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28/03/2014

Barbares au Capitole

 

La débandade socialiste, les bons diagnostiqueurs la prévoyait. Mais à ce point ! Il faut parler évidemment de double désaveu pour ce premier tour de scrutin : désaveu de l’équipe au pouvoir qui a beaucoup déçu, mais surtout désaveu de la caste au pouvoir, Gauche comme Droite se renvoyant la balle depuis des lustres. Le ping-pong est fini. Car en votant FN, certains Français ne sachant plus à quel saint s’en remettre, décident « d’essayer » Marine. Et voilà qu’une douzaine de mairies seront bientôt aux mains du Front ! Et pour faire quoi ? La même chose — en pire — que les vaincus. On me dira : voyez Marseille ! Ah, Gaudin connaît bien son fief ! Or celui-ci est talonné de près par un tenant du Front ! Oui, mais c’est Mennucci  qui est l’adversaire de Gaudin ! Ah bon ! Il y aura ainsi un nombre incalculable de triangulaires, ce qui supposera alliances en douce entre certains... Je n’ose imaginer les coups tordus ourdis, les vengeances communales, les Ides de Mars fébriles et intestines !... Qu’éprouver, si ce n’est un effroi sidérant au vu de ce que devient notre démocratie. Avec ces élections municipales, le Front fait une entrée virile et fracassante dans le paysage politique, estampillé bon teint par nos concitoyens. En écoutant Steeve Briois et en tendant l’oreille à la gouaille de Marine, je me disais que les Barbares étaient entrés au Capitole et qu’il faudra s’armer de beaucoup de patience pour extirper cette dérive nationaliste du cœur de notre beau pays.

 

                               Yves CARCHON

 

 

06/11/2013

vous avez dit « Arabe »

 


 Il y a des mots qu’il vaut mieux employer avec des pincettes en cette époque de « politiquement correct ». Des mots qui brûlent, des mots qui accusent, sitôt que l’on en fait un usage dévoyé. Parmi ceux-là, on trouve ceux  qui soulignent des particularités ethniques – ou anciennement raciales -, selon un spectre qui va de l’insulte ouverte  au simple rappel des origines familiales. Ainsi en va-t’il pour le mot « arabe ». Littéralement, il désigne les habitants de la péninsule arabique et, par extension, ceux du Maghreb. En cela il est tout aussi généraliste que l’ancien qualificatif de « maure », fréquent dans notre littérature, qui nommait les peuples ou les voyageurs en provenance du Levant. Qu’il soit employé comme adjectif ou comme substantif, le mot « arabe » recouvre aussi une pluralité de nationalités et de différences : car qui pourrait nier toutes celles qui existent entre  un Egyptien, un Algérien ou un Qatari ? Il suffit parfois d’un simple match de foot pour les remémorer au reste du monde étonné par tant de fureurs.

En faisant allusion aux origines de Samia Ghali, lors d’une réplique à Bruno Gilles dans l’hémicycle municipal, Patrick Mennucci ne pensait sans doute pas déclencher un pareil tollé de protestations. Raciste, lui ? Sûrement pas ! Mais l’occasion était trop bonne d’insinuer que ce n’était peut-être pas le cas de son adversaire UMP. Par quel vent contraire  le boomerang de l’ironie lui est-il revenu dessus ? C’est lui qui se retrouve hué et incriminé par les élus de droite (toujours prompts à s’engouffrer dans les failles socialistes). Il a beau s’excuser, justifier son écart de langage par la fatigue accumulée au cours des dernières semaines, rien n’y fait et Eugène Caselli, président de Marseille Provence Métropole, doit suspendre la séance.

Que comprendre à cet échauffement des esprits à partir d’une malheureuse boutade ? Tout d’abord que le statut de leader politique, à l’échelon local ou national, est une situation à hauts risques. Ceux et celles qui y accèdent sont plus que jamais exposés à la critique et doivent apprendre à contrôler la moindre de leurs paroles s’ils ne veulent pas être mis en charpies. La désinvolture verbale de Patrick Mennucci est un exemple de ce qu’il vaut mieux éviter. Du reste, est-ce que son usage du mot » arabe » était, dans ce contexte,  d’une neutralité absolue ? N’était-il pas mâtiné  par ce sentiment de supériorité qui tient, d’une part à sa récente victoire sur Samia Ghali aux primaires socialistes pour les prochaines municipales, de l’autre à ses antécédents familiaux ? A Marseille, l’immigration italienne – d’où est issu, comme tant d’autres, Mennucci – a précédé l’immigration maghrébine. Sous l’angle républicain et politique, ses rejetons peinent à trouver leurs marques et force est de constater qu’une sénatrice comme Samia Ghali est encore un cas isolé, même dans la famille socialiste. D’où des tensions et des griefs mal contenus entre le premier et la seconde. Alors coupable de racisme, le candidat Mennucci ? Non. Mais d’un certain sens de la préséance, oui.

                      Jacques LUCCHESI