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27/01/2017

Bruissements (71)

 

 

Trump : Rarement l’investiture d’un nouveau président aura soulevé autant de colère et de protestations aux USA. Avant même que Donald Trump prête  serment, jeudi 20 janvier, ses adversaires avaient envahi Washington, souvent au coude à coude avec ses partisans. Dès le lendemain, les manifestations anti-Trump reprenaient de plus belle dans la plupart des grandes villes américaines. Et la Women’walk, organisée par des associations féministes, faisait des émules dans soixante et dix pays. Cette élection – sur laquelle pèsent de lourd soupçons de manipulation – a divisé comme jamais l’opinion américaine. A voir et à revoir les images diffusées par les télévisions, on sent bien que la coupe est pleine et que la guerre civile n’est pas loin d’éclater. Mais Trump, comme à l’accoutumé, fait la sourde oreille. Sûr de sa légitimité, il a entrepris méthodiquement de défaire tout ce que son prédécesseur  avait réalisé en huit années de gouvernance – en particulier sa loi sur l’assurance sociale gratuite, la fameuse Obama Care. Tout à son obsession protectionniste, Trump envisage  toujours d’ériger un mur sur la frontière mexico-américaine, interdit l’accès du territoire américain aux ressortissants des pays arabes et africains, parle même de rétablir la torture dans certaines officines de la CIA. Et que dire, à l’intérieur, de la loi sur l’avortement qu’il projette d’abroger ou de rendre difficilement applicable en coupant les aides d’état aux hôpitaux qui le pratiquent? On ne voit rien de bon qui puisse sortir de tout ce fatras réactionnaire. Le monde entier assiste, médusé, aux premiers pas présidentiels d’un égocentrique forcené qui a naïvement cru que tout ce qui était bon pour lui devait l’être pour l’Amérique. Et attend ses premiers obstacles.  

 

Obama : dans un mandat présidentiel, les derniers jours sont souvent plus significatifs que les premiers. Ainsi Obama aura,  jusqu’au bout, manifesté son désaccord avec le programme de son successeur. Après l’enquête édifiante sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle (au détriment des démocrates), il a donc décidé d’user massivement de son droit de grâce, faisant libérer des centaines de petits délinquants, mais aussi Chelsea Channing, cet ex-militaire qui avait balancé maints documents de la défense américaine à Wikileaks. De quoi faire bondir de colère ses adversaires républicains. Mais c’était, bien sûr, l’effet recherché par ce président pas tout à fait comme les autres. Une place considérable dans l’histoire américaine lui est d’ores et déjà acquise. Et Trump ne pourra rien y faire, cette fois. 

 

Gambie : « engambe » en Gambie où le président sortant, Yahya Jammeh refusait de se plier à la loi des urnes qui a porté au pouvoir son adversaire Adama Barrow. Il trépignait sur son trône, ce roitelet pas fair-play. Pas question pour lui de dire « jamais plus Jammeh ». Finalement, sous la pression de divers pays africains (qui menaçaient d’envahir le pays pour le destituer), il a fini par céder la place pour aller passer une retraite dorée sous des cieux plus cléments. Ouf ! Il n’y aura donc pas de guerre civile en Gambie, comme en Côte d’Ivoire en 2010. Reste que les chefs d’état africains ne sont pas, dans leur ensemble,  très doués pour le jeu de la démocratie.

