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03/04/2007

Y a t'il encore des artistes de gauche?

Naguère, les artistes, qu’ils soient chanteurs, acteurs, peintres ou écrivains, s’associaient volontiers avec les forces politiques les plus progressistes. Tous n’étaient peut-être pas aussi engagés à gauche qu’un Jean Ferrat ou un Yves Montand mais, lorsque l’occasion se présentait, ils descendaient dans la rue et soutenaient ouvertement les figures de proue du changement social. C’est que la gauche en France , qu’elle soit communiste ou socialiste, s’inscrivait pleinement dans cette dynamique de revendications et de réformes ( à laquelle nous devons la plupart de nos acquis sociaux) face à une droite plus encline à perpétuer les valeurs morales séculaires et à défendre la libre entreprise.
Las ! En quelques décennies, la donne a évidemment changé. Les frontières ne sont plus aussi nettes entre les grands groupes politiques, chacun ayant tendance à grappiller dans le pré carré de son adversaire ce qui lui sert momentanément tout en gardant – n’en doutons pas – sa ligne directrice. Ainsi en va-t’il pour Ségolène Royal quand elle propose des mesures répressives « droitistes » pour endiguer l’insécurité urbaine ou de Nicolas Sarkozy quand il plaide avec aménité la cause des plus défavorisés. Non, les pôles politiques ne se sont pas inversés mais leurs discours respectifs participent toujours de la grande illusion – sinon de la duperie généralisée – en cette période électorale.
Cela n’est pas vraiment nouveau. Ce qui est plus surprenant, c’est de voir la proportion de personnalités « people » qui clament aujourd’hui leur préférence aux valeurs libérales et à son représentant officiel . Moins par conviction idéologique que par intérêt personnel, pour préciser les choses : car il ne faudrait pas oublier que dans le terme franglais « show-business », c’est le deuxième mot qui est important. On a ainsi pu voir Alain Delon ( droitiste de longue date) et Christian Clavier se réjouir publiquement de l’élection de Sarkozy à la présidence de l’UMP, en décembre 2004. Plus récemment, ce sont Johnny Hallyday ( qui chantait voici quelques années à la fête de l’Humanité) et Doc Gynéco qui sont venus lui apporter leur « parrainage ». Dans le même temps, qui voit-on dans le camp adverse ? C’est à peine si Djamel Debbouze se déclare favorable à la candidate du P.S entre deux boutades. Quant aux autres…
Au demeurant, je ne sais trop si Sarkozy peut être fier de posséder de tels amis. Doc Gynéco ne doit rien moins que 700 000 euros d’arriérés au fisc. Quant à Johnny, le voici prêt à devenir citoyen suisse pour échapper à ses obligations de contribuable français. Gardons nous de les blâmer trop vite. Car ils sont, là aussi, en accord avec la logique libérale qu’ils soutiennent en la personne de monsieur Sarkozy : c’est à dire celle qui veut faire le plus de profit avec le moins de charges en retour. Comme quoi, on est toujours trahi par les siens…

Rob WOODWARD

11:46 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)

En bref

Au terme d’un an et demi de procés, Saddam Hussein a été pendu à Bagdad, le 30 décembre dernier. Il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur l’exécution de celui qui fut l’un des plus féroces dictateurs de la seconde moitié du XXeme siècle. Mais ainsi, on ne saura jamais toute l’étendue de ses crimes durant les trente années qu’il passa à la tête de l’Irak. En outre, sa pendaison aurait pu attendre deux ou trois semaines de plus ( comme ce fut le cas pour ses deux lieutenants ). Car le mettre à mort au début de l’Aïd – fête de l’alliance et du pardon chez les musulmans - était on ne peut plus malvenu. D’ici que quelques fanatiques n’en fassent un martyre de l’Islam, il n’y a pas loin…

« Charlie Hebdo » et son directeur Philippe Val ont été relaxés, le 8 février dernier, à l’issue d’un procés qui les opposaient à deux associations islamiques ainsi qu’au recteur de la Mosquée de Paris, Dalhil Boubakeur. Ceux-ci avaient porté plainte pour insultes à l’Islam et racisme après que le journal satirique ait publié, par soutien, deux des caricatures danoises de Mahomet. Un procés important , donc, et qui a rappelé, à tous ceux que cela dérange, que la liberté d’expression a encore un sens en France. Coup de chapeau au journaliste algérien Mohamed Sifaoui, musulman lui-même, qui est venu courageusement témoigner en faveur de « Charlie Hebdo ».

