Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/06/2014

Bruissements (38)

 

 

 

Royal : la transition énergétique est certainement l’un des plus importants dossiers gouvernementaux du moment. Personne, qu’il soit de droite ou de gauche, ne peut le négliger, car son application déterminera la qualité de notre vécu collectif au cours des prochaines décennies. Mais si les enjeux sont globaux, les solutions sont d’abord locales. Celles présentées par  Ségolène Royal, mercredi 18 juillet, pêchent manifestement par leur caractère trop timide et trop général. Certes, la ministre de l’Ecologie a rappelé le souci gouvernemental de diversifier ses sources d’énergie pour arriver, vers 2030, à une production énergétique assurée à seulement 50% par le nucléaire. Mais rien sur la fermeture des centrales vétustes, comme Fessenheim, promesses de campagne du candidat Hollande. Sur ce point, chacun se renvoie la patate chaude : le gouvernement en laisse le soin à EDF, tandis que celle-ci, par la voix de son PDG Henri Proglio, réplique que c’est à l’état d’en décider. Quant à l’écotaxe, si décriée par les Bonnets Rouges durant l’automne dernier, le gouvernement vient de la supprimer au profit d’un « péage de transit » qui ne couvrira que 4000 kilomètres d’autoroute au lieu des 15 000 initiaux. Un parcours qui épargnera la houleuse Bretagne mais qui ne rapportera que 550 millions d’euros annuels à l’état quand l’écotaxe aurait dû lui en ramener au moins 800. Un différentiel de 250 millions perdus pour financer la fameuse transition - dont le prix est estimé à un milliard d’euros annuels. Quitte à établir de nouveaux arbitrages budgétaires, il faudra bien trouver l’argent pour ça. D’autant qu’elle finira par créer de nouveaux emplois - même si d’aucuns pensent qu’elle en supprimera beaucoup avant. Est-ce une raison pour ne pas oser l’assumer jusqu’au bout ? La peur de faire de nouveaux chômeurs est devenue telle en France qu’elle menace de paralyser des innovations nécessaires et fructueuses.     

 

Santé : on attendait beaucoup de la réforme de la santé dévoilée, jeudi 19 juillet, par Marisol Touraine, tellement ce secteur reflète les inégalités criantes de notre société. Et de bonnes idées, il en a, en effet, dans son rapport : extension à tous du tiers payant, class-actions pour malades lésés, ligne téléphonique à trois chiffres pour faciliter l’accès à un médecin. Mais là comme ailleurs, l’état cherche à faire des économies (dix milliards d’euros sur trois ans). Et s’il est judicieux de chercher à éviter des doublons d’analyses ou de radiographies, il est par contre plus hasardeux de vouloir généraliser la médecine ambulatoire, car il faut souvent quelques jours de récupération après une intervention chirurgicale, même légère. Une autre idée appréciable est sans doute le projet d’appliquer  un code couleurs sur les produits alimentaires. Cela simplifierait la lecture des ingrédients (toujours très obscure) et situerait le produit sur une échelle allant du rouge (dangereux) au vert (bénéfique). Mais d’ores et déjà, les industries de l’agro-alimentaire protestent, rétorquant que l’influence, positive ou négative, d’un aliment sur la santé implique d’autres critères, dont sa fréquence de consommation. On sait peut-être que le parlement européen a déjà rejeté cette classification chromatique en 2010.  

 

Intermittents : Marseille, Montpellier et bientôt Avignon : les festivals de danse et de théâtre annulent, les uns après les autres, leurs spectacles par solidarité avec les intermittents en colère. Depuis mars dernier, les grèves se succèdent et les négociations, tant avec le patronat que l’état, ne parviennent pas à déboucher sur un système d’indemnisations satisfaisant. Le problème n’est pas nouveau ; il dure maintenant depuis 2003 et aucun gouvernement, de droite ou de gauche, n’est parvenu à un accord durable avec les représentants de cette profession souvent précaire C’est aussi un symptôme dans ce pays où l’état se désengage de plus en plus de la culture et de ses acteurs. Alors même que ce secteur est l’un des plus importants de notre économie. Et je ne parle même pas de notre réputation à l’étranger.

