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14/06/2012

Du royalisme républicain

 

                       

 

 Rarement quelques mots auront fait autant de « buzz » dans la médiasphère. Mais nous sommes dans l’ère des mini-messages et ceux-ci circulent presque à la vitesse de la lumière. Le mal qu’ils peuvent faire est, bien entendu, proportionnel à la notoriété de celui ou celle qui les émet. En l’occurrence, le tweet qu’a adressé, lundi, Valérie Trierweiler à Olivier Falorni ne pouvait rester ignoré (nul besoin de le reproduire ici). Non que l’actuelle « première dame » puisse être considérée comme une autorité morale. Mais, par son statut de conjointe du président, elle gravite dans les plus hautes sphères du pouvoir et tout ce qu’elle peut dire prend, dès lors, une valeur d’indice, sinon d’oracle. Mais qu’est-ce qui a vraiment motivé ce message d’encouragement au candidat PS dissident, adversaire de Ségolène Royal dans la première circonscription de Charente-Maritime ? Une rivalité de femmes ? Une dispute entre conjoints ? Y a-t-il eu un réel piratage informatique ou la volonté délibérée de faire entrer dans la sphère publique un message privé, quitte à le maquiller en « fuite » ? Quoiqu’il en soit de ces hypothèses, on pourra peut-être reprocher à Valérie Trierweiler d’avoir manqué de discrétion mais pas de pertinence. Car la candidature d’Olivier Falorni à la députation de la Rochelle est certainement plus fondée, plus légitime que celle de Ségolène Royal. Adjoint au maire de la Rochelle, président de la section PS de Charente-Maritime, il a une expérience et un engagement, au niveau local, que la présidente du Poitou-Charente n’a pas. Pour elle, cette députation ne serait qu’un marchepied vers la fonction autrement plus prestigieuse de présidente de l’Assemblée Nationale. C’est un peu sa revanche et le cadeau attendu pour sa campagne malheureuse de 2007. Autant dire que ses électeurs ne risquent guère que de la voir dans les pages des journaux et à la télévision. Or, quel est le sens de la fonction de député(e), sinon d’être un médiateur entre les citoyens et le pouvoir étatique ? Sinon de faire entendre la parole populaire aux plus hautes instances de l’Etat ? Cette vicariance, on ne le sait que trop, est viciée par l’indifférence et l’abstentionnisme – dans l’hémicycle du palais Bourbon, celui-là. En l’occurrence, celle convoitée par Royal est tellement grevée par l’opportunisme et l’ambition personnelle que ses chances de séduire un électorat local ne reposent guère que sur le soutien insistant de son parti. Quid, dès lors, de la voix du peuple, la seule qui est censée faire et défaire les gouvernants dans notre république ? La seule qui est censée assurer la probité de notre système ? On ne peut pas reprocher à la droite son immoralisme politique et reprendre, à gauche, ses bonnes vieilles méthodes que sont la préséance et le népotisme. Ségolène Royal a une carrière qui incline au respect. Elle joue sans doute son destin politique à La Rochelle. Mais nul ne peut exiger qu’on lui déroule le tapis rouge, sous peine de nier les valeurs mêmes de la gauche dont elle n’a cessé de se réclamer.

                              

                             Bruno DA CAPO