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29/11/2012

Bruissements (14)

 


 

UMP : quel avenir pour l’UMP avec les rebondissements de la semaine dernière et le marasme qui affecte depuis ce parti, naguère le premier de France ? Même s’il surmonte cette crise, il mettra sans doute longtemps à retrouver son aura d’avant. Après l’échec de la médiation Juppé face à l’intransigeance de Copé, on doute même que  Sarkozy puisse ramener un peu de concorde entre les deux prétendants à sa succession. A défaut d’un recomptage des voix, un nouveau vote – ou un référendum interne – serait pourtant logique. Reste que le prétendu vainqueur préfère camper égoïstement sur sa position. Tandis que le perdant officieux a d’ores et déjà  créé son propre groupe UMP à l’Assemblée nationale. Finalement, le climat de division franco-française que ce parti a instillé pendant des années lui revient maintenant en pleine figure. Et si cela profite au petit dernier, l’UDI de Jean-Louis Borloo (parti à vocation satellitaire, malgré tout), cela risque de faire aussi les choux gras du Front National. Est-ce au déclin du vieil équilibre entre la Droite libérale et la Gauche réformiste que nous sommes en train d’assister ?

 

Justice : Nicolas Sarkozy va-t’il être rattrapé par la justice ? L’affaire Bettencourt trouble, de nouveau, sa paisible retraite. Elle l’a amené, jeudi 22 novembre, à Bordeaux pour une audition-marathon de douze heures, conformément à la demande du juge Gentil. Un patronyme justifié, en l’occurrence, car notre cher ex-président est ressorti libre de cette audition, avec la mystérieuse qualité de « témoin assisté ». Il faut quand même avoir un bien mauvais esprit pour penser un instant que « l’incorruptible de Neuilly » puisse avoir bénéficié des largesses d’une milliardaire octogénaire pour le financement de sa campagne en 2007. C’est une calomnie, évidemment, tout comme la fable des emplois fictifs de la ville de Paris qui entacha la réputation, jusque là immaculée, de Jacques Chirac. Dors tranquille, Nicolas, tu n’es pas près d’aller en prison. Du reste, il n’y a que les socialistes pour proposer qu’un président en cours de mandat puisse être jugé pour des actes contraires à la morale publique.

 

Mittal : de temps à autre, Arnaud Montebourg se souvient qu’il est aussi ministre d’un gouvernement socialiste et il le manifeste avec l’autorité qui convient à sa charge. Son coup de gueule est, cette fois, est allé à la firme indienne Mittal qui exploite les aciéries de Florange. On sait à quelles vagues de protestation ouvrière avait donné lieu l’annonce de la fermeture probable de ce site industriel jugé trop peu rentable. Déjà, les syndicats avaient saisi – en vain – le précédent gouvernement. Le dossier est revenu, comme une patate chaude, sur la table du ministre du redressement productif qui a enfin compris l’enjeu qu’il représentait pour son gouvernement. D’où sa menace d’une nationalisation – momentanée tout de même – de l’usine si Mittal continuait à débouter les éventuels repreneurs. Depuis, c’est Hollande lui-même qui a signifié cette possibilité à l’industriel indien au cours d’un discret déjeuner à l’Elysée. Une issue sans un compromis défavorable aux ouvriers : voilà qui mérite d’être souligné par les temps actuels. Le problème est aussi que Mittal possède d’autres usines en France et il vaudrait mieux qu’il n’ait pas la mauvaise idée de les déplacer.

 

Mot-valise : les affrontements entre militants anti-aéroport et forces de l’ordre se sont un peu calmés dans les environs de Sainte-Marie des Landes. On songe parfois au soulèvement du Larzac, quelques quarante ans plus tôt. Pour autant l’affaire est loin d’être close. Comme toujours, le gouvernement Ayrault cherche à temporiser, faisant mine  - car il n’en est rien – de lâcher du lest devant les revendications des riverains et des écologistes. Ce qui a inspiré à une militante ce mot-valise appelé à rester dans les mémoires : la « Droche ». Il résume assez parfaitement toutes les contradictions de ce gouvernement.

 

Restos du cœur : en créant les Restos du cœur en 1985, Coluche n’espérait pas que son association connaitrait un succès grandissant, jusqu’à devenir une structure incontournable dans le paysage caritatif français. C’est malheureusement le cas et, pour la 27eme année consécutive, les Restos du cœur – soit 2040 antennes et 63 000 bénévoles en France – ont ouvert leurs portes aux plus nécessiteux, parmi lesquels bon nombre de gens qui travaillent sans arriver à joindre les deux bouts. 870 000 personnes ont ainsi bénéficié, non sans parcimonie, de 115 millions de repas l’an dernier. Et l’on en attend encore davantage durant cette saison 2012-2013. L’avenir n’est guère radieux, car le nouveau dispositif d’aide aux plus démunis de la commission européenne ne prévoit plus que 2,5 milliards d’euros (sur sept ans) à partir de 2014, contre 3,5 milliards jusqu’à présent. Même si le gouvernement socialiste entend défendre le programme d’aide alimentaire, les appels aux dons sont ouverts. Il suffit pour cela d’aller sur le site des Restos du cœur.

 

Après mai : le dernier film d’Olivier Assayas revient avec nostalgie sur le début des années 70, si marqué par les tensions sociales de tous genres. Il questionne aussi les contradictions de la jeunesse d’alors, entre militantisme et vocation personnelle, son éternelle difficulté à entrer dans le monde des adultes. L’ensemble est servi par des acteurs au ton juste et une belle photographie. « Après mai » deviendra-t’il aussi cultissime que « Zabriskie Point » de Michelangelo Antonioni ou « More » de Barbet Schroeder – films qui explorèrent en leur temps cette même thématique - ? Ce n’est pas certain mais, en tous les cas, il arrive à point pour faire écho à l’actualité du moment. Un parallèle se dessine entre ces bouillonnantes « Seventies » et notre époque qui retrouve le sens des luttes sociales après deux décennies plutôt léthargiques. Gageons que ça ne fait que (re)commencer.

