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25/07/2014

Indignation

                      

 

 

 Depuis plus de trois semaines l’armée israélienne, en réponse à un attentat, a lancé une vaste offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza. Ses méthodes extrêmement brutales contre les civils - et particulièrement les enfants - ont suscité, à juste titre, des manifestations d’indignation dans le monde occidental. Certaines, comme à Sarcelles dimanche dernier, ont dégénéré en actes destructeurs ouvertement antisémites : ce qui est paradoxal, vu que les Palestiniens plébiscités sont, eux aussi, des Sémites. Nous sommes convaincus que ces atrocités doivent cesser au plus vite ; que la pression de la rue peut aussi accélérer les négociations diplomatiques. Mais quid de l’avion de la Malaysia Airlines abattu, jeudi 17 juillet, au dessus de l’Ukraine ? Cette affaire abominable est, sans aucun doute, l’autre grand scandale de ce douloureux été. 298 personnes – pour la plupart des Européens – y ont perdu la vie dans des conditions atroces. Leur crime : avoir traversé un espace aérien revendiqué par des séparatistes  pro-russes, l’un d’entre eux s’étant fait une joie d’y décocher un missile sol-air, pensant – mais le pensait-il vraiment ? – que c’était un avion militaire ukrainien. Il n’y a rien d’accidentel dans ce drame et nous ne reviendrons pas ici sur les détails horribles dont  la presse internationale s’est faite l’écho. Nous préférons nous demander pourquoi il n’a pas entrainé, dans l’opinion publique, les mêmes réactions passionnées que les massacres de Gaza. Aucune manifestation populaire d’envergure n’est venue dénoncer  cet autre meurtre de masse. C’est à peine si certains militants courageux ont, çà et là, protesté devant les ambassades russes. Est-ce que les vies d’innocents voyageurs vaudraient moins que celles de petits Palestiniens ? N’avons-nous pas tous, un jour ou l’autre, pris l’avion ? Manquons-nous à ce point d’empathie pour ne pas voir en quoi, dans leur malheur, ils nous ressemblent ? Quand va –t’on dire haut et fort que les rebelles ukrainiens pro-russes exercent des pressions parfaitement illégitimes sur leur nation ? N’ont-ils pas ainsi apporté  la preuve qu’ils appartiennent, eux aussi, à la vaste nébuleuse des terrorismes qui nous menacent à différents niveaux ?  Au lieu de quoi, les représentants de l’UE menacent une nouvelle fois la Russie de sanctions économiques dérisoires tout en poursuivant, comme la France, l’exécution des contrats juteux passés avec elle. Des palabres diplomatiques auxquels l’opinion publique pourrait apporter sa force de conviction si elle sortait enfin de sa léthargie. Mais son silence, face au scandale du vol MH17, est aussi le symptôme de notre déficit de conscience européenne.

 

                                     Bruno DA CAPO