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01/09/2017

     Vous avez dit: réformes

                   

 

 

 Au cours de son périple en Europe de l’est, la semaine dernière, Emmanuel Macron s’est laissé aller à exprimer un jugement personnel sur le peuple qu’il préside pour cinq ans : « les Français n’aiment pas les réformes. ». Cette assertion a suscité presqu’autant de remous en France que ses remontrances sur le travail – sous-payé – des Polonais en Pologne. Elle a certainement un fond de vérité. Oui les Français, tout en attendant beaucoup de l’état, n’aiment  que rarement les réformes qu’il lui impose. Encore faut-il s’entendre sur le sens du mot « réformes ».

Longtemps, on s’en souvient, il a été associé au progressisme. Ainsi le PS se voulait un parti réformiste, par opposition avec son rejeton communiste, d’obédience révolutionnaire. Au grand chamboulement, violent et sanglant, il préférait négocier avec les forces du capital pour l’obtention de mesures propres à améliorer le vécu des classes populaires. Il était, en cela, l’allié consubstantiel des syndicats dont ce fut toujours l’objectif au sein du monde du travail. Cela a donné, en 1936, la semaine de quarante heures et les premiers congés payés, la retraite à soixante ans en 1981 et la semaine de 35 heures en 1997. Ces réformes-là étaient désirées par le plus grand nombre parce qu’elles allaient dans le sens d’une émancipation, certes relative, des individus.

Mais à présent le mot « réformes » a pris une toute autre tournure. Par une de ces dérives dont le langage est coutumier, il en est venu à signifier le contraire de son sens premier, à savoir la suppression planifiée des avantages acquis. La réforme du code du travail est significative de ce mouvement  avec, notamment, le plafonnement des indemnités prud’hômales et les accords d’entreprise primant sur les accords de branche. Valeur jusqu’ici de la gauche, les réformes – toujours au pluriel – sont entrées peu à peu dans le vocabulaire de la droite pour déterminer son action de déconstruction sociale, fut-elle présentée comme un mal nécessaire.

Force est hélas de constater que c’est aussi dans ce sens que monsieur Macron entend  le mot « réformes ». Dans ce cas, quoi de moins étonnant que les Français  y soient globalement réfractaires ? C’est que, malgré toutes les arguties dont on les abreuve, ils ne sont pas devenus masochistes au point d’aimer la main qui les fouette. Monsieur Macron devrait en tirer les conséquences logiques s’il espère voir un jour remonter sa cote de popularité.

 

Jacques LUCCHESI

31/10/2014

La Gauche passéiste

 

                       

 

 

  En politique, il ya des expressions qui font mouche, des expressions appelées à faire trace dans la mémoire collective. Celle de « Gauche passéiste », prononcée par Manuel Valls devant la presse voici huit jours, est sans doute de celles-là. Elle tombe dans un contexte d’opposition intérieure rarement atteinte sous la Veme République. Une fronde de députés socialiste (avec, parmi eux, d’anciens ministres de Hollande) et une figure historique du PS, Martine Aubry, ne cessent de dénoncer le virage social-libéral pris par la politique de l’actuel premier ministre. Auraient-ils tort ? Sûrement pas de là où ils parlent, c'est-à-dire d’une position ancrée dans la tradition socialiste, où l’on a toujours accordé plus d’intérêt à l’amélioration du sort des classes populaires qu’à celui des patrons. Où la fiscalité n’est pas synonyme de pression mais de redistribution. Si ce n’est pas la Gauche qui porte ces exigences-là, quelle autre formation politique le fera ? Mais Manuel Valls, tout à sa mission réformatrice, n’a cure de ces objections. Depuis longtemps il n’entend plus les soupirs exaspérés de tous ces Français qui ont porté son camp politique au pouvoir, en 2012. Et pourquoi l’ont-ils plébiscité ? Parce que, précisément, ils croyaient aux valeurs de la Gauche dénoncées aujourd’hui comme « passéistes » par celui-là même qui devrait en être le garant. Cette Gauche-là, c’est celle de Jaurès, de Blum, de Mendès-France, de Mitterrand. C’est celle qui a permis les réformes dont le plus grand nombre profite encore aujourd’hui (les congés payés, l’abaissement du temps hebdomadaire de travail, le RMI). Des réformes véritablement de gauche, aux antipodes de celles que préconise l’actuel chef du gouvernement. Pense-t’il sincèrement favoriser l’émancipation de l’individu en le soumettant à la flexibilité patronale ? En donnant aux patrons une visibilité et des prérogatives qu’ils n’ont  même pas eus sous les trois derniers gouvernements de droite ? Croit-il que la transition énergétique soit une mesure spécifiquement de gauche, quand tous les dirigeants politiques du moment sont sommés de s’en préoccuper urgemment ? Il est possible qu’un gouvernement de gauche ne soit pas, à l’heure actuelle, le plus adapté pour mener une politique de sortie de crise. Mais ce n’est pas pour autant qu’un tel gouvernement doive copier les solutions proposées par la Droite, car il n’a pas été élu pour ça. Il y a des valeurs qui constituent l’identité profonde d’un parti et qu’on ne peut pas rayer en quelques coups de plume au nom du pragmatisme, voire du progressisme. C’est une question de fidélité, pas une crispation idéologique. Quoique venu de la Gauche, Manuel Valls – avec le soutien bienveillant de François Hollande – ne cesse de trahir ces valeurs-là. Le temps n’est pas loin où ils en paieront le prix. Car mieux vaut encore une Gauche passéiste qu’une Gauche dévoyée.