                                   

                                                   Erik PANIZZA

26/11/2012

Les marrons du feu

 


L’imbroglio est à son comble à l’UMP ! Que dire ? On voit évidemment combien est peu habitué à la démocratie un tel parti... Accoutumé à être pris à la hussarde pour ne pas dire violé par tous les Bonaparte ! Vestiges sans doute du feu RPR où la culture du Chef était prégnante. Aujourd’hui, on conteste les bulletins de vote, on se querelle, se traite de noms d’oiseaux, on en appelle au seul encore qui ait un semblant de panache : Juppé soi-même, le fondateur de l’UMP, parti qui s’était vu conçu pour devenir une machine de guerre et pour porter Sarkozy au pouvoir. La chose faite, le parti fut aux mains de Copé qui comptait bien en faire lui-même un strapontin pour l’Elysée. Las ! Fillon s’est vu d’un coup pousser des ailes, capable de bouter l’aiglon de Meaux ! Erreur. La droite pure et dure est de retour ! Vaguement raide dans ses guêtres (je n’ai pas dit ses bottes), cabrée contre ce qui compte de « métèques » sur notre territoire, lasse de devoir nourrir les pauvres et les chômeurs... Copé, pyromane de service, en rajoute. C’’est plus d’un pain au chocolat volé par la vermine qu’il est question ici, mais du fauteuil de président à l’UMP ! Le troisième homme – Juppé – s’il s’improvise arbitre, peut devenir avec un peu d’habileté le premier homme. C’est sans doute ce qu’il vise, espère sous ses sourcils candides d’honnête homme. Je le vois bien venir et qui sait même tirer tous les marrons du feu. Vous le saurez bientôt en attendant les nouvelles de demain, prophétisait Geneviève Tabouis, une chroniqueuse radio célèbre des années 60. Attendons donc les nouvelles de demain !

 

                                                      Yves CARCHON

14:31 Publié dans numéro 10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ump, bonaparte, meaux, arbitre

20/11/2012

UMP : un duel à suspense

 

                  

 

 Les élections internes, où les militants sont appelés à élire un chef de parti, sont sans doute les plus ardues et les plus vachardes qui soient. Car elles donnent au vainqueur une légitimité à arbitrer - et peut-être à gouverner -, avantage extrêmement précieux pour la suite de sa carrière. Ce n’est certes pas systématique ; sur ce chemin il y a des surprises jusqu’au bout et plus d’un leader politique, à droite comme à gauche, en en fait l’amère expérience. On sait à quels affrontements a donné lieu, voici quatre ans, le congrès socialiste de Reims d’où devait sortir une nouvelle première secrétaire. Si Martine Aubry s’imposa finalement sur Ségolène Royal, cela ne lui a pas, pour autant, permis de rafler la mise présidentielle trois ans plus tard. Jean-François Copé devrait s’en souvenir, lui qui vient d’être élu in-extrémis à la tête de l’UMP, au terme d’une campagne riche en coups bas et en rebondissements. Il aura fallu, en effet, une journée supplémentaire pour recompter et authentifier les votes des 175 000 militants qui ont pris part à cette élection, tellement les allégations de bourrages d’urnes ont été prises au sérieux par la COCOE chargée de les vérifier. Dimanche soir 18 novembre, rien n’était encore joué et Copé comme Fillon pouvaient prétendre à être le nouveau patron de leur parti. Que Copé l’ait fait plus vite que son rival parle en faveur de son sens aiguisé de la politique, où le bluff est parfois aussi payant qu’au poker. Dans les heures qui suivirent, on parla d’un éclatement possible du parti et même d’une direction collégiale avec Alain Juppé en embuscade. Bref, c’était l’ébullition jusqu’à ce que les derniers résultats tombent enfin, donnant l’avantage à Copé avec  50,03% des suffrages exprimés (87388 voix), soit moins de cent voix d’écart avec François Fillon (49,97% et 87290 voix). On est loin du score sans appel – 83% des voix – de Nicolas Sarkozy en décembre 2004, mais qu’importe ! Par KO ou aux points l’important, en politique comme ailleurs, c’est de gagner et, en l’occurrence, c’est l’outsider qui l’a emporté. Copé à la tête de l’UMP, c’est l’affirmation d’une « droite décomplexée », donc de plus en plus droitière et de plus en plus libérale, sans le vague souci social et populaire défendu par son rival malheureux. Cette ligne de conduite sans ambiguïté est, finalement, une aubaine pour la Gauche qui a désormais, face à elle, un adversaire clairement identifié. Cela promet, dans un proche avenir, quelques débats sans concession. Des cadeaux, il n’y en aura pas non plus à l’UMP. Le vainqueur, c’est logique, va privilégier ses principaux soutiens aux postes clés du parti. L’avenir pour Fillon s’annonce plutôt morose, car on le voit mal accepter le poste de vice-président  proposé par Copé et d’être, une nouvelle fois, assigné à un rôle de second. D’autres que nous s’apitoieront peut-être sur son sort. De toutes les façons, les divisions et les rancoeurs soulevées par cette campagne acharnée ne sont pas prêtes de se refermer au premier coup de sifflet du caporal Copé.

                                          

                              Bruno DA CAPO

18:37 Publié dans numéro 10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : copé, fillon, duel, bluff, ump