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23/11/2011

Bruissements

 

 

                          

 

 

DSK : après le sofitel de New-York et son procès mondialisé, après l’affaire Tristane Banon et son non-lieu, voilà que DSK revient dans l’actualité avec l’affaire du Carlton de Lille. On le soupçonne d’avoir loué les services sexuels de filles qui tapinaient discrètement ici. On exhibe ses SMS adressés à des amis pour les inviter à des parties fines. Vraiment, ce déballage intime commence à devenir odieux. Bien entendu  il est l’occasion, pour la Droite et ses roquets, d’accabler un peu plus un homme que la justice a pourtant blanchi. Un homme qui a – pour son malheur – le défaut d’aimer un peu trop les femmes. Est-ce un crime, désormais ? Le problème, à présent, est bien que ses adversaires politiques se servent de  ses frasques pour essayer de salir les socialistes. Eh, qui s’assemble se ressemble et vice-versa. DSK a décidé de porter plainte contre ses calomniateurs : il a raison et pas qu’une fois.

 

Salaires : bonne nouvelle – une, enfin – puisque le SMIC, malgré la crise, sera quand même revalorisé de 2,1% à partir du 1er décembre prochain. Ce qui devrait le porter à 1393,82 euros brut – soit 1094,72 euros net -, toujours pour 35 heures de travail hebdomadaire. A propos, saviez-vous que le salaire de nos ministres était, lui aussi, indexé sur l’évolution du coût de la vie (et augmenté en conséquence) ? Cette juste et nécessaire  majoration  sera néanmoins suspendue pour les deux prochaines années. Comme l’a annoncé solennellement  le premier d’entre eux – rigueur budgétaire oblige -, leur traitement sera bloqué durant cette période  à  son taux actuel. Voilà un excellent exemple adressé au peuple français si enclin à dénoncer les inégalités. Une question me taraude pourtant: vont-ils pouvoir continuer à vivre décemment avec un salaire moyen de 14 000 euros mensuels ? D’ici que Bernadette Chirac ne soit obligée de faire la quête pour les membres du gouvernement, il n’y a pas loin…. 

 

Dégraissage : toujours opportuniste, François Hollande a annoncé que, dans le cas où il serait élu président de la république, il diminuerait son salaire – mais aussi celui de ses ministres – de 30%. Si je ne m’abuse, -30% de 21 000 euros, ça fait quand même environ 147000 euros mensuels, non ? Voilà quand même une annonce  bien venue dans le contexte actuel de restrictions tous azimuts. Saura-t’il s’en souvenir au moment voulu ? Nous, en tous cas, nous le lui rappellerons.

 

Duel: le même François Hollande a dû ferrailler dur sur son aile gauche avec ses alliés écologistes, partisans de longue date de la sortie du nucléaire. Finalement, ils se sont entendus sur une réduction progressive de 25%, ce qui abaisserait à 50% le parc des réacteurs en activité sous sa (possible) présidence. Ces chiffres-là sont assez fidèles aux propositions qu’il a faites avant les primaires. Il ne faut pas se voiler la face : cette question-là est loin d’être secondaire pour l’avenir de notre pays. Bon gré mal gré, les restructurations accroissant la part des énergies renouvelables se feront inévitablement. Et il faudra fermer des centrales devenues trop vieilles et trop peu sûres. La Droite, Sarkozy en tête, ne veut pas en entendre parler. Pour elle, c’est une atteinte à l’autonomie de la France. Hors de nos choix, point de salut. Là aussi, il s’agirait de prendre exemple sur l’Allemagne.

 

Amnésie: dix ans après il récidive. La leçon du 21 avril 2002 ne lui servira donc à rien ! Jean-Pierre Chevènement, le mauvais génie de la Gauche. 

 

Fraude : à Bordeaux, mardi 15 novembre, Nicolas Sarkozy a remis sa casquette de père-fouettard, avec ce qui fut l’un de ses thèmes de campagne favoris : la dénonciation des mauvais Français, ceux qui fraudent le système social. Là encore il visait les plus modestes d’entre eux, ceux qui sont dans la nécessité de survivre et dont les détournements ne représentent que 20% de la fraude globale. Les 80% restants sont, en effet, constitués par les cotisations patronales non versées à la sécurité Sociale, mais il vaut mieux encore, pour l’économie générale, ne pas taper sur ces chefs d’entreprises peu scrupuleux. Du reste, notre cher président s’est-il jamais demandé si la fraude n’était pas une conséquence logique du libéralisme dont il fut et reste l’un des meilleurs garants politiques ? Toutes ses objurgations ont finalement abouti à un projet de loi visant à sanctionner un peu plus les salariés en arrêt de maladie, leur retirant une journée supplémentaire de remboursement. De quoi, au moins, accroître l’amertume – sinon le désespoir – des Français qui travaillent toujours plus pour gagner moins.

