Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/06/2010

Adieu Zarafa

Conçue par Jean-Michel Rubio et Art Book Collectif, Zarafa, girafe métallique de six mètres de haut, a surgi sur les Allées du Meilhan – en haut de la Canebière – à l’occasion, voici un an, de la première édition des Bouquinades. Assez rapidement, elle est devenue une borne de livre-échange où les Marseillais pouvaient venir déposer ou prendre librement un vieux livre. Elle s’est ainsi retrouvée vêtue par un pelage multicolore de quelques trois mille bouquins. Cette sculpture originale, emblématique du renouveau culturel de Marseille, était devenue familière dans notre paysage urbain et constituait, pour tous ceux qui découvraient la vieille cité phocéenne, une curiosité supplémentaire et, pour tout dire, incontournable.

Hélas, elle n’est plus depuis près d’un mois, maintenant, victime de la bêtise – sinon de la barbarie – qui s’empare périodiquement d’une partie des habitants de cette ville. Il faut dire que l’occasion était presque une excuse. Le dimanche 16 mai, pour fêter la victoire de l’OM en championnat de France, environ soixante mille supporters remontèrent bruyamment la Canebière. Evidemment, le service d’ordre était à la mesure de l’évènement et, de provocation en provocation, des échauffourées éclatèrent. C’est alors que quelques jeunes imbéciles eurent l’idée abjecte de mettre le feu à la pauvre Zarafa et son costume de livres. En quelques minutes, les flammes dévorèrent le fragile symbole qu’elle représentait pour tous ceux qui pensent que Marseille est bien davantage que les initiales d’un club de football. Depuis, des politiques ont réagi, promettant la renaissance de Zarafa, tel le Phénix de ses cendres. En attendant, on peut lire les nombreux messages de tristesse et d’indignation collés sur les barrières qui entourent l’immense squelette calciné.

Non, Marseille ne sort pas grandie de ce troublant autodafé. Elle révèle surtout sa dualité et le télescopage de deux logiques antagonistes en son sein : celle du foot et celle de la culture. Harmoniser les deux d’ici 2013 relève de la gageure.

James GREYSTOKE

10:50 Publié dans numero 5 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : girafe, livres, om, autodafé