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07/07/2014

Les larmes d’Achille

                     

 

La France ne sera donc pas en demi-finale. Dommage. Notre équipe n’a pourtant pas démérité. 1 but pour l’Allemagne. Contre cette Mannschaft, qui n’a pas réellement brillé mais a su jouer utile et réaliste, les Bleus auraient pu tirer leur épingle du jeu en jouant plus en finesse. On ne manquait pas de bons joueurs, ni d’un bon coaching. La fraîcheur de cette jeune équipe faisait présager un beau parcours. L’inventivité aussi. Mais les dieux ont décidé de la défaite française. Le fatum a encore frappé ! Quand je parle de fatum, je pense à cette fin de match où Antoine Griezmann était en larmes. Un héros en somme, un jeune homme prometteur. Comme Achille sur le champ de bataille, il pleurait les larmes de son corps. La guerre de Troie du ballon rond est friande d’images. Les ralentis du dernier but qu’on nous repasse en boucle. La clameur des tribunes qu’un travelling balaie. Les jeux du cirque ne sont pas loin, mais sans les morts : encore qu’un pénalty puisse être, pour une équipe, une mort subite. Au moins, même si on perd un match capital sur le terrain, on ne passe pas une presque nuit en garde à vue. Achille a tout loisir d’aller panser ses plaies. Requinqué, il sera là pour d’autres matches, d’autres victoires et pourquoi pas une finale en Coupe du Monde ! Le politique, lui, quand il est mis en examen, doit s’armer de courage et interroger la Pythie sur son proche avenir.

 

                                        Yves CARCHON

05/07/2014

A propos d’une certaine fronde

 

 

 

Un vent de division souffle depuis quelques temps sur la politique française, et aucun parti n’est épargné. L’histoire en a vu d’autres, car les dissensions sont consubstantielles au projet républicain qui est le nôtre. Mais on est en droit de s’interroger quand on voit comment elles corrodent une majorité condamnée vaille que vaille à gouverner pendant encore trois années. Sur le pacte de responsabilité et les restrictions budgétaires annoncées, on attendait évidemment les critiques du Front de Gauche et des écologistes, poussés dans les marges par l’actuel gouvernement socialiste. Mais que la contestation vienne de ses propres députés, voilà qui est plus surprenant. Lorsque 41, parmi eux, s’élèvent contre le virage libéral du président et y opposent, via de nombreux amendements, leur propre conception de la gauche, on peut parler, en effet, de fronde. Car, à la différence de la révolte qui oppose deux mondes historiquement séparés, la fronde se déroule au sein d’un même milieu politique et social. Elle dresse les unes contres les autres des personnalités faites logiquement pour travailler ensemble (même si elle met aussi en cause la hiérarchie établie). Est-elle en soi illégitime et déraisonnable ? Sûrement pas et il est même juste, en démocratie, que le pouvoir puisse être critiqué par ceux-là mêmes qui l’incarnent à différents niveaux. En refusant, lundi à l’Assemblée Nationale, de voter le projet de loi de finance rectificative (PLFR), le groupe PS des députés frondeurs a même fait preuve de lucidité et de courage. Ils ont rappelé, notamment, que François Hollande n’a pas été élu par sa base populaire pour mener une politique d’austérité et multiplier les cadeaux fiscaux au patronat, et ce jusqu’à se faire tacler – c’en est presque risible – par celui qui l’incarne avec un cynisme rarement atteint : Pierre Gattaz. Face à une Gauche dévoyée par le pouvoir, ils disaient simplement qu’il y a d’autres priorités, d’autres alternatives pour relancer la croissance, et que si un rééquilibrage budgétaire doit être fait, il faut que ce soit en faveur des Français les moins favorisés. Qui pourrait, sous l’angle moral, leur donner tort ? L’ennui, c’est que la politique obéit à d’autres raisons moins éthiques, plus tacticiennes. Et que les menaces feutrées proférées par les défenseurs du projet gouvernemental ont fini par faire rentrer dans le rang ces députés PS qui faisaient honneur à l’esprit de la Gauche (seul Christophe Léonard est resté ferme sur ses convictions). Cela jette forcément une ombre, moins sur leur sincérité que sur leur détermination à faire entendre, coute que coute, une autre voix socialiste. Le gouvernement n’aura donc pas à passer en force sur ce dossier. Mais tout n’est pas dit, pour autant. Et le sillon divergent tracé par ces députés dépités pourrait bien être poursuivi au cours des prochaines semaines, notamment avec le second volet de la loi budgétaire sur la Sécurité Sociale. C’est dire que le mot « frondeur » n’a pas épuisé son capital médiatique.

 

 

 

                       Bruno DA CAPO

01/07/2014

Pour une fin de vie digne

 

 

Le docteur urgentiste Nicolas Bonnemaison,  poursuivi pour « empoisonnement » de sept patients, a été acquitté. Bravo ! Pour beaucoup, c’est un soulagement, pour d’autres l’indignation et la colère dominent... La veuve d’un des patients a fait part de sa satisfaction quant au verdict. Elle espère qu’on va compléter, donc reparler de la loi Leonetti. Pour les avocats du docteur, pour nous tous, cette décision historique — le mot n’est pas trop fort — va obliger les politiques à légiférer rapidement sur la fin de vie.  Déjà des signes favorables ont été adressés par le ministre Le Foll pour faire « évoluer le cadre législatif ». Tant mieux ! Les derniers sondages montrent que les Français sont prêts à élargir la loi. Cet épineux problème n’est pas facile mais il faut l’affronter. Nous tous sommes déjà ou serons concernés par ce débat existentiel. Doit—on pour autant parler de légalisation de l’euthanasie ? Non. Une loi existe déjà, il faut l’améliorer en permettant aux médecins de l’appliquer en tenant compte autant de la volonté des malades, des familles qu’en respectant l’éthique et la déontologie. C’est en substance ce qu’exprimait Patrick Pelloux, autre urgentiste. Pour l’instant, on sent le gouvernement embarrassé. La ministre des Affaires sociales, Mme Touraine, n’a pas voulu commenter une décision de justice. Langue de bois bien sûr. L’embarras n’est pas sur le fond, car à peu près tout le monde comprend qu’il sera peu ou prou confronté à ce qu’on nomme la fin de vie. Qu’on ne peut plus fermer les yeux ou ignorer que le problème existe. Je pense plutôt que la gêne gouvernementale repose sur la peur de réitérer l’épisode chaotique du mariage pour tous et donc de voir des gens descendre dans la rue. Gouverner, c’est non seulement prévoir, c’est être capable de courage. En son temps Mitterrand su abolir la peine de mort. Hollande serait bien inspiré en marchant sur ses traces.

 

                     Yves CARCHON