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20/03/2015

Pour Tunis

 

 

 

C’était le 9 novembre 2011. Un mercredi, aussi. Avec ma compagne, nous nous étions offert une croisière en Méditerranée. A prix bradé. Tunis était une de nos escales et, malgré les formalités supplémentaires de séjour, nous avions tenu à découvrir cette ville-phare du « Printemps arabe ». La matinée était agréable. Il faisait beau, mais dans le souk labyrinthique où nous avait entrainé notre guide, la lumière solaire ne perçait guère. Un peu partout, des marchands de souvenirs nous alpaguaient avec le sourire pour nous vendre de petits objets exotiques. Les touristes, c’est bien connu, ne sont là que pour dépenser leur argent. Plus loin, nous avions visité un centre de production de tapis artisanaux. On nous avait fait la démonstration d’un vieux métier à tisser, puis présenté et commenté de magnifiques pièces textiles. L’accueil avait été aussi chaleureux qu’instructif.  Sur les toits plats de ce bâtiment, la vision de la capitale tunisienne était panoramique. La blancheur des maisons, des coupoles et des minarets se fondait dans le bleu du ciel. Ici et là, on pouvait distinguer de nombreux chantiers en attente d’achèvement. Après quoi, nous nous étions acheminés vers la place du Parlement et l’Assemblée Nationale. Le dispositif de sécurité (voitures de police, fils de fer barbelés) y était particulièrement visible. Le soulèvement populaire qui avait abouti à un changement de régime, en janvier, était encore dans tous les esprits. Le musée du Bardo n’était pas loin, mais nous n’avions pas eu le temps de le découvrir. Une voiture nous attendait pour la suite de l’excursion : direction Carthage, ses palmiers et son site archéologique.

D’autres touristes, mercredi matin 18 mars, étaient venus ici, poussés par une naturelle curiosité pour la culture de ce pays et son patrimoine historique. Des hommes et des femmes venus de France, d’Allemagne, de Pologne, d’Espagne ou du Japon, respectueux et pacifiques. Hélas d'autres hommes, ne connaissant pour tout espéranto que le langage de la kalachnikov,  les attendaient en embuscade. De jeunes tueurs, faux djihadistes mais vrais psychopathes, qui les ont soudain pris pour cibles, tuant vingt deux d’entre eux, faisant des dizaines de blessés. Au nom de quoi ? D’une idéologie délirante et perverse, qui annihile en ses adeptes toute idée d’humanité, toute vraie religiosité. Ces assassins – qui ne seront jamais des martyrs de l’Islam – se sont arrogés le droit de tuer des innocents et c’est en soi impardonnable. Mais ils ne pourront pas – ni eux ni les autres – empêcher la démocratie de s’installer durablement dans leur pays. Cette Tunisie, fière, généreuse  et riche d’une tradition millénaire d’accueil  qu’ils ont humiliée et trahie. Et qui les a d’ores et déjà voués à une damnation éternelle.

 

 

                     Jacques LUCCHESI

13:48 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : tunis, touristes, souk, bardo

Commentaires

Merci jacques pour ton article. La Tunisie se relèvera et sera de nouveau le phare de la démocratie du monde arabe sa jeunesse et ses traditions d'accueils et de convivialités ne seront jamais les otages de quelques fous sanguinaires et si hier j'étais fier de dire je suis Charlie, aujourd'hui je clame haut et fort "je suis Tunis"

Écrit par : rachid | 23/03/2015

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