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09/09/2010

Le marché halal





En annonçant l’ouverture, voici deux semaines, de 14 nouveaux restaurants halal, Quick – l’un des leaders de la restauration rapide – a jeté un pavé dans la mare de tous ceux, laïcards militants ou nationalistes xénophobes, qu’inquiète la visibilité de l’Islam en France. Ainsi, les Français (qui ne sont pas musulmans) seraient exclus de ces restaurants du deuxième type ou devraient manger des steaks hachés provenant de bêtes abattues selon le rite islamique. Quid de la neutralité républicaine en matière de cultes ?  Au-delà de l’effet d’annonce, il n’y avait pas de quoi décréter l’état de siège. D’abord, malgré cette progression de la restauration « orientée », Quick ne s’est pas islamisé pour autant : il n’y jamais que 22 restaurants halal sur les 362 que compte la marque sur notre territoire. Ensuite, personne n’est obligé de manger halal (ou cacher, ou macrobiotique) et ceux qui le feraient par accident ne risquent pas plus d’ennuis de santé que dans un quelconque fast-food. D’autre part, l’appel de Quick vers la communauté musulmane ne viole pas les règles fondamentales de notre laïcité – à moins que Quick ne soit financé par l’Etat français, ce qui n’est pas le cas à ma connaissance. Le débat se situe manifestement ailleurs, au niveau de l’imaginaire social en particulier. Il faudra bien admettre que la réalité humaine de la France actuelle n’est plus homogène – mais l’a-t-elle jamais été ? -, qu’elle rassemble des millions d’individus de différentes origines et qui cherchent naturellement à se regrouper selon des critères d’appartenance. Dans cette mosaïque communautaire, l’Islam émerge singulièrement avec près de 5 millions de pratiquants. Du point de vue économique, cela représente un marché en pleine expansion de  5,5 milliards d’euros par an (soit 15% de croissance annuelle). Pas besoin de pressions pour que l’ensemble de la chaîne alimentaire lui fasse les yeux doux. Le fond de l’affaire Quick – on pourrait trouver  sans peine d’autres exemples - n’est que la rentabilité à court et à moyen termes, sans aucune autre forme d’engagement ni de souci éthique. Et c’est encore ce qui est le plus inquiétant.


Erik PANIZZA

18:29 Publié dans numero 5 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : halal, islam, quick, laïcité