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12/12/2014

Les crèches de la discorde

                  

 

 

 

Au départ, il y a la décision du tribunal administratif de Nantes qui, saisi par l’association La Libre Pensée, a enjoint le conseil général de Vendée de retirer sa crèche de Noël dans le hall de l’hôtel du département. Décision sans doute un peu trop rigoriste, même justifiée par l’article 28 de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’état (qui interdit les signes religieux dans l’espace public). Néanmoins, le conseil général de ce département – pourtant de forte tradition catholique – s’y conforme, tout en promettant d’introduire un recours. Ce n’est pas le cas à Béziers, sous le coup aussi de la même injonction. Là, Robert Ménard, maire apparenté FN de la cité bitérroise, se cabre et conserve la crèche installée dans l’hôtel de ville. Il est rapidement suivi par l’ensemble des autres édiles du FN dans leurs communes respectives. La fronde gronde contre les valeurs de la république, soutenue par des personnalités aussi différentes que Nadine Morano (UMP) et Julien Dray (PS). On peut les comprendre. Car  il n’est nul besoin d’être encarté à l’extrême-droite pour vouloir préserver, en cette période de l’année, un peu d’enfance et de merveilleux  au sein de notre société si mercantiliste. Ce qui est, par contre agaçant, c’est la récupération politique quasi instantanée d’une coutume porteuse de paix et d’universalité. C’est aussi la duplicité du FN, si prompt à brandir le principe de laïcité quand il estime que l’Islam le viole par ses manifestations publiques et, à l’inverse, de le piétiner lorsqu’il met un bémol à des traditions d’inspiration chrétienne. Il est vrai que, dans cette affaire, le sénateur UMP Bruno Retailleau a introduit la distinction entre fait religieux et fait culturel – la crèche relevant, selon lui, de ce deuxième point. Du pain bénit pour le FN qui a sans doute oublié que la loi de 1905 visait avant tout – et pour cause ! – la religion chrétienne jugée alors trop influente. Les mœurs ont bien changé, depuis, dans ce pays ; la laïcité y est devenue plus tolérante. Et on peut aujourd’hui, sans crainte du ridicule, s’affirmer laïcard tout en continuant à fêter Noël et même Pâques.  

 

                     Bruno DA CAPO