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11/02/2019

    Blagues sexistes : encore une loi pour rien

       

 

 

 Dans le tumulte social qui a marqué ce début d’année 2019 (Gilets jaunes, affaire Benalla, grand débat national), on n’a guère prêté attention à un nouveau projet de loi liberticide : celui qui vise les blagues sexistes. Il émane du Haut Conseil à l’Egalité femmes-hommes présidé par Danielle Bousquet. Le 17 janvier dernier, un volumineux rapport a donc été publié pour dénoncer l’humour sexiste de certains chroniqueurs de radios, mais aussi les blagues de la même veine qui circulent dans les entreprises et les bureaux à l’heure de la pause café.

Pour madame Bousquet, comme elle l’exprimait dans un entretien au journal 20 minutes, « ces blagues-là sont dangereuses car elles ressortent du sexisme qui est une idéologie de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes. Selon elle « le sexisme peut avoir des conséquences extrêmement graves allant de l’humiliation jusqu’au crime. ». Et pourtant – elle le regrette, bien sûr -, « c’est une idéologie très répandue mais très faiblement condamnée ». Que propose- t’elle en conséquence ? Dénoncer les auteurs de blagues sexistes comme on doit dénoncer les auteurs de blagues racistes ; les mettre au pilori social tout d’abord, mais aussi envisager leur condamnation juridique.

De tels propos sont effarants, inquiétants aussi. Ils sont symptomatiques du néo-féminisme qui se déchaîne en France depuis la vague Metoo en 2017. Sitôt qu’on parle des femmes, tout devient sujet à polémiques et à récriminations. Et, bien entendu, ce sont les hommes – tous les hommes – qui sont présumés coupables. Passe encore qu’on puisse incriminer certains comportements de rue aux limites de l’indécence ; mais de banales productions symboliques comme les blagues dites sexistes ? Il faut vraiment se demander comment des femmes peuvent en arriver à noircir à ce point les relations entre les sexes. Les femmes de ce pays, toutes cultures confondues, sont-elles aussi opprimées que ces militantes le prétendent. J’en doute fort. Il y a toujours des dérapages, évidemment. Mais déduire la règle commune à partir des exceptions est une démarche intellectuellement malhonnête. Cela relève, pour le coup, d’un projet idéologique, contrairement au sexisme qui n’est – n’en déplaise à madame Bousquet -  qu’un mouvement spontané de l’esprit, certes provocateur mais sans aucune architecture intellectuelle.

Pourquoi rit-on des femmes ? Parce que c’est une façon de détendre des rapports sociaux et professionnels souvent compliqués. Parce qu’ainsi les hommes  repoussent la crainte secrète que les femmes leur inspirent. Le rire – qui n’est jamais dépourvu d’une forme d’agressivité – constitue une sorte de soupape de sécurité. Et il y a fort à parier que les hommes qui rient entre eux des femmes ne sont pas ceux qui les agressent physiquement. Il est à noter que les femmes rient aussi des hommes entre elles. Faudrait-il, dès lors, pour lutter contre cet autre versant du sexisme, exiger une commission d’enquête ?

Du reste, cette tendance à tourner les hommes en ridicule est véhiculée depuis quelques années par la publicité télévisée. Récemment, une marque allemande de voitures faisait la sienne en montrant une jeune femme qui prenait un malin plaisir à salir la voiture d’un naïf prétendant, celui-ci - sans doute pour l’épater-  lui ayant proposé de l’essayer en ignorant que la belle possédait déjà le même modèle. Tel est pris qui croyait prendre mais a-t-on vu des hommes protester publiquement contre ce spot qui dégrade leur image ?  Non. C’est peut-être regrettable mais c’est ainsi. Alors pourquoi une minorité de femmes s’ingénie-t’elle à traquer le moindre signe de leur prétendue victimisation dans de dérisoires productions culturelles – les cartes postales coquines de l’été dernier en sont une autre – quand une majorité d’entre elles s’en soucie comme d’une guigne ? Qui peut encore douter de l’intention politique qui se profile derrière cette susceptibilité partout affichée ?

Si les femmes françaises veulent être légitimement respectées, avoir les mêmes droits et les mêmes possibilités de carrière que les hommes, elles savent aussi qu’il y a depuis toujours du jeu entre les sexes et elles sont suffisamment adultes pour y jouer. Il n’y a bien que les féministes pour vouloir les en protéger et croire que le monde serait plus doux à vivre sans une place laissée au rire et aux rapports de séduction.

 

Jacques LUCCHESI

16:36 Publié dans 19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : féminisme, blagues, rire, sexisme

11/01/2019

Les femmes montent au créneau

                     

 

 

Cela se passe en Inde, au Kerala, où des millions de femmes ont formé, depuis le 1er janvier, un mur humain de 620 kilomètres de long pour protester contre l’interdiction qui leur est faite d’aller prier dans des temples. Il faut savoir en effet que la tradition indienne considère comme impures les femmes en âge d’avoir leurs règles et ce, malgré l’abolition de cet interdit par la Cour Suprême de l’Inde en octobre dernier. Depuis, des militants traditionnalistes bloquent l’accès du temple de Sabarimala. Néanmoins, ces jours-ci, trois femmes ont réussi à y entrer sous escorte policière.