 

Réfugiés : parmi les nombreuses journées dédiées à une cause tout au long de l’année, il faut compter avec la journée des réfugiés. Celle-ci était célébrée le vendredi 20 juin et les chiffres qu’elle a fait apparaître sont hélas bien peu réjouissants. En 2014  il y aurait dans le monde, sous l’effet conjugué de la misère et des guerres, plus de 50 millions de personnes déplacées. 50 millions de personnes ayant dû fuir leurs pays d’origine pour tenter de survivre ailleurs, conformément à la Charte Universelle des Droits de l’Homme – qui prévoit pour chacun le droit de vivre librement où il veut. 50 millions de réfugiés, c’est plus que n’en a produit le deuxième conflit mondial. Parallèlement, le marché touristique ne cesse de s’accroître : 1087 millions de touristes en 2013, ce qui représente une progression de 5% par rapport à l’année d’avant. D’un point de vue financier, les voyages et le tourisme pèsent 7000 milliards de dollars, soit 9% de l’économie globale. Quoiqu’elle reste la première destination touristique au classement mondial, la France compte bien accroître ses parts et atteindre vers 2020  les 100 millions de touristes annuels (un peu plus de 70 millions, actuellement). Comprend-t’on mieux ainsi les urgences, les écarts et les paradoxes de l’humanité du XXIeme siècle ? Le réfugié et le touriste : les deux extrêmes d’une espèce par nature instable. On sait, avec eux, de quoi l’avenir sera fait.

 

                  Erik PANIZZA

23/06/2014

Hors jeu !

 

 

A l’instar de la Goal Control 4D (caméra qui désormais scanne les hors-jeux, les buts passant ou non la ligne du goal...), on pourrait instaurer un même système de contrôle, sinon de surveillance, pour le monde politique. Et si possible pour l’équipe au pouvoir. Une réforme par exemple n’entrant pas dans la cadre des buts ou une loi qui n’aurait pas franchi la surface de réparation ne pourraient être prises en compte. Une main qui deviendrait une main courante (qu’on aurait pu souhaiter chez Bygmalion). A défaut, une instance impartiale pourrait distribuer des cartons jaunes. Au bout de deux, le ministre (ou le Président) exclu quitterait le terrain et ne pourrait donc plus jouer (gouverner, devrais-je dire). Cela supposerait bien sûr des remplaçants de bon niveau pour les ministres, Premier Ministre et Président. On imagine Hollande hors jeu... Qui le remplacerait ? Juppé, Fillon, Copé (non, pas Copé) ? Marine ? Elle jouerait trop perso !  Pourquoi pas Sarkozy ? C’est un fonceur qui dribble bien. Trop nerveux à mon sens. Un Ribéry en somme. Je doute qu’il ne prenne pas rapidement un carton rouge. On voit vite le problème... Entre temps, Hollande sera passé par la table de massage, prêt à nouveau à en découdre sur la pelouse du stade. Mais là, il lui faudra marquer ! La caméra ne lui passera rien. Il devra s’appuyer sur son centre et son latéral gauche, ne pas dédaigner l’aile droite, dégager à l’avant. Ses supporters, cette fois, ne lui passeront rien : ils le hueront s’il perd le match ! Mais s’il gagne, il aura droit à une Marseillaise bien sentie, de celle qui tire les larmes patriotes. Il rentrera vainqueur sur son char de gagnant, aimé et populaire, et se serrera lui-même la main à l’Elysée !

                            

                                    Yves CARCHON

 

 

19/06/2014

Les adieux d’un roi

                     

 

Le 2 juin dernier, Juan-Carlos - 76 ans - a surpris l’Espagne en annonçant son abdication au profit de son fils Felipe (qui doit ainsi prêter serment le 19 juin). Une décision justifiée par des problèmes de santé mais aussi par quelques « affaires » et des démêlés judiciaires, notamment au sein de sa propre famille. Une abdication massivement votée par les députés espagnols, aussi. De lui, on ne peut pas dire qu’il aura empêché la transition démocratique dans son pays, malgré une admiration déclarée pour Franco (à qui il succéda en novembre 1975). Et on se souviendra de son intervention courageuse aux Cortès lors du coup d’état de février 1981. Mais pourquoi, à présent,  transmettre le sceptre à son fils et perpétuer ainsi une royauté d’opérette ? La question mérite d’être posée. Certes, le roi reste, en Espagne, le chef des armées et le garant de la constitution, mais ce n’est pas lui qui conduit la politique du pays. Alors à quoi bon une monarchie en Espagne ? A quoi bon encore des monarchies en Europe ? N’est-ce pas un système politique parfaitement caduque au XXIeme siècle ? D’ailleurs, le moyen-terme que représente la monarchie constitutionnelle laisse bien voir que la balance penche en faveur de la démocratie dans ce couple contre-nature. Dans ce cas, pourquoi continuer, en Espagne ou en Angleterre, à subventionner grassement des familles royales, tandis que les classes populaires de ces deux pays connaissent une pauvreté grandissante. Pour alimenter les potins de Gala et donner du travail à Stéphane Bern ? La logique historique voudrait que l’on en finisse, même en douceur, avec ces survivances d’une autre époque. Le peuple espagnol, comme toujours prompt à descendre dans la rue, réclame un referendum sur la perpétuation ou l’abandon de la monarchie. Il a raison !

 

                  Erik PANIZZA