04/01/2006
Un nouveau Tramway à Marseille : pour quoi faire ?
Voilà maintenant prés de deux ans que le cœur de Marseille est devenu un chantier permanent. Les arbres disparaissent ou pourrissent sur place. Les trottoires rétrécissent et se chargent de gravats. En revanche, les grillages et les baraquements pullulent un peu partout, rendant la vie infernale au automobilistes et encore plus au piétons qui sont, où qu’ils aillent, les plus exposés à toutes les nuisances. Ces désagréments quotidiens, nous les devons à la volonté de nos édiles qui ont décidé en petit comité d’offrir aux Marseillais une nouvelle ligne de tramway. En soi, le projet est louable. Le tramway ne pollue pas ; il est un moyen de transport adapté à une ville soucieuse de son environnement. En plus, il fleure bon la nostalgie, ravivant chez les plus anciens le souvenir d’une ville où la vie était naturellement plus douce qu’aujourd’hui. Le hic, dans tout ça, c’est que cette nouvelle ligne va passer par des quartiers qui étaient déjà bien desservis par le métro et les bus, comme le boulevard Longchamp, la Canebière et la Joliette. C’est dire qu’elle n’avait pas une nécessité de premier ordre et qu’elle pourrait bien, au bout du compte, apparaître comme superflue. Les riverains n’auront ainsi que l’embarras du choix. Quant aux touristes – catégorie que la munipalité flatte de plus en plus - , ils pourront ainsi descendre du tramway à la station Vieux Port et grimper directement dans le petit train vers la Bonne Mère. Pendant ce temps, les habitants des quartiers nord continueront à se « satisfaire » de transports défectueux : vieux bus, horaires de passage aléatoires. Veut-on un exemple ? Pour aller, le dimanche, à la cité de la Castellane on trouve assez rapidement un bus – le 25 – au départ de la station Bougainville. L’ennui c’est qu’au retour, il faut souvent l’attendre (sous un abri démantelé) 40 minutes plutôt que les 20 prévues durant les jours fériés. Allez organiser un festival de théâtre dans ces conditions ! C’est ce que fait pourtant – avec quel enthousiasme ! – Fabrice Raina depuis deux ans. Parce qu’ici, il y a vraiment urgence à introduire et faire partager une culture vivante. Encore faut-il que les transports et l’intendance suivent. Ou alors, il n’y a plus que Zidane pour nous sauver.
Erik PANIZZA
11:30 Publié dans Numéro 1 | Lien permanent | Commentaires (0)
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