Cela s’est passé à Paris et dans plusieurs villes françaises (Toulouse, Caen, Lyon, Dijon) dimanche 6 janvier. Des femmes, par centaines, ont organisé des défilés – d’où les hommes étaient exclus – pour soutenir les revendications des Gilets jaunes, mais sans la violence qui s’est encore déchaînée lors de ce 8eme week-end de mobilisation. Elles voulaient aussi rappeler qu’elles sont les premières à subir les restrictions budgétaires, tout en faisant un clin d’œil à la révolution françaises, quand les femmes du peuple ouvraient les cortèges pour aller tancer le roi.

Voici deux exemples, pris dans l’actualité récente, qui montrent l’importance des femmes dans le combat social et l’évolution des moeurs. Dans l’un et l’autre cas, elles manifestent pour plus d’égalité, de justice et de dignité dans un monde qui les leur dénie encore trop souvent. Ce féminisme-là, éclairé, généreux et solidaire se situe aux antipodes des mesquines exigences des féministes différentialistes qui copinent avec le pouvoir actuel. Faut-il dire que  nous le soutenons sans réserve ? Car il rappelle que les conditions de vie, un peu partout sur la planète, doivent sans relâche être améliorées, que les femmes ont en cela un rôle primordial à jouer. Un autre monde est possible et il ne se fera pas sans elles.    

 

Jacques LUCCHESI

17:57 Publié dans 19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femmes, inde, défilés, féminisme

07/09/2018

                Du féminisme à la française

     

 

 

 

 Saison de toutes les audaces, l’été est aussi celle de toutes les pudibonderies. Car la nudité – celle des femmes en particulier – reste toujours problématique dans notre société. Et souvent elle révèle des enjeux d’ordre culturel et politique.  Voici deux ans, c’était le burkini qui alimentait la polémique estivale. Aujourd’hui, c’est un ukase féministe sur les cartes postales coquines qui la relance en plein mois d’août (ce mois des fous, des gros matous, des sapajous, comme le chantait si bien Pierre Perret). Entre ces deux affaires, à priori éloignées, il y a pourtant un lien : l’intégrisme et la volonté de soustraire les femmes à la prétendue concupiscence masculine.

Ces fameuses cartes postales, dénoncées et traquées par l’association Femmes solidaires, nous les connaissons bien à Marseille. Elles fleurissent aux tourniquets des vendeurs de souvenirs et accrochent le regard de ceux qui flânent sans but précis sur le Vieux Port. Sans doute en avons-nous, un jour, acheté une pour l’envoyer, comme une blague marseillaise, à un correspondant lointain. Quant aux amateurs de pétanque, ils ont encore en tête les représentations de Fanny qui offrait son cul à baiser à ceux qui, paradoxalement, avaient perdu la partie sans marquer un seul point. Rien de bien inquiétant dans ces productions du folklore local, on en conviendra aisément.

 Que quelques viragos puissent y voir « une culture du viol » en dit long sur leur vision ascétique des rapports humains. Elles illustrent jusqu’au ridicule les excès de ce féminisme différentialiste qui a, malheureusement, le vent en poupe aujourd’hui. Et qui, au motif de transformer les mentalités, traque tout ce qui, de près ou de loin, érotise l’image féminine. Avec elles les hommes sont toujours sur le banc des accusés – et dire qu’il y en a quelques-uns pour faire cause commune avec elles ! Précisément, elles leur reprochent de tenir les femmes pour des objets sexuels : comme si le regard désirant sur elles était en soi une insulte ! Comme si l’initiative sexuelle ne devait plus venir que des femmes – et encore, sous certaines conditions -, ne laissant plus de place à la surprise et à la transgression. 

Ce féminisme-là, répétons-le, est désocialisant ; il ne peut produire que du conflit et de la ségrégation. Il est aux antipodes du féminisme universaliste qui, lui, voulait l’émancipation et l’intégration harmonieuse des femmes dans la société, à part égale avec les hommes. Dans bien des pays, hélas, son combat est toujours d’une urgence absolue et, à titre personnel, je le soutiens sans réserve. Mais, de grâce, qu’on nous épargne ces mesquins procès en sexisme, surtout quand ils portent sur des produits en voie de disparition comme ces cartes polissonnes. Qu’on arrête de couper les cheveux en quatre et qu’on se recentre sur les vrais problèmes - comme l’exploitation économique plus que jamais décomplexée -  qui affectent le vécu tant des femmes que des hommes dans ce monde. Cela, nos féministes, maintenant introduites dans les sphères du pouvoir, cherchent à le faire oublier au plus grand nombre, préférant insister sur la menace que représente, pour la dignité des femmes, deux ou trois postérieurs bronzés et bien alignés.

 

Jacques LUCCHESI