Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/06/2012

Sacrés Anglais !

 

                                 

 

 

 

  Curieux peuple que les Anglais qui maintiennent encore un pouvoir monarchique, même protocolaire, à la tête de l’état quand, sur le continent, on s’affaire à la construction d’un fédéralisme européen. Curieux peuple qui s’enthousiasme pour un mariage princier ou le jubilé d’une reine octogénaire alors que tant des siens crient misère, asphyxiés par des salaires toujours plus bas et des prix toujours plus hauts. Peuple pourtant si proche des Français au point d’avoir longtemps revendiqué par les armes le royaume de France. Peuple qui a fait sa révolution et décapité un roi (Charles 1er) 140 ans avant nous. Qui a su accueillir Voltaire et Karl Marx, offrant à celui-ci le spectacle affligeant d’une industrialisation forcenée et les bases de sa théorie révolutionnaire. La royauté jubilatoire serait-elle devenue l’opium du peuple britannique à l’orée de ce XXIeme siècle ? Tout porte à le penser quand un flot d’images télévisées nous montraient, ce week-end, tant de jeunes visages en liesse dans Londres et ses abords. Des jeunes maquillés comme des supporters de football, qui guettaient des heures durant sous la pluie le passage du cortège royal, prêts à tout pour un sourire ou un signe de la main de leur royale mummie. Devant un tel degré de bêtise et d’attachement à une tradition vermoulue, on avait envie de leur crier : « Indignez-vous ! Révoltez-vous contre une telle mascarade. Cessez d’engraisser cette poignée de parasites décadents qui ne se sont donné que la peine de naître. Vendez leurs biens et redistribuez-les à des causes sociales autrement plus représentatives de l’Angleterre d’aujourd’hui. ».  Du reste, nous pouvions, nous autres Français, éteindre nos téléviseurs et aller profiter du soleil, généreux sur notre territoire. Car enfin – n’en déplaise à ces dealers de poudre aux yeux que sont Stéphane Bern et Marie Drucker -, en quoi ce non-évènement historique que constituent les soixante années de dolce vita d’Elisabeth II  pouvait-il intéresser d’une quelconque manière les républicains que nous sommes? N’avons-nous pas assez à faire et à penser avec la préparation de nos élections législatives, la relance de la croissance européenne et la recherche d’une solution qui mettrait un terme aux abominations du gouvernement Assad en Syrie ? A moins que cette « anglomania » de quelques jours ne visât qu’à nous détourner un peu des vrais problèmes du monde actuel ? A reporter sur nous un peu de cet « opium » médiatique qui semble si bien marcher pour les Anglais ?

 

 

                              Erik PANIZZA