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28/05/2013

Bruissements (21)

 

 

 

 

 

Amnistie : habituellement, l’arrivée d’un nouveau gouvernement – surtout de gauche – entraine quelques mesures généreuses dans son sillage. Les auteurs d’infractions et de petits délits ont souvent bénéficié d’une amnistie qui remettait, comme on dit, les compteurs à zéro. Ce fut, en particulier, le cas lors de l’accession au pouvoir de François Mitterrand en 1981. Autres temps, autres mœurs. Car sous la présidence Hollande – élu avec les voix du peuple -, la rigueur ne doit pas connaître de limites. Les syndicalistes un peu trop excessifs et les faucheurs de maïs OGM n’auront pas droit à la clémence présidentielle. Ainsi en a décidé, le 24 avril dernier, la commission des lois de l’Assemblée Nationale. A l’exception de Patrick Menucci, tous les autres députés socialistes ont rejetés les principaux articles favorables à l’amnistie -  pourtant avalisés par la commission des lois du Sénat, deux mois plus tôt. Faut-il dire qu’ils sont allés à l’encontre du vote des représentants du Front de gauche et des Ecologistes, soutenus en cela par leurs collègues de l’UMP, de l’UDI et du FN ? Voilà une mesure qui ne va pas arranger les choses entre le PS et son aile gauche. A laquelle il est pourtant redevable et dont il aura encore besoin, tôt ou tard,

 

Médiator : Le Médiator, c’est l’un des plus grands scandales sanitaires de notre époque. Créé en 1976, ce médicament était destiné initialement aux diabétiques en surpoids, mais fut rapidement utilisé par des millions de personnes comme un simple coupe-faim. Un pactole pour ses concepteurs ! Le hic, ce furent ses effets  destructeurs sur le cœur. Dès 2003, cela ne faisait plus de doute. Néanmoins, malgré de nombreuses alertes, ce produit resta sur le marché français jusqu’en 2009, entrainant la mort prématurée de quelques 1800 personnes. Un homme est derrière tout ça, un homme qui savait mieux que personne la dangerosité du Médiator mais qui se garda bien de le retirer de la vente: Jacques Servier. Ce nonagénaire arrogant, fondateur du laboratoire qui porte son nom et qui a commercialisé le médicament incriminé, a fait l’objet, l’an dernier, d’une mise en examen pour tromperie aggravée et homicide involontaire. Mais son procès, en mai 2012, tourna court pour des questions de vice de forme. Il a repris le 21 mai 2013 et tout le monde espère qu’il ira à son terme, à commencer par 700 victimes du Médiator qui se sont portées parties civiles. L’enjeu n’est pas que leur dédommagement financier  - car l’argent ne leur rendra pas la santé -, mais aussi le jugement et la condamnation d’un assassin tranquille qui dit publiquement « se foutre de son procès ». Comme si le grand âge déliait de toute morale.

 

 

Décolonisation : que reste-t’il, aujourd’hui, de ce que fut l’immense empire colonial français ? Pas grand-chose, assurément. Quelques îles et archipels dans l’Océan Atlantique (les Antilles françaises), l’Océan Indien (la Réunion) et l’Océan Pacifique (la Nouvelle Calédonie, Tahiti, la Polynésie). Des territoires qui sont devenus des départements français d’outre-mer ou des régimes mixtes; des territoires moins paisibles qu’il ne parait mais qui ont choisi, à l’ère de la détermination des peuples par eux-mêmes, de rester dans le giron de la métropole, ce qui leur assure des avantages non négligeables. Ce consensus a, cependant, été remis en question par l’assemblée générale de l’ONU, le 17 mai dernier. Au banc des accusés la France, qui est dûment sommée d’accélérer la décolonisation de la Polynésie. Une mauvaise plaisanterie ? Non, mais une demande qui reflète les tensions politiques locales. Et ce ne sont pas les récentes élections polynésiennes - remportées par l’autonomiste Gaston Flosse sur son vieux rival, l’indépendantiste Oscar Temaru -, qui risquent d’apaiser les choses, tellement est grand le contentieux entre eux. La réprobation de l’état français ne s’est pas fait attendre et son ambassadeur a même boycotté cette fameuse séance. En théorie, il appartiendrait aux populations concernées de s’exprimer par référendum sur leur destin politique. Dans les faits, c’est différent puisqu’elles se sont déjà exprimées, à l’encontre, justement, des visées onusiennes. Tout comme d’autres, plus anciennes, qui brocardaient la tutelle anglaise et américaine sur d’autres îles du Pacifique et de l’Atlantique (Malouines, Sainte-Hélène, Guam,), cette vertueuse résolution ne sera sans doute qu’un nouveau coup d’épée dans l’eau. Mais elle en dit long sur ce climat de repentance post-coloniale qui pèse encore sur la France.

 

Suicides : voici deux semaine, à Paris, un homme de 54 ans entrait – on ne sait trop comment – dans une école communale et se tirait une balle dans la tête devant une classe entière. On imagine sans peine le traumatisme des enfants mais aussi le carnage auquel on a quand même échappé. Mardi 21 mai, le théoricien d’extrême-droite Dominique Venner – 78 ans – choisissait ainsi de mettre fin à ses jours dans la cathédrale Notre Dame. Ces deux suicides, spectaculaires et très réfléchis, s’ajoutent à une liste d’actes désespérés qui commence à être longue en France. Car mettre fin à ses jours, discrètement, chez soi ou dans une chambre d’hôtel, n’est plus à la mode. A mourir pour mourir, autant le faire savoir et essayer de faire de sa mort une sorte d’apothéose – même si elle ne rédimera jamais une vie insatisfaisante. A noter aussi qu’au lendemain du suicide de Dominique Venner, une femen est venue, à Notre Dame, faire un numéro dérisoire de protestation contre le fascisme. Histoire d’en rajouter une couche en matière d’indécence.

 

 

                                            Erik PANIZZA

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