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20/11/2012

UMP : un duel à suspense

 

                  

 

 Les élections internes, où les militants sont appelés à élire un chef de parti, sont sans doute les plus ardues et les plus vachardes qui soient. Car elles donnent au vainqueur une légitimité à arbitrer - et peut-être à gouverner -, avantage extrêmement précieux pour la suite de sa carrière. Ce n’est certes pas systématique ; sur ce chemin il y a des surprises jusqu’au bout et plus d’un leader politique, à droite comme à gauche, en en fait l’amère expérience. On sait à quels affrontements a donné lieu, voici quatre ans, le congrès socialiste de Reims d’où devait sortir une nouvelle première secrétaire. Si Martine Aubry s’imposa finalement sur Ségolène Royal, cela ne lui a pas, pour autant, permis de rafler la mise présidentielle trois ans plus tard. Jean-François Copé devrait s’en souvenir, lui qui vient d’être élu in-extrémis à la tête de l’UMP, au terme d’une campagne riche en coups bas et en rebondissements. Il aura fallu, en effet, une journée supplémentaire pour recompter et authentifier les votes des 175 000 militants qui ont pris part à cette élection, tellement les allégations de bourrages d’urnes ont été prises au sérieux par la COCOE chargée de les vérifier. Dimanche soir 18 novembre, rien n’était encore joué et Copé comme Fillon pouvaient prétendre à être le nouveau patron de leur parti. Que Copé l’ait fait plus vite que son rival parle en faveur de son sens aiguisé de la politique, où le bluff est parfois aussi payant qu’au poker. Dans les heures qui suivirent, on parla d’un éclatement possible du parti et même d’une direction collégiale avec Alain Juppé en embuscade. Bref, c’était l’ébullition jusqu’à ce que les derniers résultats tombent enfin, donnant l’avantage à Copé avec  50,03% des suffrages exprimés (87388 voix), soit moins de cent voix d’écart avec François Fillon (49,97% et 87290 voix). On est loin du score sans appel – 83% des voix – de Nicolas Sarkozy en décembre 2004, mais qu’importe ! Par KO ou aux points l’important, en politique comme ailleurs, c’est de gagner et, en l’occurrence, c’est l’outsider qui l’a emporté. Copé à la tête de l’UMP, c’est l’affirmation d’une « droite décomplexée », donc de plus en plus droitière et de plus en plus libérale, sans le vague souci social et populaire défendu par son rival malheureux. Cette ligne de conduite sans ambiguïté est, finalement, une aubaine pour la Gauche qui a désormais, face à elle, un adversaire clairement identifié. Cela promet, dans un proche avenir, quelques débats sans concession. Des cadeaux, il n’y en aura pas non plus à l’UMP. Le vainqueur, c’est logique, va privilégier ses principaux soutiens aux postes clés du parti. L’avenir pour Fillon s’annonce plutôt morose, car on le voit mal accepter le poste de vice-président  proposé par Copé et d’être, une nouvelle fois, assigné à un rôle de second. D’autres que nous s’apitoieront peut-être sur son sort. De toutes les façons, les divisions et les rancoeurs soulevées par cette campagne acharnée ne sont pas prêtes de se refermer au premier coup de sifflet du caporal Copé.

                                          

                              Bruno DA CAPO

18:37 Publié dans numéro 10 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : copé, fillon, duel, bluff, ump

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