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11/07/2014

Bruissements (39)

 

 

Sarkozy : il s’est débrouillé pour faire encore l’évènement de la semaine dernière. De mémoire de citoyen, on n’avait encore jamais vu un ex-président de la République être mis en garde à vue quinze heures durant puis, finalement, mis en examen. Devant les caméras de TF1, où il est allé s’expliquer dès le lendemain, Nicolas Sarkozy – sans d’ailleurs fixer une seule fois l’objectif – a juré qu’il était innocent des agissements reprochés, à savoir un financement occulte de sa campagne de 2007 par le maître de la Lybie, le défunt (mais pas regretté) Mouammar Kadhafi. Et de dénoncer un prétendu complot, vu que les deux juges qui instruisaient son affaire  - Claire Thépaut et Patricia Simon - étaient membres d’un syndicat de la magistrature plutôt orienté à gauche. Un argument repris en chœur par l’ensemble de ses amis les plus fidèles. Il faut dire que Sarkozy n’a jamais eu foi en la justice de son pays ; une justice un peu trop indépendante à son goût. Manque de chance : il était, dès le surlendemain, rattrapé par l’affaire Bygmalion et les fausses factures établies par Copé pour l’UMP, afin de justifier les dépassements de ses comptes de campagne en 2012. Vraiment, cela va être dur pour lui de redevenir un candidat crédible aux yeux des Français, en 2017. A l’exception, bien sûr, de ceux et celles qui en ont fait leur nouveau messie. Une bien étrange secte, comme on en conviendra sans peine.

 

Jaurès : à l’approche du centième anniversaire de sa disparition, Jean Jaurès fait l’unanimité dans la classe politique française. Nul ne peut contrôler sa postérité, mais tout de même…On croit rêver devant ce concert de louanges méritées quoiqu’illégitimes. Car chacun, à droite comme à gauche, veut s’approprier un peu de ses mannes. On sait avec quel aplomb Sarkozy s’est revendiqué de lui en 2007. Et c’est encore plus risible quand une Marine Le Pen va jusqu’à l’intégrer dans son panthéon politique personnel. Quant à Hollande, il le tire à présent du côté de sa vision économique social-libérale. Rappelons, si besoin était, que Jean Jaurès fut, en son temps, le leader de la SFIO et le fondateur de « L’Humanité », journal qui est resté à gauche contre vents et marées. Qu’à ce titre-là, il n’y a guère, dans le paysage politique actuel, que le Parti Communiste et le Front de gauche qui pourraient l’invoquer sans faire rire. Ainsi en va-t’il pour les grandes personnalités nationales élevées au rang de saints laïques en ces temps de grande incertitude.

 

Voile : une Française musulmane de 24 ans, qui se plaignait de ne pas pouvoir porter le voile intégral (burqa ou niqab, selon la longueur) dans l’espace public, a donc décidé de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour arbitrer son différend avec la loi française qui l’interdit depuis octobre 2010. Mais quoique réservée, sinon opposée à cette loi, la CEDH a quand même tranché en faveur de l’état français, rappelant à la plaignante que l’interdiction du voile intégral n’était pas fondée sur des discriminations religieuses mais sur le souci de préserver le « vivre-ensemble ». Comme quoi l’Europe peut parfois n’avoir qu’une seule voix. Pour que le bon sens puisse l’emporter sur les exigences communautaristes.

 

Albi : Nous connaissons tous des parents passionnels qui survalorisent leurs enfants, au point de faire un drame pour le moindre bobo, la moindre punition qui touche leurs rejetons. Mais de là à aller tuer l’auteur présumé de ce nouveau crime de lèse-majesté…L’affaire de l’institutrice mortellement poignardée, vendredi 4 juillet à Albi, relance bien des interrogations. Tant d’un point de vue moral que spatial, il n’y a plus assez de séparation entre la famille et l’école. Ainsi, tout respect dû à l’enseignant vole en éclats. La profession, on le sait, est devenue la championne du stress au travail, la plus exposée aux agressions de tout ordre et c’est lamentable. Quant à la meurtrière, rien ne peut absoudre son geste, rien et surtout pas un dossier psychiatrique. Ce qu’elle risque ainsi est ridiculement faible par rapport à l’acte abominable qu’elle a commis, qui plus est sur une autre mère de famille. Il faudra, un jour ou l’autre, revoir cette notion d’irresponsabilité trop généreusement attribuée à certains meurtriers. Car autrement, on se demande bien pourquoi ils pourraient mettre un frein à leurs pulsions destructrices. Et la peur continuera de gangréner des rapports sociaux déjà bien débilités.

 

                          

                                     Erik PANIZZA

15:13 Publié dans numéro 12 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, jaurès, voile, albi