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05/04/2019

   Adieu Bouteflika

                 

 

 C’est la fin ou plutôt le début d’autre chose. Il y a d’abord  celles et ceux qui ont des comptes à rendre pour raison de comptes à protéger. Et là il s’avérera qu’ils n’ont rien à déclarer pour cause de prête-noms et autres anonymes nantis à leur insu. Puis il y aura celles et ceux qui savaient et qui se taisaient  - la belle affaire !-  car pris la main dans le pot de confiture.

Plus les témoins passifs qui, hier encore, ne juraient  que par le nom du Président irremplaçable et inaudible ; si ce n’est par les voix de ses frères et conseillers qui, à coup de décrets, dégommaient ou légitimaient des préposés à de hautes fonctions. Bien entendu ils n’avaient qu’à dire amen et jurer fidélité au clan.  Ah ! Que n’écoutiez-vous pas la voix de la raison, celle du peuple qui criait « assez ».

Que n’écoutiez-vous pas la voix d’un anonyme qui chantait vos louanges avec des millions d’anonymes pleins d’espoir, conscients d’avoir perdus vingt ans depuis le départ de feu Boumediene.  Pour nous voir encore déçus et amers d’avoir perdu vingt ans de nouveau.

Pourtant, l’incorrigible optimiste que je suis depuis plus de soixante ans, s’en remet à cette nouvelle génération qui me donne à apprendre et plus encore. Car la solution est là ; voyez comme le hasard fait bien les choses. Le bout du tunnel est celui des facultés, juste à la place Audin - du nom d’un jeune homme mort pour que vive l’Algérie. Que là, à ce même endroit, renaisse l’espoir qui envoie le FLN au musée, l’ANP dans ses casernes, avec ses aboyeurs qui prônaient la politique de la chaise vide. Grand bien leur fasse. Il y aura assez de bancs publics, sur les places, à partager avec ces députés qui pourront désormais baisser les bras,  ou même retrousser leurs manches, tant il reste encore à faire.  Et, s’il vous plait, avant de prendre la porte, rendez les clés, car elles appartiennent au peuple d’Algérie.

La lutte continue. Vous voir partir n’aura pas été chose facile. Je gage que cette belle jeunesse veillera à vous laisser à la porte, sans espoir de retour. Afin de laisser à l’Histoire le soin de clore ce chapitre.

 

Rachid Ait

22/01/2013

Otages

 

                            

 

 Osons le rappeler : le phénomène des prises d’otages n’est pas nouveau dans l’Histoire. L’Antiquité l’a connu – Jules César lui-même fut capturé par des pirates qu’il fit, à peine libéré, pourchasser et exterminer-, de même que le Moyen-Âge et l’époque moderne, avec les combats opposant chrétiens et barbaresques en Méditerranée. Quand ils n’étaient pas échangés ou libérés contre rançon, les prisonniers – pour la plupart des combattants – étaient tout simplement réduits à l’esclavage. Sans remonter bien loin dans le passé, on constate que la recrudescence des prises d’otages va de pair, dans les années 70, avec la montée des mouvements terroristes, de quelque idéologie qu’ils se réclament. Ce parallèle caractérise les guerres dites « asymétriques », non pas entre deux états souverains mais entre un état et des groupes armés poursuivant des visées politiques. Dans ce cas, tous les moyens sont bons pour faire pression sur celui qui apparaît – parfois à tort - comme le plus fort, dont l’enlèvement et la séquestration de civils ou de ressortissants d’un pays allié. L’otage apparaît ainsi comme une monnaie d’échange vivante que ses ravisseurs chercheront à négocier au meilleur prix avec l’état concerné. Cela peut prendre la forme d’une grosse somme d’argent (comme pour l’anthropologue Françoise Claustre, enlevée par des rebelles tchadiens en 1974) ou la libération d’un nombre important de partisans emprisonnés, ce qui fut le cas, en 2011, pour le soldat franco-israélien Gilad Shalit. Même si cette expérience est sans doute l’une des pires que puisse connaître un être humain (séquestration dans un lieu inconnu, mauvais traitements, incertitude totale sur son avenir), elle se termine souvent bien et chacun soupire – rare moment d’empathie généralisée – avec les otages libérés. Ce ne sera pas, hélas, le cas, à In Amenas où l’on dénombre déjà – le bilan est encore provisoire –  38 otages tués, c'est-à-dire davantage que leurs ravisseurs (29, pour le moment). Pour ne pas céder au chantage des terroristes et alimenter ainsi leur capacité de nuisance, l’armée algérienne a donné l’assaut, samedi 19 janvier,  au site gazier où ils étaient retenus sans chercher à temporiser. Même si cette attaque a permis de libérer 685 employés algériens et 107 otages étrangers, on imagine sans peine la colère, tant des états concernés et non informés (le Japon, la Grande Bretagne, entre autres) que celle des familles qui ont ainsi perdu un proche dans cette riposte sans concession. Ce bilan est lourd, trop lourd pour ne pas mettre en cause la méthode choisie par l’état algérien. On frémit d’avance pour tous ceux qu’un groupe de fanatiques retient loin de chez eux si elle venait à être généralisée. De façon toute diplomatique, François Hollande a salué cette initiative musclée. Aurait-il été aussi satisfait de ce dénouement sanglant si, parmi les otages, il y avait eu l’un de ses fils ? Ce n’est pas sûr. La raison d’état ne peut pas tout justifier en démocratie. Mais il est vrai que l’Algérie de Bouteflika n’est pas exactement une nation démocratique.

 

                                       Bruno DA CAPO