 

Pollution : c’est officiel depuis le 15 janvier : à Paris la vignette anti-pollution va s’appliquer désormais à tous les véhicules construits après 1997 – ceux d’avant n’ayant droit de cité qu’à partir de 20 heures. Vert, jaune, mauve, orange, bordeaux, gris : il y en a presque de toutes les couleurs, chacune d’elles définissant un degré d’émission polluante. Cette nouvelle vignette coûte seulement 4, 18 euros. Mais elle peut, en cas d’oubli, vous faire écoper d’une amende de 68 euros – du moins quand le dispositif sera finalisé. Evidemment, elle ne fait pas que des heureux, mais Anne Hidalgo a tenu bon, afin de donner un peu plus d’air frais aux parisiens. Paris devient ainsi la première zone urbaine à circulation restreinte de France. En cas de pic de pollution, c’est la couleur de la vignette qui sera désormais prise en compte pour pouvoir circuler, et non plus les plaques d’immatriculation. Une mesure qui fait son chemin, puisque Grenoble et à Lyon sont sur le point de l’adopter. Mais à Marseille, il y a fort à craindre qu’elle ne prenne effet qu’en 2032.  

 

 

                   Erik PANIZZA

 

 

 

 

 

 

 

 

14:06 Publié dans numéro 17 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : trump, obama, gambie, vignette

24/12/2016

Bruissements (70)

 

 

 

Primaires : On se demande parfois pourquoi tant de gens veulent devenir président de la république quand on sait les épreuves qui attendent ensuite celui qui y parvient. A gauche, malgré tout, ils n’étaient pas moins de vingt-quatre postulants pour les primaires de janvier. Après examen des candidatures et des conditions de recevabilité (parrainages suffisants, programmes cohérents, cotisations à jour), le conseil des sages de la haute autorité n’a retenu que sept candidats, quatre socialistes (Manuel Valls, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon) et trois divers gauche (Sylvia Pinel, Jean-Luc Benhamias et François de Rugy). On voit déjà sur quel quatuor les regards seront braqués dès le premier débat du 8 janvier. Mais on sait aussi qu’il faut compter avec l’humeur des électeurs et que des surprises pourraient bien s’inviter, là aussi. Pour le vainqueur, de toutes les façons, les vrais problèmes ne commenceront qu’après son élection.

 

Accommodements : tout à peaufiner sa statue de présidentiable, François Fillon est revenu sur les outrances de ses propos de campagne, en particulier ceux qui concernaient la diète drastique de l’assurance-maladie. Non seulement la couverture santé des petits assurés ne sera pas touchée mais en plus elle devrait être renforcée par l’application de son programme. Personne n’en croit un mot, bien sûr, et la critique la plus cinglante est venue de Florian Philipot. Selon lui, soit Fillon ment soit il recule et, dans les deux cas, il se discrédite. Notez bien qu’il n’y a pas que Fillon qui cherche à se montrer plus consensuel. A gauche, Valls ne fait pas autre chose quand il promet, s’il est élu, d’abolir le fameux article 49-3, lui qui l’a utilisé à six reprises lorsqu’il était premier ministre. Tous des pourris ? Non. Mais tous des opportunistes, oui.

 

Trump : on connaît à présent les principales personnalités que Donald Trump va nommer à des postes-clés pour le seconder durant son mandat présidentiel. Au Trésor, il y aura Steve Mnuchin, un ex-dirigeant de Goldman-Sachs. Un autre milliardaire, Wilbur Ross, est nommé au Commerce : quand on sait qu’il a bâti sa fortune sur le rachat d’entreprises en faillite, on se dit que l’Amérique sera bien gérée. Quant à l’environnement, c’est le climato-sceptique Scott Pruit qui sera en charge des dossiers les plus sensibles du moment ; ceux-là même qu’il a niés ou entravés lorsqu’il était procureur général de l’Oklahoma. Bref, une équipe de gros richards pour diriger un pays où les pauvres sont de plus en plus nombreux. (C’est peut-être pour leur insuffler le virus de la réussite). Et dire que ceux-là ont cru élire un candidat anti-système !