L’actualité de l’Eglise n’est guère reluisante et pourrait aussi donner lieu à maintes caricatures. Pas besoin de revenir sur les bourdes du Pape, à propos de l’Islam, à l’automne dernier. Mieux vaut se pencher sur l’attitude frileuse des autorités catholiques vis-à-vis de la recherche médicale, comme l’a de nouveau montré la polémique autour du populaire Téléthon. Au motif que certaines maladies – de plus en plus, en fait – impliqueraient la culture d’embryons humains pour des clonages thérapeutiques, l’Eglise tire sa sonnette d’alarme. Le droit à la vie d’êtres qui ne sont pas encore nés a sa préférence sur le droit à la vie – et à la santé - de ceux qui sont nés et qui souffrent. Bel exemple de charité ! Combien de fois faudra-t’il répéter que les embryons , constitués par quelques centaines de cellules, ne sont pas des fœtus et encore moins des personnes ? Si les choses doivent évoluer – et forcément elles évolueront -, mieux vaut , pour le bien de tous, que ce soit dans le sens de la médecine moderne. Quant aux récents scandales qui ont éclaboussé le clergé polonais, ils montrent , une fois de plus, que la résistance, sous un régime totalitaire, vient rarement de ceux qui devraient pourtant l’incarner. Mais la collusion de l’Eglise et du pouvoir est une vieille histoire, n’est-ce pas ?

Le réchauffement du climat n’est pas ce qu’on appelle une hypothèse scientifique. Chacun de nous peut en prendre la mesure sur la base des températures printanières qui ont caractérisé ce récent hiver. La principale cause de ce facteur alarmant est, on le sait bien, l’émission de co2 dans l’atmosphère, autrement dit la pollution par les carburants de transport. Il est évident que nous allons tous devoir apprendre à consommer moins d’énergie au cours des prochaines décennies. Ce qui, bien entendu, ne fait pas l’affaire de tout le monde, à commencer par les industries du pétrole et de l’automobile. C’est ainsi qu’aux USA, certaines firmes ont grassement payé des scientifiques pour qu’ils laissent planer le doute, dans leurs articles, sur les causes précises du réchauffement actuel de la planète. Le pot-aux- roses a heureusement été découvert, ce qui permet de mieux voir le lien de cause à effet entre le profit et la dégradation des conditions de vie sur terre. « Après nous la fonte des glaces » : voilà qui pourrait être la devise de General Motors. Ou de Total, ce fabriquant accidentel d’un nouveau type de galettes. Au fait, vous avez dit « galette » ?

Bruno DA CAPO

11:44 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)

Marseille: l'Hôtel Dieu à la casse

La nouvelle est tombée le 5 février dernier : au terme d’une séance particulièrement houleuse, le conseil municipal a fini par faire adopter le projet de vente de l’Hôtel-Dieu au groupe Axa. Une bonne affaire, assurément, car celui-ci l’a acquis pour seulement 7,5 millions d’euros, alors même que la Ville l’avait racheté à l’Assistance Publique pour 9,9 millions d’euros, quelques années auparavant. Rien n’ a pu ,encore une fois, arrêter le rouleau-compresseur de la logique libérale, pas même le rappel du passé quasi-millénaire de ce bâtiment pourtant classé monument historique. Sur les ruines de ce qui fut l’un des plus anciens hôpitaux de France – il fut actif jusqu’en 1993 – va bientôt se dresser un palace de 180 chambres et 14 suites. Inutile de préciser que les Marseillais n’en profiteront pas, même si – piètre aumôme - ce projet prévoit la construction de 75 nouveaux logements sur la face nord-est du site. Au demeurant, une petite promenade autour du Vieux Port suffit pour constater que d’autres chantiers hôteliers sont déjà avançés. Est-ce pour accueillir les touristes qui vont déferler lorsque Marseille sera élue ville culturelle européenne en 2013 ? Voilà une baudruche qui risque de se dégonfler bien vite, vu le peu de budget que l’actuelle munipalité octroît à la culture. Alors pourquoi une pareille frénésie de constructions ? « Que voulez- vous, messieurs-dames ? Pourrait dire notre bon maire avec l’accent qui fait avaler la pilule. Il faut bien que Marseille se refasse une beauté. ».
Il ne faudrait pas que ce soit toujours sur le dos des plus pauvres de ses enfants.Car ce sont eux que l’on expulse les premiers, même avec les garanties habituelles de relogement. Où iront, par exemple, ceux qui habitent l’un des 2600 logements que la municipalité a vendus, en ce même 5 février, à la Sogima pour 130 millions d’euros ? Personne, à Marseille, n’a oublié la mainmise des sociétés américaines sur une partie des immeubles de la rue de la République : on sait ce que pèse le facteur humain quand il y a des plus-values juteuses à réaliser. Jusqu’à quand ces braderies immobilières scandaleuses vont-elles se poursuivre sous nos yeux éberlués ? Monsieur Gaudin, si soucieux de redorer le blason de Marseille, ne devrait pas oublier que celle-ci est fondamentalement une ville populaire –c’est même l’un de ses charmes séculaires. Quels que soient les capitaux investis, jamais la cité phocéenne ne deviendra une seconde Nice. Mieux vaudrait, par conséquent, qu’il écoute davantage les désideratas de ses administrés plutôt que de courtiser les promoteurs immobiliers.

Hubert LONDRES

11:37 Publié dans Numéro 3 | Lien permanent | Commentaires (0)