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31/12/2009

De l'identité nationale






Comme il semble loin le temps où la patrie était ce nom sacré qui justifiait le sacrifice de sa vie ; où , à l’heure des grands
rassemblements, on pouvait chanter sans rire la Marseillaise avec une main sur le cœur. S’il y a encore des grandes
causes  – comme le Téléthon – pour mobiliser généreusement le bon peuple de France, le patriotisme n’est assurément
plus de celles-là. Et puis, où sont nos ennemis à l’heure de la fédération européenne ? Certainement pas à l’extérieur de
nos frontières. Là se situe le grand paradoxe de cette campagne pour l’identité nationale dont on nous rabat présentement
les oreilles. Alors que la France n’est plus désormais qu’un des états composant – certes avec panache – l’Europe des 25 ;
alors qu’il nous faudrait logiquement nous décentrer de notre « francéité », voilà qu’un  ministre, et non le moins trouble,
remet sur le plat une problématique qui fleure bon un nationalisme suranné. Avouons qu’il y a là de quoi avoir des
soupçons sur les intentions cachées de nos dirigeants.
Est-ce que, pour autant, ce débat n’a aucune raison d’être dans le contexte social actuel, comme d’aucuns le clament haut
et fort ? Ce n’est pas si certain. Reconnaissons sans honte qu’il n’est pas si facile (malgré notre prétendue vocation à la
fraternité)  d’accueillir le migrant ou d’oser le dialogue avec l’insurgé du dedans. Ne nous voilons pas les yeux devant le
malaise qu’éprouvent beaucoup de gens – et pas seulement les zélateurs d’une droite extrême – devant la montée de
revendications identitaires. On ne peut pas toujours les ignorer ou les considérer comme des manifestations anodines
dans le concert démocratique, par essence pluri-culturel. Il s’agit sans doute de redéfinir nos propres valeurs et, à travers
elles, la place que nous devons faire à des valeurs qui ne découlent pas de notre tradition laïque et républicaine. Il s’agit de
définir ce que nous avons en commun autant que ce qui nous éloigne, d’établir ainsi un nouveau modus-vivendi dans
l’espace public. Ainsi parviendrons-nous peut-être à désamorcer un processus insidieux de guerre civile, lui qui commence
toujours par la recherche de bouc-émissaires. Alors, on pourra rappeler aux nostalgiques de Vichy et à tous ceux qui
rêvent d’une France frileusement repliée sur elle-même que ce pays s’est toujours nourri de diversité culturelle. Nous ne
retrouverons pas ainsi l’adhésion affective, spontanée, à une France éternelle, mais ce n’est pas ce que nous voulons.
Notre visée est plus modeste : savoir si nous avons toujours la volonté d’un destin commun.


Bruno DA CAPO