Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/06/2016

Le choc

 

Jean-Baptiste Salvaing, commandant de police âgé de quarante-deux ans, a été assassiné chez lui dans son pavillon de Magnanville par un islamiste se réclamant de l’E.I. Après l’agression sauvage à coups de couteau, Larossi Abballa s’est retranché dans la maison pour y séquestrer l’enfant du couple et la compagne de J-B Salvaing, Jessica Schneider, trente-six ans, elle-même fonctionnaire de police, tuée elle aussi à l’arme blanche avant que les agents du Raid puissent enfin neutraliser Abballa sous les yeux d’un gamin de trois ans et demi, survivant à ce carnage et dans un état de choc avancé.

Voilà, résumée comme une dépêche d’agence de presse, la tuerie atroce qui a sidéré une fois encore la France. On savait que le pays était entré dans un processus d’attentats aveugles et qu’à tout moment nous serions cueillis à froid par à une nouvelle horreur. Après les carnages de Charlie Hebdo et du Bataclan et autres terrasses de café le même jour, c’est donc deux policiers qui sont atteints mortellement et avec eux le corps même de la police nationale. Il apparaît que Daesh s’en prenne désormais à l’incarnation même de l’état républicain. La nation tout entière est sous le choc. On le serait à moins. Après les journalistes et dessinateurs de presse, la jeunesse du pays et nos deux policiers, on peut hélas penser que cette liste s’allongera, que juges, intellectuels, opposants politiques à Daesh sont désormais dans son viseur…

Cette guerre joue sur nos nerfs. On sait aussi que la notion de « loup solitaire » a fait long feu. Les assassins ont toujours fait allégeance au djihadisme et aux chefs de l’E.I. On peut aussi penser (voir Orlando aux USA) que plus Daesh réduit son territoire face à l’intervention armée, plus il aura recours aux attentas ciblés chez nous et dans tous les pays en guerre contre lui. Ce qui veut dire pour nous qu’il va nous falloir apprendre à vivre avec cette épée de Damoclès. Et pour nos gouvernants, que vigilance, fermeté et dureté à l’égard de ces ennemis de l’intérieur, devront être scrupuleusement respectés. La morosité était à son comble, mais là, c’est un vertige qui nous prend. Quand s’arrêtera ce cauchemar qui dure et prend nos vies ?

 

                         Yves CARCHON

 

 

 

09/10/2015

La colère d’Obama

                         

 

  Il est apparu à la télévision le visage grave, les traits tirés, comme prématurément vieilli. Exaspéré par ce nouveau meurtre de masse, dans l’Oregon, qui a endeuillé les USA le 1er octobre. Ulcéré par la mauvaise volonté du Congrès à s’emparer pleinement de ce problème récurrent des armes à feu. Fatigué que la première démocratie du monde laisse ses enfants se massacrer entre eux à un rythme de plus en plus effréné. Car si on peut comprendre – sans les excuser – les stratégies meurtrières du terrorisme ou de la guerre des gangs (voire les « bavures » policières), on reste abasourdi devant ces épisodes démentiels dans lesquels des individus jusque là paisibles ouvrent soudain le feu sur d’autres Américains dans une école, une église ou un cinéma. Comme pour la plupart de ses devanciers, les motifs du tueur de Roseburg étaient parfaitement nébuleux. Les défenseurs de la libre détention des armes à feu peuvent dire que ce ne sont pas les armes qui tuent mais les hommes ; il n’empêche que si elles ne circulaient pas aussi massivement dans ce pays, il n’y aurait pas ce genre de tueries – du moins pas aussi souvent. Longtemps président de la puissante NRA (National Rifle Association), l’acteur Charlton Heston, à la fin de sa vie, défendait encore, face à la caméra de Michael Moore, le droit à posséder une arme. Selon lui, l’Amérique était un pays violent et cet état d’esprit, hérité des pionniers, justifiait toujours le fameux deuxième amendement de sa constitution. Mais il est facile de comprendre que cette violence se nourrit de la permissivité vis-à-vis des armes ; qu’elles sont d’autre part utilisées bien plus souvent pour l’agression que pour la défense. Le marché est évidemment impliqué au plus haut point dans cette situation, lui qui en tire des bénéfices colossaux. Pas un village aux USA qui n’ait son armurerie. On peut y acheter sans permis des armes de tous calibres, y compris des armes spécialement conçues pour les femmes et les enfants. En la matière le nec plus ultra est sans doute ce fusil d’assaut avec un revêtement en plastique, si léger qu’un écolier peut le porter en bandoulière. Mais il tire les mêmes balles mortelles que son cousin en acier. Au total ce sont 250 millions d’armes qui sont détenues par les foyers américains. Et qui font chaque année 34 000 morts.

Le combat de Barack  Obama contre le deuxième amendement est plus que jamais justifié. Une bonne partie de l’opinion américaine y est favorable malgré l’opposition tenace du lobby des armes. Si le président américain parvenait à le faire modifier, il tiendrait sans doute la plus belle victoire de sa double mandature. Mais, à l’évidence, ce sera encore plus difficile pour lui que l’instauration de l’assurance maladie obligatoire.

 

 

                          Jacques LUCCHESI 

10:35 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : obama, tuerie, oregon, armes