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08/12/2011

Désamour

 

                        

 

  Comme il est loin le temps où le Parti Communiste Français engrangeait quelques 25% de voix à chaque grand rendez-vous électoral ; où les ouvriers et autres prolétaires se reconnaissaient unanimement dans les deux grands partis de gauche – le PC et le PS – chargés de défendre leurs intérêts. Oui, les temps ont bien changé et, à l’approche de nos prochaines élections présidentielles, force est de constater que la gauche socialiste ne fait plus recette…auprès des ouvriers et des travailleurs précaires. Ceux-là lui tournent de plus en plus le dos au profit de la droite et même de l’extrême-droite. Trahison de classe ? Non, car la plupart de ces « transfuges » pensent que la gauche n’a plus rien à leur apporter, qu’elle privilégie les inactifs de tout crin et les immigrés contre les travailleurs eux-mêmes – son traditionnel socle électoral. Les idéaux de partage et de solidarité n’enthousiasment plus tous ceux qui continuent pourtant à travailler dur, souvent dans des conditions difficiles. Ils n’aspirent plus, à présent, qu’à vivre pour eux et profiter le plus possible des acquis de la vie moderne. Ils ne veulent plus payer pour les autres, pensent que l’Euro – projet initialement porté par les socialistes – a plombé leur pouvoir d’achat et ne rêvent que de retrouver le Franc. Pour compréhensible qu’il soit, le tableau de leurs griefs n’en est pas moins franchement réactionnaire. Le « monstre doux » cher à Raffaele Simone est aussi passé en France. Tout cela fait, évidemment, le lit du FN qui, avec Marine Le Pen à sa tête, est particulièrement attentif à la protestation ouvrière, sinon au malaise des classes moyennes. Tout cela fait aussi l’affaire de Sarkozy qui peut mesurer combien ses arguties divisionnistes ont trouvé, chez « la France qui se lève tôt »,  un terreau fertile. Dire que le Front National récuse, dans ses principes, l’héritage de 1789, qu’il n’a aucune politique économique sérieuse et un projet de société parfaitement anachronique ne servira sans doute à rien. Pas plus que de marteler que l’UMP et la politique libérale qui est la sienne depuis 4 ans ne voient, dans les travailleurs, qu’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci pour des patrons décomplexés. Car pour  nos «cols bleus », l’ennemi n’est plus le grand patronat mais les « profiteurs » ; pas ceux qui continuent de faire des bénéfices faramineux sur leur dos, mais les autres, ceux qui ne se lèvent plus de bon matin comme eux parce qu’ils ont renoncé, pour diverses raisons, à trouver un emploi digne de ce nom.

Dans ce climat de « droitisation » qui touche insidieusement l’Europe du Sud à présent, François Hollande risque d’avoir bien du mal à convaincre cette frange – importante - de l’électorat qu’un autre modèle de société, plus juste et plus équilibré, est possible. Une société où les travailleurs ne seraient pas les sempiternels perdants, pour préciser les choses.

 

                                       Bruno DA CAPO