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31/01/2014

Bruissements (31)

 

 

 

Rupture : après quinze jours de surenchères médiatiques, François Hollande et Valérie Trierweiler ont officiellement acté leur séparation. Ou plutôt, c’est le chef de l’état qui, le 25 janvier, a annoncé de façon très régalienne à la presse qu’il mettait fin à sa relation avec sa compagne officielle. Qu’en est-il, dans tout cela, de l’égalité hommes-femmes si chère à sa ministre et porte-parole du gouvernement ? Pas grand-chose, assurément. Ou l’on voit que celui qui a le pouvoir  s’exempte facilement des règles qu’il fait édicter. Cette séparation remet aussi en question le statut hautement privilégié de « première dame » (et l’on sait que, par le passé, certaines ont eu leur part d’influence politique). Ce qui, pour un état toujours en recherche d’économie budgétaire, n’est pas une mauvaise chose.

 

Voyages : parfois le lexique nous offre l’occasion de nous réjouir pour pas cher. Après le voyage de Hollande en Hollande – pardon aux Pays-Bas -, nous avons eu droit, dans la même semaine, à la rencontre des deux François les plus en vue du moment. Car même à la tête d’un état censément laïque, il est toujours bon de se ménager les faveurs du pape, voire sa bénédiction. Sarkozy n’en doutait pas un instant, lui qui est revenu du Vatican avec le titre de chanoine. Rien de tel pour Hollande l’incroyant, même s’il confessait au successeur de Saint-Pierre être d’accord avec lui sur la question de la dignité humaine. Il n’est pas aussi certain que leurs avis convergent sur les Roms, l’avortement ou le mariage pour tous. Quant la politique économique, n’en parlons même pas. Au fait, qui est présentement le plus à gauche des deux ?

 

Cumul : au chapitre des – rares – promesses tenues par le chef de l’état, il y aura au moins la loi sur le non cumul des mandats. Celle-ci a été votée, mercredi 22 janvier, à l’Assemblée Nationale par 313 voix pour et 225 contre. Elle laisse quand même trois ans aux nombreux parlementaires cumulards pour s’y préparer, puisqu’elle ne prendra effet qu’en 2017. Il leur sera dès lors interdit d’exercer parallèlement un mandat exécutif local – à l’exception des fonctions de conseillers municipaux et régionaux. La même astreinte s’appliquera, par une loi complémentaire, aux députés européens. Si le but avoué est de favoriser le renouvellement du personnel politique, la cause est à chercher dans l’absentéisme persistant  qu’entraine ce double statut, tant à Paris qu’à Bruxelles. Quand un député perçoit entre 6000 et 9000 euros par mois, la moindre des politesses vis à vis de ses concitoyens – qui sont aussi ses contributeurs – est d’assister aux séances de travail des assemblées où  il est membre. Cette désinvolture scandaleuse a, néanmoins, ses défenseurs tant dans la majorité que dans l’opposition. Ainsi François Rebsamen, maire de Dijon et président du groupe socialiste au Sénat, justifie son opposition à cette loi par la nécessité, pour les parlementaires, d’avoir des attaches locales, situation nécessaire pour porter une parole avisée à l’Assemblée : encore faut-il qu’ils s’y rendent. Quant au tonitruant Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, il promet d’ores et déjà l’abrogation de cette loi si son parti revient au pouvoir en 2017. Paroles, paroles…Des réactions qui en disent long sur la volonté d’immobilisme et la cupidité de beaucoup d’élus de notre nation.

 

Egalitarisme : s’il y en a une au moins qui ne change pas de cap dans ce gouvernement, c’est bien Najat Vallaud Belkacem. Cramponnée à son poste de ministre du droit des femmes, elle poursuit, imperturbable, sa croisade féministe, traquant partout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un privilège masculin. Le pack de lois sur l’égalité hommes-femmes qu’elle a fait voter, le 28 janvier, réaffirme la volonté de parité en politique, la lutte contre les violences conjugales, l’avortement parfaitement décomplexé et l’obligation renforcée faite aux maris divorcés de verser sans retard  pension alimentaire à leurs ex-épouses. Rien, en somme qui soit bien nouveau ni particulièrement contestable. Là où les choses deviennent plus  cauteleuses, c’est sans doute avec l’incitation faite aux nouveaux pères de prendre un large congé parental, tout comme les mères jusqu’ici. Car celui-ci serait, selon l’orthodoxie féministe, l’une des causes de la stagnation professionnelle des femmes  dans notre société. Autrement dit, aux hommes d’assumer non seulement les soins du nourrisson à la maison mais aussi les écarts de salaires pendant que leurs conjointes iront travailler. Voit-on mieux l’intention subtilement revancharde ? Mais là où la ministre pousse la partialité jusqu’à la bêtise, c’est lorsqu’elle veut imposer l’enseignement de l’égalité des sexes dans le champ universitaire. Les premiers concernés par cette visée idéologique sont les étudiants des écoles de communication et de journalisme - lesquelles sont fréquentées à 60% par des filles. On imagine mal que beaucoup, parmi elles, s’en plaignent. Un coup d’épée dans l’eau qui n’en suscite pas moins une légitime protestation contre cette nouvelle ingérence du politique dans l’enseignement. Là comme ailleurs, ce sont  les mêmes méthodes de moralisation forcée  auxquelles on assiste depuis quelques temps. Et cela a de quoi inquiéter dans un pays prétendument démocratique comme la France.  

 

 

                      Erik PANIZZA

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