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07/04/2008

Cinéma: "Berlin" de Julian Schnabel

Cinéma : « Berlin » de Julian Schnabel




Plasticien de réputation internationale devenu réalisateur, Julian Schnabel nous avait habitués à des films sensibles comme « Avant la nuit » ou « Le scaphandre et le papillon ». Qu’a-t’il voulu faire exactement en filmant Lou Reed reprenant sur scène – à New-York – les chansons de son album « Berlin » ? Une œuvre originale ? Ce serait plutôt difficile, vu le caractère mythique de ce disque (sorti pour la première fois en 1973). Un clip étiré ? Un documentaire ? En tous les cas, ce n’est rien de plus à l’écran. Pendant près d’une heure trente, sa caméra suit la prestation du chanteur sous divers angles mais sans la moindre originalité. Ce travail-là, j’ose dire que n’importe quel cinéaste amateur, pour peu qu’il soit doté de la même logistique, aurait pu le faire, et sans doute en mieux. Pas d’enchaînement, pas le moindre souci esthétique, à l’exception de quelques surimpressions où apparaît la belle Emmanuelle Seigner, sensée ici jouer le rôle de Caroline (l’un des deux personnages phares de l’album). Et c’est vraiment dommage, car le réalisme narratif de ces chansons les prédisposait à leur conversion filmique. Peut-on imaginer ce qu’aurait donné en images « The Kids », avec ses pleurs d’enfants enregistrés ? Ou « The bed », quand le chanteur décrit – avec quelle perversité ! – le suicide de Caroline ? Précisément, les spectateurs de ce « film » devront se contenter de l’imaginer : une façon de laisser le champ libre à leur rêverie, me dira t’on. Merci monsieur Schnabel. Et comme vous supposiez qu’ils connaissaient par cœur les textes et leur traduction, vous ne vous êtes même pas donné la peine d’inclure une bande sous-titrée. Quand aux trois chansons supplémentaires que Lou Reed interprète en fin de parcours (et qui n’appartiennent pas à cet album), elles ne font que souligner l’essoufflement de ce tournage et la nécessité de parvenir, coûte que coûte, à la durée moyenne d’un long-métrage.
Reste que cette entreprise a bénéficié d’une exceptionnelle couverture médiatique (je songe, en particulier, au remarquable supplément des « Inrockuptibles paru à cette occasion). Mais une telle promotion au service d’un tel résultat, c’est grands moyens et petit genre. Mieux vaut encore rester chez soi, mettre « Berlin » dans son lecteur de CD et se faire son propre cinéma.


Erik PANIZZA

19:25 Publié dans Numéro 4 | Lien permanent | Commentaires (0)

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