 

Pouvoir : « débarqué » par les marchés financiers pour sa gestion calamiteuse de l’Italie, Silvio Berlusconi, 75 ans, a quitté son poste de Président du Conseil sous les lazzis, à Rome le 12 novembre dernier. Certains opposants allaient jusqu’à comparer cette date au 28 avril 1945 – jour de l’exécution de Mussolini -, ce qui était légèrement exagéré. Qu’allait donc faire Berlusconi de ses vacances d’hiver anticipées ? Partir en Sardaigne, avec quelques jeunes hétaïres, pour profiter d’une retraite peu honorable mais justifiée, tout de même, par son âge? Point du tout ! Dès le lendemain matin, il était au siège de son parti pour envisager une riposte politique. Si le pouvoir n’est pas une drogue….

 

 

 

                     Erik PANIZZA

15/11/2011

Effraction

 


 

 

En février 1997, Jacques Chirac, alors président de la République, décidait (sur les conseils de Dominique de Villepin) de dissoudre l’Assemblée Nationale. Depuis deux ans, son premier ministre, Alain Juppé, accumulait les mesures impopulaires et avait du mal à gouverner. Il se heurtait, de surcroît, à des grèves gigantesques. Pour Chirac, il fallait rapidement sortir de cette impasse, quitte à recourir à cette mesure exceptionnelle mais prévue par la Constitution. L’Assemblée Nationale fut donc dissoute selon les règles de l’art et l’on procéda à de nouvelles élections législatives. Manque de chance pour Chirac et ses sbires, ce fut une majorité de Gauche qui s’en dégagea, obligeant le président à une cohabitation de cinq ans avec un premier ministre socialiste, Lionel Jospin.

Cet épisode de notre histoire politique récente peut faire sourire, mais il n’en demeure pas moins d’une incontestable légalité. Pas pour François Baroin qui l’a récemment dénoncé dans l’hémicycle comme une « effraction » - sinon un hold-up -  électorale. Pour ce jeune et arrogant ministre des finances, la Droite aurait ainsi une sorte de droit divin à gouverner la France et toute remise en question de ce privilège serait perçu comme illégitime. Belle leçon de démocratie. Evidemment, ses propos accusatoires soulevèrent l’indignation dans le camp socialiste. Certains lui demandèrent même des excuses publiques, - celles-ci tardant toujours à venir. Certes, nous sommes entrés en période de (pré)campagne électorale, mais celle-ci ne peut pas tout justifier et surtout pas la calomnie sans la moindre créance juridique.

Au demeurant, on peut se demander pourquoi de jeunes ministres – Laurent Wauquiez et son « cancer de l’assistanat » en est un autre exemple – travaillent à se rendre antipathiques aux yeux de  l’opinion publique. Est-ce pour eux une sorte de baptême du feu,  où tous les coups seraient permis, et même encouragés, en haut lieu? Ce serait encore leur meilleure justification. Car autrement, si c’était là l’expression de leur pensée profonde, on aurait de quoi s’inquiéter. D’autant que lorsqu’on a dans son camp une Nadine Morano,  toujours prête à gronder et à mordre par amour pour son maître, on peut faire l’économie de déclarations par nature impopulaires.

 

 

                    Bruno DA CAPO

03/11/2011

Du bon ou du mauvais usage du referendum

 


 

Pour calmer les Grecs, qui n’en finissent pas de payer pour la mauvaise gestion d’une poignée de politiques qui se sont relayés depuis plus de trente ans à la tête de leur pays, Papandreou a décidé de soumettre par voie référendaire les décisions prises par les Européens par rapport à leur dette. Abyssale comme on sait, et qu’une fleur faite par les banques aux Grecs (50%) ne saurait totalement suffire à les sortir du gouffre. Un referendum, pourquoi pas ? Cela reste un outil démocratique qu’on ne peut balayer d’un revers de la main. Il donne au peuple le pouvoir si précieux d’agir sur son destin. Un peu d’histoire pourtant peut nous interroger. Le référendum est un petit frère du plébiscite dont usa avec un rien de populisme un Napoléon III vieillissant. Il y eut ensuite un De Gaulle qui perdit le pouvoir sur un referendum mal ficelé ou suicidaire en 1969. Mais  le dernier en date, chez nous, fut le referendum sur la Constitution européenne qui se retourna contre ceux – de gauche comme de droite – qui voulaient forcer d’une manière élitaire la marche de l’Europe. On sait ce que ce « non » jeta comme trouble chez nos dirigeants de tous bords. Gageons qu’en Grèce les dirigeants seront de même grandement malmenés et que les Grecs auront à cœur de dire qu’il ne suffit pas de s’en remettre au peuple pour s’exonérer de ses fautes. Je vois dans le dépit d’un Sarkozy face à l’initiative du Grec Papandréou la manifestation d’un responsable qui ne traite qu’avec d’autres responsables des affaires de ce monde en oubliant hélas souvent les choix du peuple. Je parlais de notre fameux « non » au referendum pour la Constitution européenne : eh bien, c’est le même Sarkozy qui, par le biais d’un Parlement tout dévoué à lui, fit voter par la bande l’adhésion à cette Constitution à laquelle pourtant une majorité de nos concitoyens avait dit non !

 

 

 

Yves CARCHON

14:59 Publié dans Numéro 8 | Lien permanent | Commentaires (0)