 

                              Bruno DA CAPO

13/06/2014

Bruissements (37)

 

 

Réformes : c’est entendu : la prison et les conditions d’incarcération doivent changer. A Marseille, nous sommes bien placés pour le souhaiter avec les Baumettes  - qui cumulent surpopulation et vétusté indigne des cellules. La réforme pénale entreprise par Christiane Taubira va dans ce sens. Elle devrait à terme désengorger les maisons d’arrêt en plaçant sous contrôle judiciaire des détenus dont la peine n’excède pas cinq ans. Elle pourrait aussi leur éviter les « sorties sèches » (sans débouché social) et lutter contre l’embrigadement insidieux au djihadisme, autre épiphénomène de l’emprisonnement. Reste à savoir qui peut y prétendre dans la population carcérale. Car il n’y a pas que des petits dealers mais aussi des auteurs de violences physiques graves dans cette catégorie. Et quid du droit des victimes dans ce souci affirmé d’humanisation des peines ? A cela il faut ajouter la suppression des peines planchers créées en 2007, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Bref, cette réforme, à maints égards nécessaire, caresse l’opinion publique à rebrousse-poil, elle qui s’inquiète - non sans raison - de la montée de la délinquance et qui voudrait plus de sévérité pour les récidivistes. Ce qui pourrait bien se traduire par une nouvelle sanction dans les urnes, lors de prochaines élections.

 

Paribas : amende record de 10 milliards de dollars infligée par la justice américaine à notre BNP Paribas pour n’avoir pas respecté l’embargo américain imposé à Cuba, l’Iran et le Soudan. L’affaire a pris une tournure diplomatique depuis que François Hollande essaie de la revoir à la baisse avec Barack Obama. Le président américain pourra toujours s’abriter derrière l’indépendance de la justice vis-à-vis du politique dans son pays. Que révèle cette affaire qui menace l’équilibre de nos rapports économiques avec les USA ? La cupidité et l’irrespect des accords internationaux que manifestent, bien sûr, les banques – et Paribas est loin d’être un exemple isolé. Mais aussi, comme le montre la riposte américaine, qu’elles ne sont pas au dessus des lois, d’un côté ou l’autre de l’Atlantique. Autrement dit, un pouvoir déterminé peut les faire plier, notamment en les punissant par là où elles ont pêché…

 

Démission : il se drapait sans cesse dans la toge de la vertu, exigeant à tout bout de champ la démission des ministres socialistes qu’il accusait d’avoir failli. Mais Jean-François Copé, habile à voir la paille dans l’œil des autres, ne voyait pas la poutre qui était dans le sien. L’affaire Bygmalion a révélé de quoi il était capable et a fait voler en éclats une respectabilité politique déjà bien entamée avec sa douteuse élection à la tête de l’UMP, en novembre 2012. Mardi 27 mai, un conseil spécial des cadres de l’UMP l’a forcé à la démission au terme d’un réquisitoire qui rappelait les anciens procès. Dans l’attente de nouvelles élections interne, cet automne, le triumvirat Fillon-Raffarin-Juppé a pris la direction du parti. Je ne sais si ça ira mieux à l’UMP mais, en tous les cas, ça ne pourra pas aller plus mal. Copé ou l’antonomase de l’hypocrisie politicienne.  

 

Brésil : depuis le 12 juin, le monde entier a les yeux tournés vers le Brésil et la coupe du monde de football qu’il accueille pour un mois. Mais cet évènement, pourtant très populaire dans ce pays, suscite beaucoup moins l’enthousiasme des Brésiliens, cette année. S’ils aiment toujours le football, ils apprécieraient davantage  une hausse de leurs salaires et des conditions décentes d’accès à l’habitat. Depuis plusieurs semaines, ils le manifestent haut et fort, tandis que les grèves continuent de paralyser les moyens de transport à l’approche du coup d’envoi. Et il n’y a guère, à l’étranger, qu’un  Michel Platini, ex-champion pétrifié dans ses ambitions personnelles, pour s’en indigner et appeler les Brésiliens à une trêve. Néanmoins, cette prise de conscience est plutôt saine et encourageante dans ce grand pays en progression économique constante.

 

 

                    Erik PANIZZA