22/07/2016
Les sbires du néant
Le carnage perpétré à Nice le soir du 14 juillet a ébranlé la France. Il est encore trop tôt pour dénoncer les fautes commises et pour trouver les responsables. Aujourd’hui, après trois jours de deuil national, il nous faut être solidaire avec les survivants de la tuerie. Serrer aussi les rangs et soutenir le travail difficile mené par le gouvernement sur la sécurité. Les critiques certes font partie du fonctionnement démocratique. La récupération à des fins électoralistes, non. Le maire de Nice semble avoir obéi à ce détestable travers, laissant planer le doute sur les forces de sécurité qu’il avait demandées et qui lui auraient fait défaut… Peut-être. Mais l’heure est au chagrin, au silence, à la peine, au respect des victimes. Au comment vivre après l’assassinat d’un proche, d’autant, surtout, quand il s’agit de son enfant…
Le terrorisme frappe, exécute et liquide, préférant l’idéologie mortifère à l’humaine concorde. Le voilà installé chez nous. Il ne faut certes s’y résoudre, baisser les bras. Bien au contraire le prévenir et le combattre. Régler aussi le sort, aujourd’hui chancelant, de Daech et de ses sbires du néant. Et chez nous retrousser nos manches pour que le discours islamiste n’ait plus prise sur personne en refondant les bases d’un nouvel ordre social, réellement égalitaire et fraternel.
Yves Carchon
13:44 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nice, carnage, terrorisme, néant
19/07/2016
Tourisme et terrorisme
Longtemps l’Orient, proche ou lointain, fut la destination privilégiée des grands voyageurs – ceux qui s’embarquaient par passion, comme on aime une femme inconnue. C’est ainsi que, dans les années 50, un écrivain globe-trotter comme Nicolas Bouvier pouvait encore parcourir, avec un ami, les montagnes d’Afghanistan et coucher tranquillement chez l’habitant. Las ! Les temps ont bien changé et cette région – comme beaucoup d’autres – est désormais interdite à ceux qui se sentent une âme de citoyen du monde. Car il ne fait pas bon être un européen dans ces contrées marquées par un Islam wahhabite et la haine de nos valeurs. Pour décourager ceux qui aiment instiller une dose de risque dans leurs vacances, le Quai d’Orsay a publié une liste de quarante pays potentiellement dangereux pour les ressortissants français. Outre l’Afghanistan, nul ne sera étonné d’y trouver l’Irak, la Syrie, le Pakistan, la Lybie, la Tunisie et la Turquie. Plus au sud, en Afrique Subsaharienne, ce sont le Mali, la Mauritanie, l’Ethiopie, le Niger, la Somalie et le Tchad qui sont momentanément mis à l’index. En Asie, l’Indonésie et la Malaisie sont particulièrement déconseillées. Sur le continent américain, mieux vaut éviter le Honduras, le Mexique, le Guyana et le Pérou, tant en raison de la forte criminalité qui y sévit que des risques d’épidémies (comme le virus Zika), d’éruptions volcaniques et de cyclones. C’est nettement plus sûr en Europe où, à l’exception de l’Ukraine et de l’Ossétie du sud, on peut se promener en ville sans grand risque de prendre une balle perdue.
Car si le tourisme est devenu une manne financière pour beaucoup de pays – à commencer par la France -, il est fortement menacé par les guerres endémiques et le terrorisme en recrudescence ces dernières années. Celui-ci a intégré dans sa stratégie les répercussions négatives sur ce secteur - important – des économies nationales. C’est ainsi qu’en France, les attentats de 2015 ont fait chuter de 70% la demande hôtelière. Et c’est à peine si elle commence à relever un peu la tête. Paris reste toujours la destination la plus prisée des asiatiques, même s’ils exigent à présent des conditions de sécurité renforcée. Une situation qui profite à d’autres villes françaises, plus provinciales donc moins menacées : mais l’attentat du 14 juillet à Nice prouve, hélas, qu’il n’y a pas de risque zéro. Quant aux Français, ils se tournent à nouveau – à 58, 7% - vers leur propre pays pour leurs vacances d’été. Pour les autres, des pays limitrophes comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal sont toujours très attractifs.
Oui, la sécurité reste un critère majeur pour des vacances réussies. Et si le tourisme n’envisage pas d’un bon œil les limitations apportées à son extension planétaire, il est bien obligé de s’adapter aux nouvelles contraintes posées par la géopolitique actuelle. Quitte, parfois, à les subvertir en imaginant, comme certains tour-opérateurs, des circuits dans des zones sinistrées par la guerre.
Jacques LUCCHESI
13:17 Publié dans numéro 16 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tourisme, terrorisme, quai d'orsay, nice