01/09/2015
La ventrée littéraire
Cette année, comme toutes les dernières années, les romans de la rentrée ont tous comme particularité de n’avoir pas été écrits par des écrivains mais par des célébrités giclées de différents univers : des journalistes, des cinéastes, des sportifs, d’autres qui ont marqué un jour ou l’autre l’actualité, en tant qu’éclopé ou assassins, qu’importe. Voici les thèmes qui, en gros, reviennent : l’enfant martyr, la réussite pécuniaire d’un type parti de rien ; les bienfaits de l’union européenne ; regarde ma famille à travers mon nombril ; viens dans mon cul c’est si bon ; l’atroce souffrance d’un riche enculé ; je suis pauvre, sans emploi, sans logement mais je me soigne ; j’t’ouvre le bide et j’te bouffe le foie ( témoignage d’un tueur en série reconverti dans une association humanitaire) ; la crise a du bon, (banané) et, bien sûr, l’incontournable et obligatoire fiction plus ou moins inspirée de la réalité sur les camps de la mort ou en rapport.
Mais peut-être, qu’exceptionnellement, cette année, on va avoir droit à un truc sur les migrants sortis du chapeau des hommes politiques si peu magiciens, ou comment une situation prévisible et bien amenée se change soudainement en catastrophe naturelle ! Bien sûr, le sujet sera traité à l’envers, question de noyer le poisson avec les victimes.
Et je n’oublie pas les témoignages plus classiques, les déclinaisons flaubertiennes de la Bovary : Saddam Hussein m’a violer ;Kadhafi aussi ; Bachar el-Assad m’a tripoter; Poutine me la miser, ;Hollande m’a sauver ; Sarko m’a guérite, etc.
Ces œuvres n’ont pas été écrites par des écrivains et probablement qu’elles ne seront pas lues par des lecteurs.
Fabrice Marzuolo
14:07 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rentrée, romans, témoignages
28/08/2015
Héros d’un jour…
Le scénario était encore inédit. Un train de grande ligne, bondé de voyageurs paisibles, vacanciers pour la plupart revenant vers leurs pénates, songeant sans doute à la prochaine rentrée et au retour progressif de l’automne. Le profil du candidat djihadiste est, en revanche, sans surprise : jeune, maghrébin, instable, délinquant, faisant l’objet d’une fiche « S », en recherche d’une reconnaissance personnelle, fut-ce au prix d’un carnage. On voudrait dire « hélas ». Car sa folie va encore retomber sur tous ces musulmans qui n’aspirent qu’à vivre tranquillement, dans notre pays ou ailleurs, accroissant ainsi un climat de suspicion sensible depuis janvier 2015. En ce sens, le récent incendie de la mosquée d’Auch, dans le Gers, n’augure rien de bon. Mais il faut croire que la main de Dieu n’était pas, ce vendredi 21 août, du côté de ceux qui osent perpétrer les pires atrocités en Son Nom. Un scénario nouveau là encore car, cette fois, la riposte n’est pas venue des forces de police mais de simples passagers, jeunes eux aussi, de formation militaire tout de même. En un éclair ils ont compris le drame qui se préparait et ont osé se jeter sur un agresseur lourdement armé pour le neutraliser.
Un tel courage force l’admiration. Il n’est pas, hélas, donné à tout le monde, à commencer par ces employés du rail qui, devant la menace, ont choisi d’aller s’enfermer dans un compartiment sécurisé, indifférents au sort de leurs passagers. Nous ne les accablerons pas davantage, préférant les laisser face à leur conscience. Mais c’est sans réserve que nous saluons Spencer Stone, Aleksander Skarlatos, Anthony Sadler et Chris Norman par qui le pire a été évité. Sans oublier, non plus, Mark Moogalian, le professeur franco-américain blessé par le terroriste. Héros d’un jour, héros toujours. Voilà des noms qu’il convient de ne jamais oublier, contrairement à ceux des crapules qui endeuillent périodiquement le monde. Dès lundi, soit seulement trois jours après l’attentat déjoué, François Hollande leur a décerné la Légion d’Honneur, réhabilitant du coup une distinction par trop galvaudée ces derniers temps. L’affaire, néanmoins, est loin d’être close. Reste maintenant à savoir ce que vont faire l’Etat et la SNCF pour renforcer la sécurité dans les trains. Augmenter le personnel de surveillance ? Installer à l’entrée des quais des portiques de détection des métaux (à l’instar des aérogares) ? Voire accroître les fouilles « au faciès » avec les risques d’injustice qu’on imagine ? Quoiqu’il en soit, les mesures prises seront toujours insuffisantes, eu égard à l’ampleur du trafic ferroviaire en France. Alors, dans un contexte de plus en plus incertain, il faut peut-être que nous méditions l’exemple du Thalys si nous voulons préserver dignement notre liberté de mouvement et d’action.
Bruno DA CAPO
15:34 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : thalys, sncf, riposte, légion d'honneur
25/08/2015
Syrie, nouveau pandémonium
Voilà, c’est fait : Daech vient de détruire le monastère catholique de Saint Elian (saint chrétien martyrisé par les Romains au Veme siècle de nôtre ère), près de Homs, en Syrie centrale. Après la destruction de l’antique cité de Palmyre, où pour s’être opposé aux destructeurs l’ancien directeur est mort décapité, les nouveaux barbares ont donc encore frappé. A coup de bulldozers, avec l’idée d’effacer de la carte un lieu où l’on avait omis d’adorer le dieu de Daech. Folie ! Et comble de cynisme, des photos de la destruction ont été mises en ligne comme des trophées à seule fin de plonger notre monde dans un grand désarroi. Ce monastère était plus qu’un lieu saint. Il était symbolique d’une coexistence pacifique entre Chrétiens et Musulmans. Mais Daech, qui nourrit tous ses crimes sur le terreau de la guerre civile syrienne, a détruit bien d’autres églises et lieux saints. Il semble hélas qu’on en voie plus la fin. Sans oublier les milliers d’hommes et de femmes enlevés, disparus, persécutés, exécutés par l’Etat Islamique, parmi lesquels des prêtres refusant de renier leur foi ou d’obéir aux diktats de Daech. L’Etat Islamique gagne du terrain et s’est s’implanté entre la Syrie et l’Irak, plus très loin du Liban. Que faire pour arrêter cette spirale de violence ? Où est l’ONU ? Aux Bahamas ou à Hawaï ? Ces drôles de vacances se prolongent par trop ! Qu’on se réveille ! D’autant qu’on sait aussi que, par ailleurs, Bachar a basculé lui-même dans l’horreur, usant d’armes chimiques contre son propre peuple. Il faut, disent messieurs Hollande et Obama, sauver notre planète. Pourquoi pas? Le combat est sérieux ! Mais si l’on commençait par la Syrie ?
Yves CARCHON
15:08 Publié dans numéro 15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : daech, palmyre, monastère, bulldozers