08/03/2011
Diffamation
« La femme, on la di-ffame ». Disait Lacan avec son humour si particulier. Pour peu qu’on le creuse un peu, ce calembour homophonique laisse entrevoir au moins deux pistes de réflexion.
La première, évidemment, est littérale. Avec ou sans la diérèse, on la diffame, on dit du mal d’elle, et cela depuis si longtemps que la femme – qui n’existe pas, comme on le sait – a fini par en tirer une fierté bien enviable. Cela ajoute même à la panoplie de ses charmes mythiques.
La seconde est plus subtile et s’adresse peut-être aux femmes incarnées. Depuis au moins aussi longtemps, on la « dit femme », on la nomme, on la désigne de l’extérieur. Autrement dit, elle n’a pas sa loi – son autonomie – en elle-même. Ce sont les autres – donc les hommes – qui détiennent sa vérité.
Cette problématique peut sembler dépassée. S’arracher à cette tutelle, assumer sa parole et son savoir spécifique, se reconquérir en somme : ce furent là les grandes tâches du mouvement féministe tout au long du XXeme siècle. Et les femmes d’aujourd’hui, de plus en plus présentes sur la scène sociale, lui en sont toutes redevables. Néanmoins, cette évolution ne concerne guère que les sociétés occidentales. Une minorité, par rapport au reste du monde, où la lutte pour l’intégration et la tolérance est loin d’être un combat d’arrière-garde.
Jacques LUCCHESI
12:39 Publié dans numéro 20 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, lacan, diérèse
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