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09/09/2013

Insécurité

 

                               

 

 

 Deux meurtres, deux assassinats spectaculaires par balles – dont l’un visait le fils d’une personnalité marseillaise – ont relancé, jeudi dernier, les sempiternelles questions autour de la sécurité à Marseille. Marseille inquiète, Marseille fascine, Marseille dérange, Marseille fait vendre, aussi... Et si ces actes de violence extrême ne sont pas nouveaux – ni plus élevés que par le passé -, leur médiatisation tous azimuts se charge d’accroître le sentiment d’insécurité de la plupart des Marseillais. Que redoutent-ils, au juste ? D’être pris dans un règlement de comptes, en plein jour, sur une place ou à la terrasse d’un café, victimes innocentes d’une réalité qui n’est pas la leur. On mesure aisément la part de l’imagination dans cette peur, même si les truands ne font pas dans la dentelle. Il y a aussi, à l’œuvre, un sentiment d’exaspération : les gens ne comprennent pas que quelques centaines - sinon quelques dizaines –de voyous puissent entretenir ce malaise et salir l’image d’une ville en pleine rénovation. D’où leurs doléances envers les pouvoirs publics et leur attente de réponses concrètes et rapides. Ceux-ci ont d’ailleurs tout intérêt à les écouter et la réunion de crise des édiles marseillais, samedi à la Préfecture, en est une preuve certaine. On a parlé d’union sacrée, au dessus des habituels clivages partisans, au moins pour les trois prochains mois. Néanmoins, les amabilités échangées entre Patrick Mennucci et Jean-Noël Guérini ont montré que la division n’était pas qu’une affaire de couleur politique. Qu’adviendra-t’il des bonnes résolutions adoptées au cours de cette séance exceptionnelle ? Il se pourrait fort qu’elles se dissolvent assez rapidement, non sans avoir alimenté les programmes des nombreux candidats à la mairie de Marseille, l’an prochain. En attendant les prochains coups d’épée dans l’eau, on verra encore plus de policiers et de soldats dans les rues de Marseille (qui n’en manque déjà pas). De quoi rassurer les uns et aussi angoisser les autres, eux qui pensent qu’une grande ville européenne devrait  se montrer sous un jour plus accueillant aux nombreux touristes qui la visitent et l’enrichissent.  

Car le problème réside aussi dans l’écart, de plus en plus sensible, entre les ambitions des politiques pour cette ville et sa réalité populaire, misérable, souterraine et criminelle. Les premiers voudraient faire de Marseille une ville moderne et attractive – ce en quoi ils ont réussi, tout au moins dans le centre-ville - ; tandis que les enfants de l’ombre, ceux issus des quartiers excentrés et des cités trop longtemps oubliées, viennent périodiquement leur rappeler avec fracas qu’il existe, dans cette ville, un autre monde, une autre loi qui n’a cure de leurs rêves de grandeur. Une sorte de  retour du refoulé, en somme.

 

 

                    Jacques LUCCHESI