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01/10/2014

La protestation musulmane

                 

 

 

 En matière de terrorisme et d’enlèvements, nous avons franchi, avec Daesh – l’état islamique – une nouvelle étape dans l’horreur. Alors que jusqu’ici les otages occidentaux représentaient une valeur marchande pour leurs ravisseurs et étaient longuement détenus (ce fut le cas avec des groupes comme Aqmi et Boko Aram), on assiste avec Daesh à une toute autre stratégie. Là, pas de négociation mais des mises en scènes macabres destinées à montrer sa détermination implacable à ses ennemis. D’où la rencontre de la barbarie la plus ancestrale et de la technologie la plus sophistiquée, le sabre et l’Iphone, la haine des valeurs occidentales et l’utilisation compulsive des réseaux sociaux. Jamais les bourreaux, dans l’histoire, n’ont été aussi bavards et exhibitionnistes. Et cela ajoute à leur abjection.

Mais il est un point de bascule où la terreur – passive - se transforme en une révolte  - active. Ce point a –t’il été atteint avec la mort atroce d’Hervé Gourdel ?  Tout porte à le croire, si l’on en juge par l’émotion provoquée par l’annonce de sa décapitation. Pour la première fois, surtout, elle a soulevé une vague d’unanimisme qui a fait tomber les vieux clivages communautaires. Si jusqu’ici on avait entendu, à l’occasion d’un attentat ou d’un enlèvement commis par des islamistes, la réprobation des seuls représentants du culte musulman en France, avec ce nouvel assassinat c’est toute une communauté qui s’est dressée pour clamer son indignation. Non, Daesh et ses prétendus djihadistes n’ont rien à voir avec tous ceux qui, dans notre pays, veulent seulement affirmer leur foi en l’Islam et ses principaux commandements. Non L’Islam n’est pas l’islamisme et oppose, lui aussi, à cette perversion sanglante la valeur universelle de la vie humaine.  Tout comme les musulmans anglais qui s’insurgeaient contre Daesh en affichant sur leurs poitrines « Not in my name », leurs coreligionnaires hexagonaux  ont massivement pris la parole pour dire qu’ils étaient, eux aussi « de sales Français ». Cette condamnation sincère de Daesh et de ses méthodes n’était pas, non plus, exempte d’un souci d’autojustification. Beaucoup, en effet, sont excédés de devoir toujours faire la preuve de leur pacifisme - d’aucuns, dans la presse française, ne se sont pas privé de le faire remarquer – face à une opinion publique qui a tendance à les diaboliser. Une situation pénible, j’en conviens, mais il faut parfois briser un silence trop ambigu et jouer cartes sur table. A Paris, mais aussi à Nice, Lyon et Avignon, des hommages à Hervé Gourdel ont regroupé, durant le week-end dernier, de très nombreux participants, musulmans, chrétiens et laïques unis par un commun rejet du fanatisme meurtrier. Une belle image de la société française actuelle et de son idéal républicain. Je regrette seulement que l’on n’ait pas vu les mêmes défilés de la fraternité à Marseille.

 

                            Bruno DA CAPO