dette : eh bien, faisons-le ! Que la Grèce rembourse, pourquoi pas, mais sans qu’on la presse ou la pressure. Pourquoi ne pas concevoir un calendrier plus long, qui s’étendrait sur une bonne décennie, voire plus ? Un calendrier, certes rigoureux , mais qui serait plus souple sur le long terme ? L’Angleterre, première puissance économique au XIXème siècle, était endettée elle-même jusqu’au cou. Elle a jugulé sa gigantesque dette avec le temps. Alors, que cherche-t-on à nous jouer, FMI en tête avec une Lagarde moulée dans une chape de fer ? Une tragédie antique avec fatum où la Grèce devrait mourir, immolée sur l’autel de l’Argent-Roi ? Ou une farce moliéresque où les bons docteurs sont trois fois sots comme Trissotin et plus hypocrites que Tartuffe ? Je laisse à chacun le soin de cocher l’une des deux cases !

 

                            Yves CARCHON

14:51 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grèce, europe, dette, lagarde