 

 

 

Obama : si, à plusieurs reprises, Donald Trump a publiquement affirmé son respect – voire son admiration – pour Vladimir Poutine, il n’en est pas de même pour Barack Obama. Plus d’une fois, dans des réunions internationales, les présidents russe et américain se sont ignorés ou serré la main sans se regarder. A un mois de son départ de la Maison Blanche, Obama semble redoubler de colère contre son homologue du Kremlin. Il l’accuse ouvertement d’avoir contribué, par des attaques informatiques, à affaiblir le camp démocrate durant les dernières élections présidentielles. Il a ainsi diligenté une enquête du FBI qui devrait rendre ses résultats courant janvier. Bien entendu Moscou dément ces accusations et demande des preuves à l’appui. Mais, comme le dit Obama, il ne se passe pas grand-chose en Russie sans l’aval de Poutine. D’autre part, nous savons que les possibilités de nuisance informatique défient l’imagination. Aussi attendons-nous impatiemment les conclusions de cette enquête. Tout en doutant qu’elle puisse remettre en cause les résultats de ce scrutin. Hélas…

 

 

Berlin : Le tueur au camion de Nice a-t’il fait un émule en Allemagne ? Toujours est-il qu’un tunisien de 24 ans a réussi à prendre le contrôle d’un camion (tuant son chauffeur polonais) pour le jeter sur un marché de Noël berlinois, lundi soir. Bilan : douze morts et une cinquantaine de blessés. Malgré des recherches policières très actives, le tueur a réussi à prendre la fuite avant d'être interpellé et abattu à Milan. Il était, lui aussi, connu des services de renseignement, ce qui met encore une fois l’accent sur les failles de la sécurité en Europe. Bien entendu, Daesh a revendiqué dès le lendemain ce nouvel attentat contre des civils européens. Quoique frappée par des actes terroristes isolés, ces derniers mois, l’Allemagne n’avait pas encore connu un attentat d’une telle ampleur. Et, contrairement à la France, elle est moins bien préparée à y faire face. Du coup, Angela Merkel est montrée du doigt par tous ceux qui lui reprochent son accueil trop généreux des réfugiés de guerre, l’an dernier. En France, par réaction, tous les marchés de Noël ont vu leur surveillance redoublée. Et l’état d’urgence est prolongé jusqu’au 15 juillet prochain. Des mesures certainement nécessaires, mais quid de leur efficacité ?

 

Erik PANIZZA

 

18/11/2016

Le glas ou le tocsin

 

Ça y est, la médiocratie est en marche ! Pas seulement aux USA, mais en Europe avec les populismes qui gagnent du terrain. On le savait déjà. La honte de choc que représente Trump souligne d’autant nos lâchetés. En la matière, — mais qui ne le sait pas ? — la France n’est pas plus épargnée. Aux dernières nouvelles, le Front National est ouvertement appuyé par 35% de nos concitoyens… Et encore, sans compter les mutiques au nombre incalculable gagnés aux thèses de Marine, qui n’en pensent pas moins… Médiocratie alliée au populisme, c’est la cata ! Sous quelle forme se propage-t-elle ? Anti-immigration, xénophobie, homophobie, racisme, haine des élites politiques (qui, il est vrai, sont loin d’être brillantes…), nationalisme, protectionnisme… j’en passe.

Mais pour autant, le populisme n’est plus rampant. Il plastronne et dirige la Hongrie, est influent en Suisse, gagne le Royaume-Uni, se déploie en Norvège, fait une percée au Danemark, s’installe aux Pays Bas, sous forme de lois portées par des partis légaux et reconnus (comme le parti nazi en 1933). En France, il semble que le terrain soit prêt pour faciliter l’ascension du FN. Les politiques qui se présentent ou se présenteront ont déjà fait faillite. La mésaventure advenue aux Clinton, qui ont usé littéralement les électeurs américains à cause de leurs frasques, tant financières que sexuelles, pourrait bien arriver à nos « élites » qui, déchirées, se dévorant entre elles, gauche et droite confondues, ne voient pas arriver l’ombre triomphante du populisme. Que faut-il faire ? Sonner le glas ou sonner le tocsin ? Je préfère le tocsin. Mais la France du haut peut-elle encore l’entendre ?

 

                                Yves CARCHON