22/01/2019
Les putes grognent contre les Gilets jaunes
Depuis deux mois maintenant je les ai toujours dans les pattes. Ils ont envahi les ronds-points et les axes routiers où je viens faire mon turbin. Eh oui : je suis une travailleuse du sexe – et pas une pute, comme ils disent. Ma clientèle à moi, ce sont les routiers et les automobilistes : 30 euros la pipe et 50 l’amour. Ah ! J’en débitais des turlutes sur les bas-côtés, avant que les Gilets jaunes ne viennent bloquer les routes. Ils stressent mes clients qui font semblant de m’ignorer quand ils passent par ici, vu qu’ils ont peur d’être filmés et d’être vus avec moi sur BFMTV. Les Gilets jaunes, ils me disent d’aller bosser plus loin, parce que leur révolution, ça a la priorité. Tu parles ! Ils ne pensent qu’à leur pomme, ces gros beaufs. Ils ne comprennent pas que, moi aussi, je travaille et que je peux avoir des fins de mois difficiles si l’argent ne rentre plus. Déjà qu’avec la police c’est devenu difficile depuis deux ans, mais si en plus je dois me taper la présence quotidienne de ces connards, j’ai plus qu’à fermer boutique. Et c’est pas Pôle Emploi qui m’indemnisera, moi !
Remarquez qu’au début, je les soutenais, j’étais prête à aller manifester avec eux contre Macron et sa clique de bourges pleins aux as. Mais maintenant, je me dis que c’est quand même pas les Gilets jaunes qui me nourrissent. Ah ! Pour les promesses et les belles paroles, ils sont forts. Mais pour lâcher un peu de thune, c’est pas sur eux qu’il faut compter. Y en a même deux ou trois qui auraient bien voulu que je les suce à l’œil, par solidarité avec les masses laborieuses. Faut quand même pas déconner. S’ils sont avec nous et que notre combat c’est le leur, alors qu’ils viennent se faire entendre à la prochaine manif qu’on organise, avec le STRASS, contre la loi Belkacem et la pénalisation des clients. Si vous êtes vraiment solidaires, les gars, venez défiler avec nous pour demander l’abrogation de cette loi liberticide qu’elle a fait voter, cette salope, quand elle était au gouvernement. Et ça, tu peux me croire que je vais l’écrire dans leurs cahiers de doléances ! Nous aussi, on roule pour notre pouvoir d’achat. Et pour attirer le chaland au bord des routes, vaut mieux mettre un vison et des cuissardes noires qu’un gilet jaune sur les épaules.
Bon, je vous quitte parce que je vois Bébert qui me fait des appels de phares. Et Bébert, c’est un fidèle. Je me le soigne parce que lui, au moins, il crache au bassinet. On continuera la révolution une autre fois.
Fanny H. (avec le concours de Mister Shake)
17:20 Publié dans 19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : routes, putes, gilets jaunes, strass