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11/02/2013

Salut à Taubira

 


Quand j’ai séjourné en Guyane, j’ai croisé quelquefois dans les rues de Cayenne Christiane Taubira, à l’époque députée, qui ne ménageait pas sa peine pour défendre ses compatriotes, oubliés et souvent ignorés de notre belle république. Vive, volontaire, active, elle n’a jamais mâché ses mots. Littéraire à ses heures, elle connaît sur le bout des doigts les écrits de Gontran Damas, grand poète guyanais et chantre de la négritude avec Césaire et Léopold Senghor. C’est aussi - et d’abord – une prodigieuse oratrice qui, en son temps, se distingua à l’Assemblée dans un discours retentissant qui rangeait à jamais l’esclavage dans les crimes commis contre l’humanité. La voilà aujourd’hui à un poste régalien et qui ferraille jour et nuit pour faire passer le fameux texte en faveur du mariage pour tous qui marquera un grand tournant dans notre histoire et celle de notre Droit. Chapeau Christiane ! Quand elle cité René Char debout dans l’Hémicycle, c’est un bain de jouvence et une leçon qu’elle administre à une droite racornie qui campe sur les vestiges d’un monde mort. François Hollande a certes été bien inspiré en la nommant Garde des Sceaux. Le courage, la fougue, c’est justement ce qui paraît manquer à nos édiles précautionneux... Gageons qu’avec une telle ministre de la Justice, l’opposition en prenne pour son grade. Elle en sortira victorieuse car elle a le panache, la flamme, le verbe et cette invincible conviction sans lesquels rien n’existe, hormis la lâcheté tiédasse qui n’appartient qu’aux mous.

                                                  Yves Carchon

08/02/2013

Tintin au Mali

 


Nous voilà donc en guerre, pour chasser l’islamiste, dans une guerre qui ne dit pas encore son nom puisqu’on nous  parle d’intervention et de remise en ordre du Mali. L’ennui, c’est qu’on ne sait jamais comment ni où nous mène une guerre. Même si elle est fondée, nous sommes bien seuls dans cette galère. Certes nous avons pour supplétifs quelques forces africaines... Nos frères Américains nous gratifient d’une mention spéciale pour cette intervention musclée, mais point de forces sur le terrain. Je crains hélas que nous soyons d’ores et déjà engagés dans un sacré merdier. J’en parle avec d’autant de calme qu’en rentrant de voyage, donc exempt de tout commentaire journalistique, j’ai cru voir à travers moult reportages (commandités par l’Elysée ?) une sorte de vaste opération de propagande comme on bon temps de la période coloniale : et comment notre armée avance sur le terrain, et comment le moral des troupes reste bon, et comment en haut-lieu on travaille d’arrache-pied... Bref, de quoi rassurer le peu d’esprits chagrins qui restent dans ce pays. L’arrivée, le discours d’Hollande à Bamako furent un point d’orgue. Le lyrisme était de la fête. L’ennui, c’est qu’il nous reste à guerroyer sur un terrain hostile et nous devons déjà faire face à une guérilla...Hollande au Mali, c’est un peu Tintin au Congo. Drapé dans son costume de chef de guerre, il fait hélas penser à un personnage de cartoon, ce qui laisse augurer que dans les sables du désert le Bip-bip n’aura de cesse de ridiculiser le Coyote.


                                                    Yves Carchon

14:26 Publié dans 11 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tintin, congo, mali, coyotte

05/02/2013

L’Angleterre, cavalier seul ?

 

                

 

 

 La nouvelle est tombée le 23 janvier dernier, faisant l’effet d’un coup de semonce dans le ciel européen : David Cameron, premier ministre britannique, envisagerait, avant 2017,  de lancer un référendum sur le maintien ou la sortie de son pays hors de l’Union Européenne. Au-delà de la stratégie politicienne, évidente à l’approche de nouvelles élections législatives en 2015, cette déclaration -  fut-elle seulement d’intention -  mérite qu’on s’y arrête un peu. Car c’est quand même la première fois qu’un grand pays membre de l’U E envisage de se retirer de l’espace fédéral, notre cadre politique commun désormais. L’Angleterre – on le lui a assez reproché – a conservé sa monnaie nationale, lors du passage à l’euro en 2002. Elle n’est pas, pour autant, dans une position satellitaire vis-à-vis de l’Union, comme la Norvège ou le Danemark. Entre elle et Bruxelles, il y a bien plus que des rapports d’échanges commerciaux mais aussi une importante capacité de décision et de défense ; d’ailleurs c’est une Anglaise, Catherine Ashton, qui est ministre des affaires étrangères de l’U E. Quelles seraient les conséquences de ce retrait pour l’Angleterre ? Elle devrait tout d’abord abandonner sa voix au chapitre de l’Europe. Du coup, la France et l’Allemagne se retrouveraient dans une position de leaders incontestés. Les impôts – importants – qu’elle verse à la Communauté seraient, de fait, suspendus mais, en contrepartie, elle ne bénéficierait plus des subventions généreuses que Bruxelles accorde, secteur par secteur, à ses membres. D’autre part, elle paierait à nouveau des taxes douanières sur ses transactions avec l’Europe (et l’on sait quel poids celles-ci ont fait peser sur les économies nationales avant le marché unique). Car l’Angleterre, pays en très forte récession industrielle, ne peut pas vivre de son seul marché intérieur. Tout cela, David Cameron le sait bien. Mais la crise de la zone euro, sa faible compétitivité vis-à-vis des économies émergentes, l’inquiète. Il n’apprécie guère les contrôles bancaires auxquels l’Europe soumet la City. En outre, il lui faut soigner son aile droite - conservateurs et euro-sceptiques convaincus-  en vue de sa réélection. Alors il tente un coup de bluff, dans le but d’inciter Bruxelles à assouplir ses réglementations -  voire d’alléger les charges communautaires de la Grande Bretagne -  tout en lui conservant les avantages du statut de membre. Vulgairement, cela s’appelle vouloir le beurre et l’argent du beurre. Lui-même n’y croit guère mais il pourra toujours se targuer d’avoir essayé. Comme le disait avec raison Laurent Fabius : « on ne peut pas faire l’Europe à la carte. ».

 

 

                                      Bruno DA CAPO